C’est un grand oui pour les actionnaires de M6. Ils ont largement approuvé ce mardi le projet de fusion du groupe de télévision et de radio avec son concurrent TF1 qui, s’il est autorisé, conduirait à la création d’un géant français dans la production audiovisuelle et la publicité. A plus de 99 % des voix, ils ont validé la modification des statuts ouvrant la voie à ce rapprochement, annoncé en mai 2021 et qui doit être finalisé début 2023 après avoir reçu l’accord de l’Arcom (ex-CSA) et de l’Autorité de la concurrence.

« Certains opposants à l’opération disent qu’on est trop gros par rapport au marché français, d’autres qu’on est trop petit par rapport aux acteurs internationaux. Nous allons trouver un juste milieu », a déclaré Nicolas de Tavernost, qui présidait ce qui devrait être la dernière assemblée générale du groupe qu’il dirige depuis plus de 20 ans et dont il avait piloté la création.

Un géant français sur le marché des droits audiovisuels

Un regroupement de TF1, propriété de Bouygues, et de M6 (mis en vente par l’Allemand Bertelsmann, actionnaire de RTL Group), donnerait naissance à un géant français sur le marché des droits audiovisuels, de la distribution de chaînes et de la publicité télévisuelle, avec environ 75 % du chiffre d’affaires français de ce dernier secteur.

Avant cela, diverses obligations réglementaires – notamment actionnariales – devront être respectées. En raison de celles-ci, les activités liées à l’autorisation d’émettre de M6 seront maintenues dans une entité juridique cotée en Bourse, « M6 Edition », puis, pour chaque action du groupe actuel, les actionnaires recevront 2,1 actions du nouveau groupe, ainsi qu’un dividende exceptionnel de 1,5 euro. « Il n’y aura pas de taxation (fiscale) de l’action reçue qui ne sera pas considérée comme un dividende mais comme une scission du titre M6 », ont assuré ce mardi les dirigeants de la chaîne.

En agissant ainsi, ils prennent garde à ne pas suivre la voie empruntée par le géant des médias Vivendi quand il avait détaché sa pépite Universal Music : des actionnaires s’étaient plaints d’avoir été imposés.

La question des synergies en jeu

Les actionnaires de M6 ont aussi porté à 75 ans la limite d’âge des membres du directoire, permettant à Nicolas de Tavernost « de poursuivre sa mission, tant pour conduire le groupe pendant la période d’autorisation de l’opération par les pouvoirs publics, qu’après la fusion en tant que premier président opérationnel du nouveau groupe. » Le dirigeant de 71 ans, resté aux manettes du groupe après avoir obtenu par deux fois un report de l’âge limite, a toutefois obtenu le déblocage de son indemnité de départ de 3,5 millions d’euros, portant le montant total de sa rémunération 2021 à 5,5 millions d’euros.

Reste la question des « synergies » entre M6 et TF1, estimées entre 250 et 350 millions d’euros, selon les « remèdes » que l’Autorité de la concurrence imposera pour limiter la position dominante du nouvel ensemble. « L’une des raisons de cette opération, c’est que les synergies pourront être en partie réinvesties dans une politique ambitieuse du streaming, qui est consommateur » d’investissements, a dit Nicolas de Tavernost.

Le directeur général du groupe RTL, le pôle radio racheté par M6 en 2017, Régis Ravanas, s’est voulu plus précis, citant par exemple « une synergie de régies publicitaires ». Régis Ravanas compte également « promouvoir les antennes de RTL sur les médias du groupe TF1 », récupérer des animateurs de la première chaîne et pourquoi pas diffuser certaines émissions de radio, comme la matinale de Fun Radio, sur les chaînes du groupe TF1.

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