Savez-vous que derrière le film « La nuit du 12 » se cache un véritable féminicide ? France Dimanche vous livre toutes les informations à savoir sur ce fait divers sordide et macabre.

Un polar glaçant très bien documenté

Nommé 10 fois aux César 2023, notamment pour le Meilleur film et la Meilleure réalisation, le dernier film de Dominik Moll fait partie des grands favoris de cette 48e cérémonie, aux côtés de L’Innocent de Louis Garrel et ses 11 nominations. Pour écrire ce film, le réalisateur de Seules les bêtes et Harry, un ami qui vous veut du bien s’est pleinement inspiré d’un roman de Pauline Guéna, intitulé 18.3 – une année à la PJ. Dans ce roman, l’écrivaine raconte l’histoire d’un féminicide, qui a fortement choqué la France entière en 2013. Pour ce faire, elle a passé une année en immersion auprès des enquêtes de la police judiciaire de Versailles, en charge de l’enquête.

Ce que l’on sait de l’enquête

Maud Maréchal était une jeune femme de 21 ans, sans histoire et sans ennemi. Elle habitait encore chez ses parents, à Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne), dans une zone pavillonnaire paisible. Dans la nuit du 14 mai 2013, Maud se rend à une soirée organisée par des amis, accompagnée de son frère. Vers 2h30, elle décide de rentrer seule à son domicile situé non loin de la fête, à seulement 600 mètres. Depuis, plus de nouvelles.

Aux alentours de 3h30, sa dépouille est retrouvée sur un trottoir par une patrouille de police. Les officiers découvrent au plein milieu de la rue son corps calciné et encore brûlant, gisant dans une flaque de sang mélangée à de l’essence.

L’enquête commence alors pour les inspecteurs de la brigade judiciaire de Versailles. Dans une interview donnée Enquêtes Criminelles, l’avocate de la famille de la victime stipule que « Sur la scène de crime on retrouve, dispersés sur une quarantaine de mètres environ, son sac à main qui est calciné, un mégot de cigarette et un bout de lacet. Ses vêtements sont totalement brûlés. » Aurait-elle tenté de fuir les flammes en abandonnant sur la route son sac à main ? Nul ne sait.

Les policiers questionnent alors les voisins, qui déclarent ne rien avoir vu ni entendu. Seule une riveraine déclare « avoir perçu des cris », comme ceux d’un enfant en détresse. L’autopsie, quant à elle, révèle que « le décès est la conséquence de la combustion ». Maud est donc bien morte étouffée et brûlée vive.

Mais qui peut bien être le coupable ? Un ex-compagnon ? Une amie jalouse ? Quelque temps après cette découverte macabre, les enquêteurs découvrent que la veille de son assassinat, Maud a reçu énormément de messages provenant d’un homme. Une piste que les enquêteurs évincent très rapidement, pour se concentrer sur une deuxième piste : un an avant les faits, Maud avait déposé une plainte contre X en signalant une série d’appels malveillants. Ce jeune homme aurait harcelé Maud et l’aurait menacé de « brûler (sa) maison et toute (sa) famille avec ». Mais cette piste est également abandonnée, faute de preuves.

10 ans plus tard, cette affaire reste non élucidée, comme 20 % des 800 homicides recensés chaque année en France. Dans les médias, l’enquête continue pourtant. En septembre 2021, un appel à témoin avait été diffusé sur M6. À cette occasion, la mère de Maud « espère que ça va aboutir » et que « ces personnes qui savent des choses […] aient le courage de se lâcher et de témoigner ». Mais une fois encore, les recherches ne donnent rien de concret.

Pourquoi ce fait divers en particulier ?

Pourquoi Dominik Moll a-t-il choisi de traiter dans son film de ce féminicide ? Selon le réalisateur, il incarnerait totalement la masculinité toxique de certains hommes. Effectivement, dans le Journal du dimanche, le réalisateur explique ce choix : « Je m’interroge sur la masculinité et la violence qui en découle. Tous les hommes ne sont pas des violeurs, mais tous les violeurs sont des hommes. »

Plus encore, ce fait divers est un cold case, une affaire judiciaire irrésolue. Dominik Moll souhaitait nous plonger dans le quotidien de la police et de ses Hommes obstinés à trouver la vérité.

Car oui, ce type d’enquête a nécessairement un fort impact sur la vie privée des forces de l’ordre, rongées par les doutes, les incertitudes, les frustrations et les désillusions. C’est le cas notamment de Yohan Vivès, le chef de la PJ (incarné par Bastien Bouillon), hanté par ce féminicide irrésolu et qui commence à perdre pied.

À voir…

De Dominik Moll. Avec Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Théo Cholbi

Durée : 1h54

Sur Canal + jusqu’à 17/04/2023

À lire…

18.3. Une année à la PJ, Pauline Guéna, Gallimard, 9,20 €

À suivre…

La 48e cérémonie des César, à partir de 21h en clair, en direct et en exclusivité sur Canal +

LR

Source: Lire L’Article Complet