Le grand comédien et metteur en scène que fut Patrice Chéreau, disparu en 2013, a dirigé Les Amandiers, le centre dramatique national de Nanterre, de 1982 à 1990, et le film de Valéria Bruni-Tedeschi raconte ces années de création, de liberté, d’effervescence artistique, qui ont fait alors des Amandiers le coeur du théâtre européen, avec parmi les apprentis acteurs de l’époque, Valéria Bruni-Tedeschi elle-même bien sûr, mais aussi Agnès Jaoui, Vincent Perez, Thibault de Montalembert ou Laurent Grévill.

Déclaration d’amour à la fois au théâtre, mais aussi à la jeunesse, à son insouciance et sa fureur de vivre, avec une bande de jeunes acteurs tous formidables, sans oublier Louis Garrel et Micha Lescot, en irrésistible duo, Patrice Chéreau-Pierre Romans. Un Chéreau d’ailleurs pas forcément présenté sous un jour très favorable, charismatique et brillant certes, mais souvent plus tyrannique que pédagogue.

Plus que jamais d’Emily Atef

C’est la dernière apparition de Gaspard Ulliel à l’écran, un film où, ironie du sort, la mort rode autour des personnages. Un couple uni, très amoureux, mis à rude épreuve par la maladie incurable d’Hélène – bouleversante Vicky Krieps – que Matthieu, Gaspard Ulliel, tente follement de garder battante. Mais le choix d’Hélène est de partir seule en Norvège, dans les grands espaces, où elle espère trouver l’apaisement du renoncement.

Évidemment on pense, avec beaucoup d’émotion, que c’est ce personnage qui va vers la mort, alors que c’est bien Gaspard Ulliel qui est parti si brutalement, si jeune, dans un accident de ski, l’hiver dernier. Au delà de l’émotion que suscite la présence de Gaspard Ulliel à l’écran, Plus que jamais est un film délicat sur un sujet tabou en Occident : la fin de vie, qui concerne aussi des gens jeunes, dès lors qu’ils sont atteints d’une maladie incurable, peut-on garder son libre arbitre dans de pareilles circonstances ?

Quand on voit comment est retardé une fois de plus le débat sur ces questions en France, la frilosité des politiques, le poids des religions, ce film a au moins le mérite de permettre d’en parler, tout simplement.

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