Cette jolie plante médicinale aux fleurs jaunes nous aide à voir la vie en rose. Encore faut-il bien l’utiliser !

Surnommé « herbe de la Saint- Jean », « chasse-diable » ou encore « herbe aux fées », le millepertuis – mille trous en ancien français, en référence à ses feuilles – a longtemps été réputé pour repousser les mauvais esprits. Loin de ces « pouvoirs magiques », Hypericum perforatum est aujourd’hui employé pour ses bénéfices sur les troubles anxio-dépressifs, preuves scientifiques à l’appui. Ainsi, la plante, plus exactement ses sommités fleuries, a fait l’objet de nombreuses études (plus d’une trentaine), l’élevant au rang de véritable alternative naturelle aux anti-dépresseurs de synthèse. A tel point que l’OMS (Organisation mondiale de la santé) reconnaît comme « cliniquement établi » son usage par voie orale dans les dépressions légères à modérées.

Il traite le blues sous toutes ses formes

« Le millepertuis couvre l’ensemble des symptômes liés à une dépression : tristesse, idées noires, manque d’intérêt, difficulté à se concentrer, troubles du sommeil, agressivité, anxiété », résume Eric Lorrain, médecin phytothérapeute, président de l’IESV (Institut européen des substances végétales) et auteur du livre la Phyto, ma médecine au naturel (Dunod).

Si on le recommande en priorité pour traiter les manifestations légères à modérées de dépression, son action sur les états dépressifs sévères est plus controversée, en raison d’essais cliniques contradictoires. Le spectre des troubles de l’humeur visés est large et englobe également les dépressions saisonnières, la plante pouvant alors être prescrite en prévention, les dépressions réactionnelles, déclenchées par un événement spécifique, celles liées à des douleurs chroniques, le syndrome pré- menstruel (déprime, irritabilité), le blues de la ménopause…

Il « répare » le tissu cérébral

A l’instar des antidépresseurs classiques, le millepertuis est un inhibiteur de la recapture de la sérotonine. Appelé « hormone du bonheur », ce neurotransmetteur et neuromodulateur agit sur le système nerveux central en régulant l’humeur. Le millepertuis « va augmenter la quantité de sérotonine dans le cerveau et lui permettre d’agir plus longtemps », développe le Dr Lorrain. Principe actif phare de la plante : l’hyperforine, à laquelle s’ajoutent d’autres composants comme les hypericines et les flavonoïdes. Ce qui lui confère un rôle neuroprotecteur que n’a pas un antidépresseur chimique. « Elle possède une propriété anti-inflammatoire et trophique, c’est-à- dire qu’elle favorise la réparation du tissu nerveux susceptible d’être altéré par des épisodes dépressifs successifs », explique le Dr Lorrain.

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Egalement, le millepertuis agirait, plus lentement, sur la dopamine, un autre neuromédiateur impliqué dans la motivation. Enfin, en favorisant la sécrétion de mélatonine, il aide à se détendre et à retrouver une meilleure qualité de sommeil.

Il ne fait pas bon ménage avec tous les médicaments

Côté effets secondaires, la naturalité a du bon puisqu’ils sont rares, inférieurs à 2 %, et mineurs. Il s’agit principalement de troubles digestifs de type nausées, bouche sèche ou encore selles molles, diminuant généralement lors de la poursuite du traitement. Excellente tolérance, efficacité avérée, sans compter un délai d’action moins long que les médicaments antidépresseurs classiques – deux semaines, contre au moins trois semaines –, le millepertuis présente cependant quelques ombres à ce tableau thérapeutique idyllique.

A commencer par les interactions avec de nombreux médicaments, comme la pilule, les anticoagulants, les antiépileptiques, les médicaments des troubles cardiaques ou encore les antirétroviraux. « Il accélère la dégradation de ces traitements et diminue leur effet thérapeutique », explique Françoise Couic-Marinier, docteure en pharmacie et coauteure d’Aromathérapsy (Terre vivante). Le millepertuis est également déconseillé aux femmes enceintes. « Par ailleurs, une surveillance hépatique, ou bilan hépatique, est requise, car la plante accélère l’action de certaines enzymes du foie », informe la pharmacienne.

Il est délivré sans ordonnance, mais…

L’erreur serait d’interrompre le traitement dès que l’on se sent mieux : « Les effets bénéfiques sur l’humeur se révèlent dans la durée », précise le Dr Lorrain. Et cette durée dépend du type de problème. Quand une déprime passagère nécessitera une prise en charge de deux à trois mois, une dépression installée avec un syndrome d’épuisement et des troubles anxieux pourra conduire à un suivi au long cours, entre six mois et un an, voire plus. « Attention également à ne pas arrêter le traitement du jour au lendemain et à réduire progressivement la posologie », souligne Françoise Couic-Marinier. L’objectif est d’éviter un effet rebond des troubles dépressifs.

En France, contrairement à l’Allemagne, il n’y a pas besoin d’ordonnance pour se procurer du millepertuis, même si certains produits ont le statut de médicament (Prosoft, Mildac, Millepertuis Pileje, Arkogélules Millepertuis…). On trouve cet antidépresseur naturel sous forme de teintures mères, de comprimés ou de gélules (extraits secs), d’extraits de plantes fraîches standardisés ou EPS (solutions liquides, sans sucre ni alcool), de tisanes (fleurs séchées). Selon Eric Lorrain, l’EPS (en pharmacie) est à préférer en raison de sa concentration garantie en principes actifs. Concernant la posologie, « on l’ajuste en fonction de l’intensité de la dépression », indique le phytothérapeute.

D’autres plantes peuvent être associées pour une action psychique élargie, comme la valériane ou la passiflore, qui agissent sur l’anxiété, et la rhodiole, connue pour augmenter la résistance aux stress. « Reste que le millepertuis est une plante particulièrement technique qui nécessite des précautions d’usage », résume le Dr Lorrain, qui déconseille l’automédication et recommande de prendre rendez-vous chez un médecin phytothérapeute (ou un généraliste ouvert à la phytothérapie), qui assurera un suivi médical adapté.

SOS peaux irritées

L’huile (rouge) de millepertuis, issue de la macération des fleurs dans une huile végétale, est, quant à elle, utilisée par voie cutanée pour ses propriétés anti-inflammatoires, cicatrisantes et antalgiques. « Elle s’applique principalement sur les peaux irritées, gercées et brûlées. Ainsi, elle apaise les coups de soleil. Elle peut être aussi employée, en raison de son action décongestionnante, sur des jambes lourdes, des pieds gonflés ou au niveau de la cellulite », résume Cécile Adant, pharmacienne et aromatologue chez Pranarôm. Accessoirement, elle soulage les articulations douloureuses. Seule précaution, et non des moindres : ne pas s’exposer au soleil durant son utilisation en raison de son pouvoir photosensibilisant.

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