• Vendredi, Neuralink, la start-up d’Elon Musk, a publié une vidéo sur Twitter dans laquelle on peut voir un singe jouer à Pong avec son esprit.
  • Elon Musk espère que les puces de Neuralink serviront à aider les personnes paralysées ou souffrant de maladies neurologiques. Mais l’objectif à long terme est de rendre les implants si sûrs, fiables et simples qu’ils relèveraient de la chirurgie élective (de confort).
  • Avec cette puce, Neuralink a-t-elle réellement réalisé un exploit ? On fait le point.

Elon Musk est-il en train de réaliser son rêve de fusionner l’homme avec la machine ? Les dernières
annonces de Neuralink, la start-up d’Elon Musk qui travaille sur les implants cérébraux, laissent imaginer qu’une simple puce de la taille d’une pièce de monnaie pourra un jour augmenter les capacités intellectuelles humaines. Dans une
vidéo publiée ce vendredi par le milliardaire,
un singe a réussi à jouer au jeu Pong sans manette grâce au dispositif technologique dans son cerveau. Le macaque Pager contrôle avec ses yeux les mouvements de la raquette, comme on pourrait le faire avec un joystick.

« Un singe joue littéralement à un jeu vidéo de façon télépathique grâce à une puce dans son cerveau », a tweeté Elon Musk. De son côté, Neuralink se félicite de cette avancée qui lui permet de se rapprocher de son premier objectif : « permettre aux personnes paralysées d’utiliser directement leur activité neuronale pour contrôler des ordinateurs et appareils mobiles facilement et en temps réel ». Effet d’annonce ou prouesse technologique ? On fait le point sur les avancées de Neuralink, l’un des projets les plus futuristes du serial entrepreneur, également derrière SpaceX, OpenAI, Hyperloop…

Une opération de moins d’une heure

Elon Musk est peut-être un poil trop enthousiaste sur ce coup. Si le singe n’a pas besoin de bouger sa main pour jouer à Pong, on n’est pas en train d’assister à de la télépathie à proprement parler. « La puce est implantée sur le cortex moteur et on récupère une copie de la commande qui part en direction du poignet ou de la main, explique Claude Touzet, enseignant-chercheur en sciences cognitives et fondateur de la société Neurosoundsleep. Que le singe bouge ou pas la main, finalement, on a des équivalents ». Il y a une pensée au départ -celle de bouger la main ou le doigt-, « mais on ne se situe pas au moment où naît la pensée, on se situe au moment de l’action motrice », précise-t-il. L’implant retransmet des signaux neurologiques.

L’idée d’implanter des électrodes pour aider les personnes à motricité très réduite comme les tétraplégiques n’est pas nouvelle. Des interfaces de ce genre existent depuis une quinzaine d’années, mais elles ne fonctionnent pas très bien. « L’exploit de Neuralink est d’avoir réalisé une puce avec suffisamment d’électrodes [1.024 en forme de fils plus fins qu’un cheveu] pour avoir un bon maillage de la zone corticale où elle est implantée », poursuit le chercheur. Et, la deuxième prouesse est de parvenir à implanter ces électrodes rapidement. Neuralink a conçu un robot extrêmement sophistiqué pour installer les différents composants électroniques dans le crâne. « Les essais pratiqués sur le cerveau de rats avec le robot implanteur d’électrodes développé par la société témoignent que ce dernier est capable d’installer un peu plus de 96 multi-électrodes de 1,6 millimètres en moins de 20 minutes, tout en évitant les vaisseaux sanguins », décrivait Claude Touzet dans un article de The Conversation publié en 2019.

Lors d’une conférence de presse au mois d’août 2020, Elon Musk assurait que l’opération, sans anesthésie générale, ne prendrait pas plus d’une heure et ne laisserait pas de trace, si ce n’est une petite cicatrice sous les cheveux.

Une puce dans le cerveau pour tout le monde ?

Cette vidéo-événement du singe Pager est surtout la preuve que l’implant fonctionne et que ses algorithmes sont performants. Il est biocompatible et les données transmises sont utilisables. « La notion de temps réel est importante, reprend Claude Touzet. La puce et son millier d’électrodes envoie en continu les milliers d’informations et on arrive à sortir le signal utile suffisamment vite pour que la performance au jeu Pong soit crédible ».

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Le coup marketing réside peut-être dans le choix de l’animal. Neuralink aurait pu montrer un cochon en train de jouer à un jeu vidéo, mais l’humain s’identifie plus facilement au singe, surtout s’il joue à Pong, un des premiers jeux vidéo d’arcade. On se dit plus facilement que l’humain est le prochain sur la liste des candidats à l’implant. Rien n’assure pour autant que le futur ressemblera à celui imaginé par Elon Musk.

Pour l’instant, l’objectif est de laisser l’individu doté d’implants contrôler un smartphone par la pensée. Mais l’objectif à long terme, comme l’a indiqué Elon Musk pendant sa conférence de presse, est de rendre les implants si sûrs, fiables et simples qu’ils pourraient entrer dans le champ de la chirurgie de confort pour des individus qui rêvent d’augmenter leurs capacités intellectuelles. La vraie question est : faut-il l’espérer ?

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