Alors qu’un sondage OpinionWay montrait en 2020 que 45 % des salariés français ressentent de la détresse psychologique, une nouvelle forme d’épuisement professionnel s’est peu à peu développée dans les entreprises : l’épuisement moral.
Une étude, publiée en mai 2022 et menée par l’Université de Sheffield pour les cabinets de conseil Affinity Health et Softer Success a révélé comment le burn out moral, entraîné par une blessure morale, causée elle-même par certains types d’évènement professionnels, pouvait s’avérer « traumatisant » pour les salarié.es et ainsi avoir des répercussions sur leur travail.
Un travail en désaccord avec ses valeurs et idéaux
Alors que l’INRS définit l’épuisement professionnel comme “l’ensemble de réactions consécutives à des situations de stress professionnel chronique dans lesquelles la dimension de l’engagement est prédominante”, l’épuisement moral se produit, lui, lorsque son travail n’est plus en accord avec ses valeurs et idéaux.
Que ce soit dû à un environnement de travail toxique, à un sentiment d’injustice, d’impuissance et de culpabilité face à un évènement moralement abusif, l’épuisement moral au travail transcrit « un manque fondamental de compatibilité entre soi et l’entreprise ».
Cette fatigue émotionnelle au travail peut résulter par exemple de “l’incapacité du service des ressources humaines à donner suite à une plainte, de faire partie d’un processus de licenciement injuste ou de se sentir obligé de se comporter d’une manière qui va à l’encontre de nos valeurs personnelles”, détaille Stylist.
Un épuisement moral aux lourdes conséquences sur le travail
Tandis que les participant.es de l’étude étaient issus de milieux très divers, comme la publicité, le droit, la santé ou les ressources humaines, les chercheurs ont dévoilé que ce « type d’épuisement professionnel » était plus difficile à surmonter que n’importe quel autre.
Mais alors qu’ils ont tenté de remédier à la situation injuste, c’est surtout l’absence totale de réponse et de solutions qui a accentué le dommage psychologique, nous apprennent les chercheurs.
Une blessure psychique qui rend les travailleur.ses épuisé.es, honteux.ses et anxieux.ses, pessimistes et désengagé.es. Pour remédier à leur souffrance, la plupart démissionnent ou prennent des congés mais souvent le traumatisme poursuit l’individu au sein de la nouvelle entreprise. Un préjudice qui a des conséquences sur la confiance, les performances et les relations futures.
Ainsi, la plupart des salarié.es ayant quitté leur emploi se tournaient vers du bénévolat ou la création de leur entreprise afin d’effectuer “une réparation morale”, explique Pre Karina Nielsen de l’Université de Sheffield, à l’origine de l’étude.
La grande démission et la démission silencieuse : symptômes d’un burn out moral généralisé ?
Début 2022 en France, le nombre de démissions a atteint 520 000 départs par trimestre, dont 470 000 CDI, expose la DARES.
“L’épuisement moral pourrait être à l’origine de certaines des tendances que nous observons en ce moment telles que la grande démission et la démission silencieuse”, a déclaré Cara de Langue, fondatrice de Softer Succes au HuffPost.
Une culture du travail devenue toxique et “que nous, en tant que société, avons créée, continue l’experte en épuisement professionnel. Cette façon de travailler – combinée à des facteurs environnementaux négatifs – est une recette pour un épuisement extrême et généralisé« , alerte-t-elle.
Alors que l’INRS met à disposition un guide d’aide à la prévention du syndrome d’épuisement professionnel, il est désormais urgent de « changer notre façon de travailler en traitant structurellement les blessures morales et l’épuisement professionnel, tout en prohibant les comportements toxiques en entreprise », martèle Cara de Lange.
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