• Davinhor présente son premier album Indomptable.
  • La jeune rappeuse de Creil se distingue par un rap énervé et une rage de vaincre. Elle revendique aussi l’affirmation de soi et l’indépendance.
  • « Je suis très engagée et je me dis que c’est le moyen pour moi de me faire écouter et comprendre », explique-t-elle notamment à 20 Minutes.

Dans le clip de Floko, en feat avec Le Juiice, elle apparaît conquérante et combative. Obstinée et concentrée, elle assène implacablement des coups droits dans un mannequin de buste masculin. Quelques minutes plus tard, elle fait place à une autre Davinhor, ultra-sensuelle et exubérante, la jeune femme crève l’écran. Deux facettes représentatives de la rappeuse de Creil, dont le premier album intitulé Indomptable sort ce vendredi.

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Treize titres qui oscillent entre trap énervée, pop et zouk, une « carte de visite » où Davinhor souhaite montrer l’étendue de son talent et tout ce dont elle est capable. C’est aussi un aperçu de ce qu’elle a traversé depuis l’enfance. « C’est l’histoire d’une petite fille de foyers, ballottée de gauche à droite, explique-t-elle à 20 Minutes. Une petite fille de banlieue aussi, qui ne se laisse pas faire et qui a la dalle de réussir. » 

« Le sport c’est ce qui me fait tenir malgré les coups durs »

Cette rage de vaincre, la jeune femme née au Congo en 1997 la tient de son parcours et de ses parents avec qui elle a dû faire face à de nombreuses épreuves depuis toute petite. « Ils m’ont vraiment armée pour que la vie ne me casse pas », dit-elle avec reconnaissance. Sa famille et elle fuient le Congo trois ans après sa naissance, après que son père se soit évadé de prison, « incarcéré pour ses prises de position en faveur des droits de l’Homme », est-il précisé dans la bio de l’artiste. Direction Paris, où ils restent quelques mois, puis Gien, dans le Loiret, où ils s’installent dans un foyer. « Mes parents n’ont pas eu de titres de réfugiés politiques, il a toujours été rejeté. Ça n’a pas été chose facile, beaucoup de difficultés et notamment d’intégration, mais heureusement que l’athlétisme est là, c’est un peu mon échappatoire », précise-t-elle.

Car bien avant de se lancer dans le rap, Davinhor caresse le rêve d’une belle carrière dans le sport. « C’est ma bouffée d’air. C’est ce qui me fait tenir malgré les coups durs, les difficultés, les embûches. C’est la chose qui me donne de l’espoir et l’envie de croire à un avenir meilleur », se remémore l’artiste.

Elle excelle dans l’athlétisme qu’elle découvre dès l’âge de 5 ans et enchaîne les compétitions, dans le Loiret puis à Creil (Oise) où ses sœurs et elles emménagent avec leur père après la séparation de leurs parents. Puis elle intègre à l’adolescence une formation sport-études. « Je vois dans le regard dans mes entraîneurs ce petit truc qui me dit qu’on croit en moi. Je vois qu’ils me regardent différemment, que je brille, qu’il y a de la lumière et que ça fait la fierté de mes parents. Ils ont un peu ce sentiment de réussite, d’accomplissement », explique-t-elle. Mais une « bagarre » ainsi qu’une blessure au ménisque mettent un terme à tout ça. Davinhor décroche du sport et des études, ses fréquentations changent, sa vie « ne devient plus safe » et la jeune femme « perd pied ». Jusqu’à ce que le rap prenne la relève.

« J’aimerais qu’ils nous respectent telle qu’on est, en basket ou en talons »

« Je trouve que le rap est vrai, c’est quelque chose de très sincère, estime-t-elle. Je suis très engagée et je me dis que c’est le moyen pour moi de me faire écouter et comprendre. Et dire ce que je pense. » Elle est notamment encouragée dans cette voie par Naza et Keblack, deux artistes bien connus des auditeurs de rap, tous deux originaires de Creil également, dont elle deviendra proche. Et c’est en 2019 que Davinhor se fait remarquer notablement. Invitée par le rappeur Niska sur son Planète Rap (et seule femme présente parmi un parterre d’hommes), la rappeuse fait sensation dans le studio de Skyrock avec sa prestation et son assurance. « J’arrive en vainqueur, je m’impose directement, je n’ai peur de rien et je n’ai pas froid aux yeux. Je me dis que c’est « maintenant » », se souvient-elle.

Dès lors elle adopte un rap très énervé, agressif parfois, mais ne se refuse pas pour autant des morceaux plus doux et sentimentaux comme SOS ou A deux dans son album. Elle assume aussi une ultra féminité, revendique l’affirmation de soi et l’indépendance des femmes. Une démarche féministe ? « « Féministe » c’est trop nous mettre dans une case et certains hommes n’ont pas encore compris ce mouvement. Je dirais plutôt engagée », répond-elle. Et elle développe : « Je veux que dans mon rap il y en ait pour tout le monde. Mon message est aussi adressé aux hommes : j’aimerais qu’ils nous respectent telle qu’on est, en baskets ou en talons. »

A l’automne dernier, elle a sensiblement marqué les esprits en participant au projet Reines, pour l’amour du rap sur Canal+. Un documentaire qui immortalisait l’enregistrement d’un titre réunissant cinq rappeuses : Chilla, Le Juiice, Vicky R, Bianca Costa et elle. « Pour moi Ahoo [le titre du morceau] c’est un mouvement, c’est un cri de guerre amazone, très girl power », estime-t-elle.

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Percutante, la chanson a aussi ouvert un débat sur le manque de visibilité des femmes dans le rap et le rôle des médias. « Ce sont les premiers à se plaindre qu’il n’y a pas assez de femmes mais ce sont aussi les premiers à ne pas forcément nous mettre en avant », réagit-elle. En plus de bousculer un peu les codes, le projet aura permis de rapprocher ces cinq artistes. « Depuis, on relaie toutes les projets des autres et dès que l’une d’entre nous fait un concert on essaye de créer un petit mouvement », précise Davinhor.

De son côté, la rappeuse semble bien partie pour se faire une belle place dans le rap français et prendre sa revanche sur la vie. Elle ne compte en tout cas pas s’arrêter là. « Je suis fière de moi un peu plus chaque jour. Comme mon père dit, le combat ne finira jamais ».

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