• Rosa Bonheur est née en 1822 dans le quartier Saint-Seurin à Bordeaux, avant de faire carrière à Paris et de s’installer au château de By en Seine-et-Marne.
  • Connue comme peintre animalière, l’exposition du musée des Beaux-Arts de Bordeaux nous montre une artiste plus complexe qu’il n’y paraît.
  • Forte personnalité, féministe sans être militante, elle a aussi défendu la cause de minorités, comme celle des Indiens d’Amérique.

Le musée des Beaux-Arts de Bordeaux consacre une grande exposition à la peintre Rosa Bonheur, à l’occasion de son bicentenaire. Née à Bordeaux, dans le quartier Saint-Seurin, le 16 mars 1822, décédée en 1899, chantre de la peinture figurative du XIXe siècle, Rosa Bonheur est essentiellement connue pour ses représentations « photographiques » d’animaux.

Exposition Rosa Bonheur au musée des Beaux-Arts de Bordeaux

On aurait pourtant tort de la cantonner au registre de la peintre animalière. L’exposition du musée des Beaux-Arts, organisée avec le musée d’Orsay, et qui réunit des œuvres éparpillées dans le monde entier, nous montre une artiste beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît.

Résolument moderne, « elle nous apprend à mieux regarder le monde à travers des questions comme le féminisme, la cause animale qu’elle a défendu puisqu’elle a été une des premières membres de la SPA, et les minorités, car elle était très préoccupée par le sort des Indiens d’Amérique » explique Sophie Barthélémy, directrice et conservatrice en chef du musée des Beaux-arts.

Inséparable avec son amour Nathalie Micas

Techniquement, « on sent dans ses œuvres les influences des maîtres hollandais, celles des ouvrages de sciences naturelles également » mais elle peut apporter aussi « des touches romantiques et convoque l’Antiquité », décrypte Sandra Buratti-Hasan, directrice-adjointe du musée des Beaux-Arts, et conservatrice des collections XIX-XXe siècles.

Exposition sur Rosa Bonheur au musée des Beaux-Arts de Bordeaux, à l'occasion du bicentenaire de la peintre

Rosa Bonheur est également une personnalité. « Elle était anticonformiste, mais pas anticonventionnelle, précise Sophie Barthélémy, par exemple elle ne boudait pas les honneurs ni les récompenses. » Chérissant sa liberté et son indépendance, elle préfère qu’on la laisse en paix lorsque commence à poindre la célébrité alors qu’elle s’est installée à Paris. Le marché aux chevaux, réalisé en 1853, est certainement l’œuvre à partir de laquelle « elle devient une artiste incontournable » souligne Sandra Buratti-Hasan.

Les portraits de Nathalie Micas et Rosa Bonheur

Elle achète alors un lieu pour se tenir à l’écart, le château de By à Thomery en Seine-et-Marne. En lisière de forêt de Fontainebleau, et proche des animaux qu’elle admire tant. Ce qui ne signifie pas qu’elle s’exile loin de tout et de tout le monde pour autant. « Elle y vit en très bonne compagnie, notamment avec son amour Nathalie Micas, qu’elle a rencontrée adolescente à Paris et qui l’accompagne jusqu’à la mort de cette dernière en 1889, souligne la directrice-adjointe. Elles étaient inséparables. »

Féministe mais pas militante

Rosa Bonheur connaîtra ensuite un autre amour, avec Anna Klumpke. « Elles ont correspondu ensemble pendant dix ans et elle a vécu avec elle la dernière année de sa vie, explique encore Sandra Buratti-Hasan. C’était une peintre américaine, qui a réalisé plusieurs portraits de Rosa Bonheur, dont un a été donné au Metropolitan Museum de New-York. Rosa Bonheur l’a accueillie chez elle, et ne l’a plus laissée repartir. »

Rosa Bonheur idéalise chez cette artiste l’émancipation des femmes américaines, qu’elle estime plus avancée que sur le Vieux Continent. « Il y a une volonté chez Rosa Bonheur de mettre en avant l’émancipation des femmes, c’est son féminisme à elle, même si elle n’était pas militante » détaille Sophie Barthélémy.

L’étonnante rencontre avec Buffalo Bill

L’artiste bordelaise fera une autre rencontre étonnante à la fin de sa vie, celle de Buffalo Bill, icône du cow-boy et célèbre personnage du far-west… « Rosa Bonheur était fascinée par les bisons, un animal qu’elle ne peut pas voir en France évidemment, jusqu’à ce que Buffalo Bill débarque à Paris en 1889, pour présenter son Wild West Show à l’occasion de l’exposition universelle, raconte Sandra Buratti-Hasan. Elle se laisse convaincre d’aller voir ce spectacle et rencontre Buffalo Bill qui la fascine. Elle réalise son portrait, et surtout elle rencontre à cette occasion des Amérindiens de différentes ethnies, elle a beaucoup d’empathie et d’admiration pour ces hommes, allant jusqu’à déclarer avoir « une passion véritable pour cette race infortunée », et déplorant « qu’elle soit amenée à disparaître devant les Blancs usurpateurs ». »

Rosa Bonheur s'est passionnée pour les Indiens d'Amérique

Et même si elle ne s’est jamais rendue aux Etats-Unis, « un de ses grands regrets », Rosa Bonheur a pourtant réussi à capter dans ses tableaux la fougue des chevaux américains et l’immensité des espaces. D’une façon presque cinématographique avant l’heure.

Exposition à la Galerie du musée des Beaux-Arts, et au musée des Beaux-Arts, tous les jours de 11 h à 18 h sauf mardis et certains jours fériés, jusqu’au 18 septembre.

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