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- Aujourd’hui, « Le magasin des jouets cassés » de Julien Rampin, paru le 12 avril 2022 aux Éditions Charleston.
Marceline Bodier, bookstagrameuse et contributrice du groupe de lecture 20 Minutes Livres, vous recommande Le magasin des jouets cassés de Julien Rampin, paru le 12 avril 2022 aux Éditions Charleston.
Sa citation préférée :
La vie est un poème. Un poème noir, dramatique, incompréhensible écrit par un fou. Un poème que l’on voudrait déchirer et ne jamais avoir lu.
Pourquoi ce livre ?
- Parce que c’est l’histoire de plusieurs générations : celles qui sont nées dans les décennies 1950, 1980 et 2010. C’est aussi l’histoire de plusieurs crises de la trentaine : en 1989, en 2019 et enfin en 2049, lorsque Léon est devenu un écrivain dont la sensibilité s’est forgée au contact des blessures des générations qui l’ont précédé. Et c’est l’histoire de ce que le temps suspend en nous, parce qu’à 90 ans, « c’est un vieillard qui est assis là et pourtant c’est aussi le jeune homme d’une trentaine d’années, transi d’amour, qui bondit de joie ».
- Parce que ce sont nos vies 2.0 qui sont croquées au travers des personnages tout aussi cassés que les jouets de la boutique que vous découvrirez. Paul-Henry est… bookstagrammeur (toute ressemblance avec l’auteur…). Martine épie ses voisins par un judas, mais aussi sur les réseaux sociaux : dans les deux cas, avec autant de délectation que d’effroi. Elle passe des heures devant les Sims, où elle prend un pouvoir qu’elle est incapable d’envisager dans la vie. Elle y donne le beau rôle à Nénette, sa meilleure amie, qui peint… et pour savoir qui est Nénette, rendez-vous dans le roman !
- Parce que comme dans son premier livre, Julien Rampin, qui a tout juste la quarantaine, excelle à décrire la vieillesse et la place des vieux dans nos vies. Oui, il écrit résolument « vieux », sans euphémiser, parce qu’il n’est pas question de fuir un seul des aspects de cette réalité : devenir vieux, donc être sur terre depuis longtemps, avec tout ce que ça suppose d’expérience et de désir de transmettre pour les uns, et de rancœurs et de regrets pour les autres. Pour lui, la vieillesse est un « crépuscule étrange », mais qui n’interrompt surtout pas la quête de sens qu’est une vie.
- Parce que c’est un livre extrêmement bienveillant, à l’image de son auteur. Mais c’est aussi un livre où la solitude et le ratage sont très bien décrits : « Je suis comme ce marque-page, là. On m’a laissé quelque part en 1989. Depuis, j’attends que le cours des choses reprenne enfin… » Et la bienveillance n’empêche pas l’ambivalence : « Elle ne peut pas expliquer à sa sœur combien elle a parfois le sentiment d’être deux personnes totalement différentes ». Les amateurs de feel-good y trouveront leur compte, mais les autres aussi !
- Parce que c’est un livre militant sur l’homosexualité. Être homosexuel aujourd’hui, ce n’est pas comme l’être en 1989 et si nous intériorisons des normes, ce ne sont plus les mêmes. J’ai pensé à La vie rêvée des hommes de François Roux, qui explore aussi l’évolution de la façon dont l’homosexualité a été vécue et assumée (ou pas) depuis la seconde moitié du XXe siècle, en France et aux USA. François Roux développe le contexte historique qui n’est qu’en filigrane du Magasin des jouets cassés, et qui a, dans les deux livres comme dans la réalité, brisé des vies… mais au nom de quoi ?
L’essentiel en 2 minutes
L’intrigue. Quand Lola emménage avec son fils Léon dans un nouvel appartement après sa rupture, elle cherche à mettre de la distance avec l’échec de sa vie. Elle ne se doute pas que ce qu’elle va y trouver, c’est l’histoire après laquelle elle ne savait pas qu’elle courait…
Les personnages. Jean-Henry, Martine, Lola, Léon : pour tous, Gabriel a joué un rôle central. Pourtant, il est largement absent de leurs vies, et seulement en arrière-plan du livre : mais justement, c’est pour ça qu’il a pu les démolir. Pour tous, il est « l’autre versant d’un territoire inexploré ».
Les lieux. Il y a un magasin de jouets, évidemment. Ils n’ont pas toujours été cassés, mais ils sont comme la vie : neufs, ils ont accueilli l’amour ; puis ils l’ont vu évoluer ; et finalement, « il y a des coffres, remplis de vieux jouets cassés, qu’il vaut mieux ne jamais ouvrir ». Ou pas…
L’époque. Trois époques, trois générations, trois trentaines, trois manières de concevoir la place de l’homosexualité. Mais dans le fond, « nous attendons tous quelque chose, Paul-Henry. Mais la plupart du temps, ça n’arrive jamais ». Ce constat est autant une prison que le moyen de s’en libérer.
L’auteur. Blogueur littéraire, Julien Rampin est passé de l’autre côté de la plume avec Grandir un peu. Il revient avec un deuxième roman où on retrouve avec plaisir sa bienveillance et son humanité, non dénués de militantisme et d’exploration de nos côtés sombres : un cocktail efficace et savamment dosé !
Ce livre a été lu avec le sentiment de retrouver un vieil ami qui fait un clin d’œil à son premier roman, et aussi, à sa propre vie qu’il laisse entrevoir sur les réseaux sociaux. De l’autofiction ? Peu importe : réalité ou fiction, tout est mis au service du plaisir de la lecture !
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20 Minutes de contexte
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