Pour une détox saine et efficace, empruntez le chemin du jeûne seize heures par jour, cela permet au corps de se régénérer. Il suffit de l’intégrer à son mode de vie ! Mais rappelons que ce procédé n’est ni anodin ni sans danger.

Il n’existe aujourd’hui aucun consensus scientifique sur les vertus thérapeutiques du jeûne, et il y a trop peu d’études sur le sujet pour arriver à des conclusions définitives. On sait toutefois que la plupart des personnes qui entreprennent cette expérience sont des femmes (71 %), âgées en moyenne de 45 à 60 ans. Pour elles, le jeûne vise avant tout à « désintoxiquer » et à « revitaliser » l’organisme, loin devant une recherche de perte de poids…

Ce qui est une bonne nouvelle car, selon Julie Chenu, notre spécialiste de l’alimentation – qui expérimente elle-même le jeûne intermittent depuis trois ans –, on ne maigrit pas forcément avec cette pratique. Voici ses explications.

France Dimanche : Qu’est-ce que le jeûne intermittent ?

Julie Chenu : C’est une façon différente de s’alimenter. Ainsi, il existe des jeûnes partiels, d’autres prolongés ou globaux, cela dépend de la durée des phases pendant lesquelles on se nourrit et celles où l’on ne mange plus. Celui qui est aujourd’hui le plus à la mode est donc le jeûne intermittent, qui consiste à ne pas manger pendant seize heures d’affilée, suivi d’une période pendant laquelle on s’alimente (huit heures) en faisant deux ou trois repas. Ce jeûne est le plus répandu et aussi celui qui est le plus facile à mettre en œuvre. De plus, il y a moins de contre-indications.

FD : En quoi est-il bon pour la santé ?

JC : Il n’y a, à l’heure actuelle, waucune étude scientifique qui le prouve. On sait toutefois que le jeûne intermittent a des effets positifs sur la glycémie (le taux de sucre dans le sang), ce qui permet de mieux protéger le foie et le pancréas, mais aussi sur l’élimination des radicaux libres (ces cellules déchets de notre corps) et sur la régénération des cellules. Avec ce jeûne, l’organisme va utiliser ses propres réserves énergétiques.

FD : Dans quelles conditions peut-on le pratiquer sans danger ?

JC : Il faut d’abord préciser que le jeûne intermittent n’est pas un régime, c’est vraiment une façon différente de s’alimenter. Peut-être allez-vous perdre quelques kilos au début… à condition de créer un déficit calorique et de ne pas compenser en mangeant davantage pendant les huit heures qui suivent l’abstinence ! Le but de ce jeûne n’est pas de perdre du poids, mais de trouver un équilibre alimentaire et de mettre au repos les organes, favorisant ainsi leur régénération. Je le répète : c’est une manière d’aider le corps à se régénérer naturellement, pas du tout une solution miracle pour maigrir ! Avant de commencer, il faut être en bonne santé physique et psychique, ne pas être soumis à un gros stress par ailleurs, ni souffrir d’anxiété alimentaire.

FD : Qui ne doit pas le suivre ? Y a-t-il des contre-indications précises ?

JC : Comme le jeûne peut entraîner un état de stress – puisqu’on prive son organisme de nourriture pendant une phase définie –, il peut être dangereux pour certaines personnes, notamment celles qui souffrent d’une maladie, qui sont fragiles ou atteintes de troubles alimentaires. Il n’est pas non plus conseillé pour les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées, qui ont des besoins énergétiques augmentés.

FD : À quoi doit-on faire attention ?

JC : Il faut veiller à faire des repas complets en dehors du jeûne, c’est-à-dire cuisiner pour manger des protéines (viande, poisson, œuf, légumineuses), mais aussi des glucides complexes (pain, quinoa, riz complet), des fruits et légumes (cinq portions par jour)… Autre point important : il faut continuer à boire la journée afin d’aider les organes à éliminer. Enfin, cette pratique invite à se recentrer sur soi, sur la façon dont on s’alimente, et je pense qu’il est primordial de rester à l’écoute de ses sensations.

FD : Faut-il être suivi pour pratiquer ?

JC. : Oui, l’idéal est d’être suivi par un nutritionniste, qui peut aider la personne dans sa démarche et l’orienter en fonction de ses habitudes et de ses rythmes de vie, tout en prenant bien en compte ses besoins.

