Jean-Jacques Beineix est mort jeudi, à l’âge de 75 ans, a annoncé ce vendredi son frère Jean-Claude. Il est décédé chez lui, à Paris, « des suites d’une longue maladie ».

Le réalisateur était l’un des grands noms du « cinéma du look », ce mouvement du Septième art français des années 1980 où l’esthétisme l’emportait sur le naturalisme. Révélé par le film Diva en 1981, il a atteint une plus large notoriété en 1986 avec 37°2 le matin, un long-métrage culte adapté du roman de Philippe Djian.

Né en octobre 1946 dans la capitale, Jean-Jacques Beineix a commencé sa carrière comme assistant réalisateur de Jean Becker sur la série Les Saintes Chéries en 1970. Diva, son premier long métrage en tant que réalisateur est un thriller musical mettant en scène la relation entre un postier et une soprano. Couleurs vives, inspirations pop art, image léchée… L’œuvre fait déjà montre de choix esthétiques qui feront la patte du cinéaste – certains critiques parlaient alors, péjorativement, d’esthétique « publicitaire ».

Le carton « 37°2 »

Son deuxième film, La Lune dans le caniveau, tourné à Cinecittà, les célèbres studios de cinéma romains, était en compétition pour la Palme d’or 1983, mais, éreinté sur la Croisette, il se soldera par un échec public.

C’est avec 37°2 le matin en 1986, qu’il a connu son plus grand succès. Cette année-là, plus de 3.6 millions de personnes sont allées voir en salle l’ardente et tragique histoire d’amour entre Jean-Hugues Anglade et
Béatrice Dalle, véritable révélation.

Le public n’a cependant pas été au rendez-vous de ses trois films suivants – les derniers de sa filmographie – Roselyne et les lions, IP5 : L’île aux pachydermes et Mortel transfert, sortis respectivement en 1989, 1992 et 2001.

« Une grande baffe dans la gueule »

Jean-Jacques Beineix avait arrêté le cinéma au début des années 2000. « A la fois, je réussis un exploit et en même temps je me prends une grande baffe dans la gueule. Bah voilà, ça a été ça tout le temps, ma vie au cinéma », résumera-t-il à Franceinfo en 2020, expliquant que la très mauvaise réception cannoise de La Lune dans le caniveau a été une « blessure » : « Ce qui fait que j’ai arrêté aujourd’hui, ça a commencé là. »

S’il a fait quelques incursions dans le documentaire («Les enfants de Roumanie », « Place Clichy sans complexes »…) sous la bannière de sa société de production, Cargos Films, il a aussi mis en scène, en 2014, la pièce Kiki de Montparnasse.

Ces vingt dernières années, il s’était essentiellement tourné vers l’écriture. En 2006, il a livré son autobiographie, Les Chantiers de la gloire : mémoires, après avoir écrit les deux volumes de la bande dessinée L’Affaire du siècle. Il y a deux ans, est paru chez Michel Lafon son premier (et seul) roman, Toboggan. L’histoire de « la chute d’un personnage qui a perdu la foi en l’humanité ».

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