Un coup d’essai réussi ! Le convoité prix du Livre Inter a été attribué ce lundi à la primo-romancière Anne Pauly pour Avant que j’oublie (Verdier), récit tragi-comique plein de tendresse et d’empathie racontant la maladie et la mort de son père. Elle succède à la romancière Emmanuelle Bayamack-Tam pour Arcadie (P.O.L).

View this post on Instagram

Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître ! Anne Pauly est la lauréate du Prix du #LivreInter 2020 avec son premier roman, "Avant que j’oublie" ( éditions Verdier ) Elle y raconte son deuil à la mort de son père. Elle décrit la violence conjugale, l'alcoolisme et les sentiments partagés qu'elle éprouve à l'égard de cette figure paternelle. . Ce désir d'écrire, Anne Pauly l'a depuis l'enfance. Il y a quelques années, alors qu'elle travaille comme secrétaire de rédaction dans un magazine, elle décide de s'inscrire au master de création littéraire de Paris 8. Anne Pauly écrivait déjà mais ne s'était jamais lancée dans un projet au long court. . Pour intégrer ce master on lui demande un projet. Elle s'installe à sa table de travail et laisser aller sa plume. Ce seront les premières pages de "Avant que j'oublie". Il lui faudra quatre ans pour finir cette histoire de deuil parce qu'il fallait, dit-elle, "touner la page au sens propre". . Elle dit aussi, à propos de ce livre : "Je voulais parler du coté cocasse de la mort, parce que la vie continue alors que dans votre coeur quelqu'un vient de disparaitre et que c'est une déflagration" . Après plusieurs heures d'âpres débats, "Avant que j'oublie" a été désigné Prix du Livre Inter 2020 au 3e tour de scrutin par 17 voix. Pour en savoir plus ? bit.ly/LivreInter2020 #LivreInter2020 #ideeLecture #livre #litteraturefrançaise #litterature #editionsVerdier #lecture #lecturedumoment #passionlecture ? © Joël Saget / AFP

A post shared by France Inter (@franceinter) on

Choisi par 17 voix par le jury présidé cette année par Philipe Lançon, le roman d’Anne Pauly a figuré dans les sélections du Goncourt, du Femina et du Médicis. Il a été finaliste du Goncourt du premier roman et fait partie des 10 conseils de lecture pour l’été établis par l’académie Goncourt.

Le point de départ du livre était « la cocasserie du deuil »

Le père de la narratrice (double d’Anne Pauly) était un punk avant l’heure, un « gros déglingo », « roi misanthrope », unijambiste n’ayant pas sa langue dans la poche, nous raconte Anne Pauly. Mais son livre est aussi un formidable hommage aux gens de peu, ces « invisibles » abîmés par la vie, ignorés le plus souvent, parfois méprisés.

Le jour du décès, l’enterrement du père, sont racontés avec une justesse qui ravivera des souvenirs chez nombre d’endeuillés. Le chagrin se mêle aux fous rires. Reste l’absence de celui qui fut et qui n’est plus.

La romancière expliquait récemment que le point de départ du livre était « la cocasserie du deuil (le curé qui raconte n’importe quoi, le croque-mort ivre…) ». « Le deuil c’est tellement terrible qu’on est obligé de rire pour en sortir », soutient l’écrivaine.

Un coup de griffe « au mépris social »

Puis, à mesure de l’écriture, le livre s’est transformé « en oraison funèbre, en monument au mort » du père défunt.

« Je voulais aussi régler leurs comptes aux bêtises qu’on lit dans les essais de développement personnel qui vous somment de vous dépêcher en vous expliquant qu’il faut régler un deuil ou une rupture amoureuse le plus rapidement possible », poursuit l’écrivaine. « C’est complètement absurde ! »

En dressant le portrait de son père, la romancière a également voulu donner un coup de griffe « au mépris social » que ses parents ont subi parce qu’« issus de nulle part » ou simplement parce qu’ils appréciaient des chanteuses populaires comme Céline Dion. « Je voulais me venger de ce mépris dont il a souffert et dont j’ai souffert quand j’étais enfant ».

Le livre est cependant « un roman » car « inspiré de faits réels mais repassés à la moulinette de l’inconscient, du langage, de la mémoire, de l’histoire qu’on se raconte à soi-même ».

Source: Lire L’Article Complet