Cette nuit, le Sénat a adopté la proposition de loi du député Aurélien Pradié sur les féminicides. Le vote s’est déroulé sans les élus de gauche qui ont décidé de quitter l’hémicycle en signe de protestation face au rejet systématique de leurs amendements.
Le projet de loi sur les féminicides a été adopté dans la nuit de mercredi à jeudi au Sénat. Ce dernier, qui prévoit notamment la mise en place d’un bracelet anti-rapprochement, des ordonnances de protection plus efficaces, de faciliter le relogement des victimes de violences conjugales… avait été voté à l’unanimité par l’Assemblée nationale, en première lecture, avec le soutien du gouvernement.
Pourtant, cette nuit, les sénateurs des groupes PS et CRCE ont décidé de quitter l’hémicycle pour protester contre les nombreux recours au scrutin public qui ont permis à la majorité sénatoriale de droite de rejeter systématiquement leurs amendements selon eux.
« la peur, la honte et la culpabilité doivent définitivement changer de camp«
« Ce sont les absents qui rejettent les amendements« , « on n’est pas là pour faire le décor« , a ainsi expliqué Laurence Rossignol (PS) à l’AFP, dénonçant les « petites cuisines » entre Les Républicains et le gouvernement. Des propos corroborés par Marie-Pierre de la Gontrie (PS), « On a fait beaucoup de propositions […] Nous sommes dans un désarroi total« , a confié l’élu, avant d’ajouter, « Vous assumerez la responsabilité de ce travail parlementaire bâclé, qui avait pourtant si bien commencé à l’Assemblée« .
Les élus de gauche avaient interpellé la ministre de la Justice Nicole Belloubet lors de la discussion générale quant au calendrier de l’examen de ce texte, qui aurait dû d’après eux coïncider avec la fin du Grenelle sur les violences conjugales, prévu pour le 25 novembre. Ce à quoi la garde des Sceaux avait rétorqué que la proposition de loi devait être adoptée « dans les meilleurs délais« , et ce, même si les conclusions du Grenelle pouvaient amener à la création d’ »un autre texte législatif« , rappelant sa volonté à « lutter contre ces actes qui, en meurtrissant chaque jour des femmes, heurtent la société tout entière« .
« Trop longtemps la société a nié la réalité des violences au sein de la famille« , a déclaré le président du groupe Indépendants Claude Malhuret, pour qui « la peur, la honte et la culpabilité doivent définitivement changer de camp« . La rapporteure Marie Mercier (LR) s’est quant-à-elle réjouie de cette proposition de loi qui « apporte des réponses concrètes » aux femmes victimes de violences conjugales.
129ème féminicide ont été recensés depuis le début de l’année par le collectif Féminicides par compagnon ou ex. En 2018, 121 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-compagnon, soit une tous les trois jours, selon le ministère de l’Intérieur.
Sur RMC, une journaliste en larmes en annonçant un reportage sur un féminicide
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