FD : Doit-on faire un bilan médical avant ?

JC : Il est préférable d’en faire un, notamment pour connaître et contrôler sa glycémie, l’état des enzymes du foie, ainsi que les minéraux (magnésium, etc.), grâce à un examen qu’on appelle ionogramme. Car l’ensemble de ses marqueurs peuvent bouger pendant le jeûne.

FD : Peut-il être pratiqué au long cours ?

JC : Il est en effet possible de manger comme cela toute sa vie, mais certaines personnes ne le font que le week-end ou pendant quelques jours par semaine. Dans mon livre, je donne des recettes, car il est important d’apprendre à cuisiner simplement et rapidement afin d’avoir un maximum de plaisir grâce au contenu de son assiette.

FD : Le plus dur semble être le début du jeûne. Quelles sont les manifestations physiques qui ne doivent pas nous inquiéter ?

JC : Oui, au début, le corps va chercher à puiser dans ses réserves et il peut mettre quelques jours (ou semaines) avant de s’adapter à ce nouveau rythme. Durant cette période initiale, on peut se sentir un peu plus fatigué ou las que d’habitude, avoir des maux de tête passagers, ressentir la faim, se montrer irritable. Ce sont des réactions normales, mais qui doivent passer. Et cela passe toujours si les apports alimentaires hors de la période de jeûne sont adéquats.

FD : Quelles sont les erreurs les plus courantes ?

JC : Souvent, les gens ne mangent plus assez et ne font pas de repas complets. Du coup, la fatigue devient chronique, des insomnies se déclarent, sans oublier une éventuelle reprise de poids sur le long terme.

FD : L’activité physique est-elle aussi recommandée ?

JC : Oui, car c’est bon pour le corps et la tête dans tous les cas, que l’on pratique le jeûne ou non ! L’activité physique est compatible avec le jeûne intermittent, à condition de veiller à avoir les apports nutritionnels adaptés afin d’éviter la fonte musculaire. La marche à pied est plébiscitée parce qu’elle est facile à pratiquer et qu’elle permet de faire travailler tous les muscles.

FD : Vous-même le pratiquez-vous ?

JC : Depuis trois ans, oui. Je ne mange pas le matin, et je me sens légère et énergique dès le réveil et toute la matinée avant mon premier repas, en général vers 14 heures. Ensuite, je prends une collation à 17 heures et je dîne vers 20 heures. Cela me convient. Je ne me sens ni privée ni frustrée.

Les 10 bonnes habitudes à adopter

  1. S’asseoir à table pour manger.
  2. Manger dans un endroit calme.
  3. Éviter d’aborder les sujets qui fâchent à table.
  4. Analyser sa faim en début de repas.
  5. Bien mastiquer les bouchées.
  6. Boire un ou deux verres d’eau pendant le repas.
  7. Analyser sa faim avant de se resservir.
  8. Garder le dessert pour a collation si l’on n’a plus faim.
  9. Conserver les restes au réfrigérateur ou au congélateur.
  10. Apprendre à cuisiner les restes pour ne pas finir son assiette à tout prix.

Le saviez-vous ?

Manger en pleine conscience – c’est-à-dire faire attention à son estomac qui gargouille, sentir l’eau monter à la bouche avant de déjeuner, etc. – est une façon de se réconcilier avec son ventre. De plus, quand on mastique, il est important d’apprécier les saveurs dans la bouche, les textures et aussi les parfums.

“Prendre le dessert en entrée ! » : Élisabeth, 46 ans, Saint-Étienne (Loire) : « Consommer du sucré au début du repas me donne une impression de satiété plus rapide et, du coup, je mange moins ensuite au cours du repas en question. J’ai découvert cela récemment et, en pratique, cela fonctionne bien. Sauf quand on va dîner chez des amis, bien sûr ! »

En avant, marche ! Quinze médecins de l’Académie médicale du jeûne (AMJ) se sont lancé un défi : marcher 100 km en jeûnant sur le GR34 (sentier de randonnée en Bretagne) pendant une semaine. « Nous voulons montrer que le jeûne est une pratique éprouvée, sans danger, bénéfique pour la santé, et permettant une activité physique normale. » Une initiative positive que l’on encourage, mais à ne jamais pratiquer sans avis médical préalable.

Alicia COMET

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