Lancé à l’initiative de l’artiste JR, entouré de personnalités de tous horizons, le Collège citoyen de France accompagne ceux qui portent un projet civique. Une aventure solidaire pour réinventer demain.

Agir pour le bien commun, oser croire que le changement sociétal est possible et se donner les moyens de l’opérer est la maxime de JR. Véritable attrapeur de rêves, l’artiste a participé, au côté de l’entrepreneur Marco Berrebi, à la création d’une école pour former la «France d’après» avec tous les citoyens porteurs d’initiatives positives : «Pendant le premier confinement, raconte JR, on a servi 5000 repas par jour dans un restaurant gastronomique solidaire parisien, le Refettorio. Nous avons rencontré des gens fantastiques, engagés sur le terrain pour résoudre les problèmes issus de la crise sanitaire. Nous voulions poursuivre cette aventure. Ensemble, nous avons rêvé du monde de demain.»

Lancé à l’initiative de l’artiste JR, entouré de personnalités de tous horizons, le Collège citoyen de France accompagne ceux qui portent un projet civique.

Ce projet ambitieux s’appelle le Collège citoyen de France, une école à but non lucratif qui forme des leaders capables d’avoir un impact social, économique et politique. Par le biais de formations et de cours à distance, ainsi que de boot camps dans des villes françaises, le Collège accompagne des personnes de tous âges et de tous horizons dans le développement d’un projet civique. «On a eu envie de bâtir cette école comme un outil pour donner plus de pouvoir politique aux “rêveurs faiseurs”, ces gens qui agissent au quotidien. Pour élaborer de nouvelles solidarités, il faut créer des passerelles et concevoir de nouvelles façons de faire la politique», explique Marco Berrebi, qui, après avoir travaillé dans le secteur des technologies médicales, est aujourd’hui le coprésident du Refettorio et accompagne des artistes qui interviennent dans le champ social, comme Prune Nourry, le photographe Frédéric Brenner ou l’artiste urbain Vhils.

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Cinquante étudiants cette année

JR et Marco Berrebi font partie des dix membres cofondateurs du collège : des femmes et des hommes issus de la culture, de la fonction publique, de l’entreprise et du monde associatif. Parmi eux, la générale et médecin Maryline Gygax, première femme à diriger le service de santé des armées. Dans un monde majoritairement masculin, elle a milité pour «creuser le sillon des femmes», raconte-t-elle. «Je me suis battue pour la féminisation des armées, pour que nous puissions porter un pantalon comme les hommes. Et, plus encore, pour que la maternité ne nous pénalise pas. Je souhaite qu’il y ait de plus en plus de femmes qui commandent», souligne-t-elle. Au sein du Collège, Maryline Gygax accompagne les étudiants «vers une prise de responsabilité publique, en leur expliquant les codes et les rouages de l’État». Chaque membre fondateur apporte son expérience.

Dans un superbe amphithéâtre parisien, à côté du cinéma Grand Rex, JR a récemment donné un cours intitulé «Changer le monde, ça s’apprend» : «Je veux pousser l’horizon des possibles, donner l’envie et l’ambition aux étudiants de se dépasser, de se dire qu’on peut tout transformer dans la société», dit-il. Poussé par le même élan, Édouard Bergeon, un autre cofondateur, fils d’agriculteurs, réalisateur du film Au nom de la terre (2019), créateur de la chaîne TV sur l’agriculture CultivonsNous (parrainée par Guillaume Canet) et de deux restaurants dans le XIe arrondissement de Paris, Robert et Martin, des bistrots gourmands qui mettent en place un lien direct entre la terre, le potager et l’assiette : «Pendant le premier confinement, j’ai discuté avec JR, raconte-t-il. On s’est dit qu’on connaissait tellement de gens qui avaient des projets exceptionnels qu’il fallait créer une école qui leur donne des outils pour s’engager en politique. J’ai moi-même sélectionné une partie des cinquante étudiants de cette année. Tous ont des profils très intéressants.»

Édouard Bergeon, réalisateur du film Au nom de la terre, cofondateur du Collège citoyen de France.

Des acteurs engagés

Marie-France Barrier, par exemple, est engagée aux côtés des acteurs de la transition agroécologique. Elle a créé l’association Des enfants et des arbres, qui permet aux enfants de comprendre les vertus des arbres et les enjeux liés à leur retour dans nos vies. Ou Nora Viviani, infirmière de bloc de chirurgie, qui, excédée par les conditions de travail des aides-soignants, a fondé une association dont le but est de construire des salles de détente accessibles 24 heures sur 24 au cœur des hôpitaux. La première vient d’être inaugurée à Bourges : «Pour préserver l’hôpital public, il faut rendre notre métier attractif. Pour cela, on doit permettre à des initiatives comme la mienne d’intégrer la fonction publique. Cette école m’aide à dépasser les rouages de l’administration.»

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Un autre membre du Collège, Julien Neutres, énarque diplômé de l’Essec, directeur de la création, des territoires et des publics au sein du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), souligne : «Celles et ceux qui ont été retenus pour faire cette formation ont identifié des problèmes, conçu des projets et ils veulent les mettre en œuvre tout de suite. Nous avons beaucoup de candidats qui proposent des solutions aux questions environnementales, mais il y en a aussi qui travaillent sur l’éducation, la cohésion sociale et beaucoup d’autres sujets importants.» Parmi eux, Moussa Sylla, 28 ans, président d’une association à Bagnolet, l’AJDB, qui apprend aux jeunes de milieux défavorisés à s’épanouir à travers des activités culturelles et de loisir.

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La créativité au cœur de l’expérience

Le Collège citoyen de France invite des intervenants pédagogiques venus de tous domaines : l’islamologue Rachid Benzine ou le géant de l’informatique américain Marc Benioff, mais aussi des personnalités politiques comme François Hollande, Anne Hidalgo, Sibeth Ndiaye ou Emmanuelle Cosse. Les représentants de tous les partis partagent leur parcours, décryptent les rapports de pouvoir entre les institutions françaises et donnent des informations aux étudiants qui veulent s’engager. «La politique doit s’imprégner de la créativité et de l’enthousiasme qui fleurissent aujourd’hui partout en France», explique Marco Berrebi. Convaincu que l’art et la culture ont une place essentielle dans le projet du Collège, JR conclut : «La création permet le dialogue et accompagne les changements sociétaux. Les nouveaux leaders doivent être créatifs. Je n’oublie pas que Churchill était aussi un peintre, et que Zola était aussi une conscience politique.»

collegecitoyen.fr

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