Le 19 novembre 2022, jour symbolique de la marche féministe contre les violences faites aux femmes organisée par le collectif Noustoutes, Léo Grasset publiait une longue vidéo YouTube dans laquelle il étalait sa défense contre les accusations de violences sexuelles et psychologiques l’accablant, dévoilées dans une enquête Mediapart le 23 juin 2022.
Le vidéaste connu sous le nom de DirtyBiology, qui nie tous les faits de violences sexuelles, est désormais visé par une plainte et un enquête préliminaire pour « viol »ouverte mardi 29 novembre. Léo Grasset faisait déjà l’objet d’une enquête pour « harcèlement sexuel » depuis juillet 2022, mis en cause par la youtubeuse Clothilde Chamussy qui tient la chaîne Passé sauvage. Cette procédure est toujours en cours a précisé le parquet de Lyon.
Léa, 22 ans, décrit un viol alors qu’elle était alcoolisée
Selon le média d’investigation, Léa, étudiante en journalisme de 22 ans, évoque des faits de qui se seraient déroulés dans la nuit du 1er au 2 novembre 2021. Un an plus tard, et quelques jours seulement après la réponse en vidéo de l’accusé, la jeune femme aurait envoyé un courrier à la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, le 24 novembre 2022. Elle aurait ainsi émis le souhait de déposer plainte pour « viol ».
Léa raconte ainsi avoir rencontré Léo Grasset en été 2021, à l’occasion du festival de journalisme de Couthures (Lot-et-Garonne). Ils échangent par messages quelques temps et la jeune femme dit s’être laissée « un peu séduire par ses messages, sa notoriété ». Avec celui qu’elle qualifie de « beau gosse », elle reprend contact début octobre 2021, à l’occasion de l’anniversaire du youtubeur. Celui-ci lui aurait répondu en blaguant sur le fait d’être déçu que son message ne s’accompagne pas d’une photo intime d’elle.
Les deux jeunes gens se voient lors d’une soirée alcoolisée à Paris le mois d’après. Durant celle-ci, explique la plaignante, Léo Grasset aurait fait des « blagues » tournées sur le sexe, à force desquelles Léa l’aurait trouvé parfois « trop cru » dans ses propos.
Au moment de rentrer, elle explique avoir exprimé le souhait de rentrer chez elle, mais que le youtubeur aurait commandé un taxi en donnant l’adresse de son hôtel. La jeune femme estime qu’elle était alors « trop alcoolisée pour protester ». Dans le véhicule, durant le trajet, l’homme l’aurait alors embrassée. Elle confie aux enquêteurs avoir des souvenirs flous à cause de son état d’ébriété : « Je le laisse faire, je suis complètement absente. »
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Réveillée en pleine nuit par Léo Grasset
Une fois dans la chambre d’hôtel, qu’elle ne se souvient pas d’avoir rejoint, avoue-t-elle, elle se serait réveillée « en sentant des doigts dans [son] sexe au milieu de la nuit ». Elle se dit alors « tétanisée », mais Léo Grasset lui aurait conseillé de se « détendre » avant de la pénétrer.
À ce moment, explique-t-elle, elle n’est pas maîtresse de ses moyens et dit avoir demandé au youtubeur de mettre un préservatif, dans un rare « moment de lucidité ». Le trentenaire lui aurait répondu de ne pas s’inquiéter mais n’aurait pas utilisé de protection pour autant.
« Les faits dénoncés rappellent que l’absence de consentement, ce n’est pas forcément des coups et des hurlements. C’est aussi la surprise ou l’autorité, a estimé son avocate Pauline Rongier auprès de Mediapart. Sa cliente explique s’être sentie très mal au lendemain de cette nuit, puis les jours suivants, ses amis remarquant son état de confusion. Prise de « crises d’angoisses », elle dit avoir été poussée par son compagnon et des proches à en parler.
Depuis la publication de leur enquête édifiante, les journalistes de Mediapart auraient été contactées par d’autres femmes qui dénoncent les agissements de Léo Grasset. Le journal précise que, contrairement à la majorité de celles qui avaient raconté leur récit dans leur première enquête édifiante, aucune n’évolue dans le milieu de la plateforme de vidéos en ligne. Celles-ci évoquent des « problème de respect de leur consentement ou encore « l’emprise » qu’aurait exercé le youtubeur sur elles.
Le 23 juin 2022, jour de la publication de l’enquête Mediapart, Léa a dit son soulagement à la lecture de celle-ci, dans un message envoyé à un ami journaliste, Thomas Huchon. Elle lui explique ne plus se sentir « seule » dans cette affaire.
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Plusieurs témoins entendues par les enquêteurs
Dans le premier article publié par le média en ligne, huit femmes avec qui il aurait entretenu des relations, principalement virtuelles, accusaient Léo Grasset de comportements toxiques, sexistes, ou encore de manipulations. L’une d’elles avait dénoncé une scène de viol qui aurait eu lieu un soir de juillet 2016.
Les investigations ont été confiées à la troisième division de la Police Judiciaire de Paris et plusieurs des femmes ayant témoigné dans Mediapart au printemps ont été auditionnées par les forces de l’ordre apprend le journal d’investigation. Parmi elles, Manon Bril, de la chaîne C’est une autre histoire , a été entendue au cours de l’été pendant, et Marine Périn, alias Marinette sur ses chaînes YouTube et Twitch, qui a témoigné par écrit.
Léo Grasset, qui avait contesté l’enquête de Mediapart à son sujet, n’a pas souhaité répondre aux questions du journal d’investigation qui a contacté ses avocats Fares Aidel et Camille Loyer. Encore une fois, le youtubeur « conteste fermement les accusations ».
En décembre 2021 et juin 2022, il aurait tenté de prendre des nouvelles de Léa, qui l’accuse. Mais celle-ci n’aurait pas répondu à ses messages.
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