Alexandra Richard reste en prison. La justice vient de confirmer la peine de cette femme victime de violences conjugales qui avait tué son mari Sébastien avec un fusil en 2016, un geste qu’elle décrit comme un accident, assurant qu’elle ne voulait pas tirer.
Mercredi 2 novembre 2022, la cour de Cassation a rendu son arrêt et validé la condamnation d’Alexandra Richard à 10 ans de prison ferme pour le meurtre de son conjoint, déjà prononcée par la cour d’appel d’Evreux le 23 octobre 2021.
Alexandra Richard considérée coupable de « violences »
Les magistrats retiennent ainsi la circonstance aggravant de « violences sur conjoint » et rejettent l’argument de « légitime défense » brandi par la prévenue et ses avocats me Quentin Dekimpe et me Lorraine Questiaux. Après la décision en appel, cette dernière a dénoncé une « erreur judiciaire absolue » et « honte ». Son autre conseil, lui, s’interroge sur le maintien de la circonstance aggravante, alors qu’Alexandra Richard « était victime de violences conjugales et n’avait jamais violenté son compagnon », relate France Bleu Normandie.
Une décision qui avait également fait réagir plusieurs associations féministes. Lors des condamnations en première instance à Rouen, puis en appel à Evreux, cette affaire avait relancé les débats autour de la légitime défense dans les affaires de violences conjugales, à la manière de Jacqueline Sauvage, condamnée pour le meurtre de son mari violent puis gracié par François Hollande lorsqu’il était président de la République ou encore Valérie Bacot, frappée, violée et prostituée pendant 24 ans par son mari qu’elle a tué également.
« [Alexandra Richard] a subi des violences physiques et sexuelles », avait déclaré son avocate de première instance Nathalie Tomasini, qui a également été le conseil de Jacqueline Sauvage. « Même en prison, je dormais mieux qu’à côté de lui. Personne ne me frappait », ajoutait celle qui était alors en détention provisoire. Des propos rapportés par Le Parisien en 2020.
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Tir intentionnel ou accidentel ?
Dans la soirée du 16 octobre 2016, avait raconté Alexandra Richard lors de son procès, au domicile du couple situé à Montreuil-en-Caux (Seine-Maritime), le conjoint d’Alexandra Richard, 36 ans, était en état d’ébriété. Alexandra Richard lui aurait annoncé qu’elle souhaitait le quitter, car celui-ci aurait été violent a plusieurs reprise. Sébastien aurait alors menacée de lui « défoncer la gueule ».
Saisissant un fusil de chasse, qu’elle avait chargé, Alexandra Richard a abattu son conjoint. Elle affirme encore que le coup est parti tout seul. « Si elle a saisi cette arme, c’était pour se défendre (…) face à cet homme qui aurait pu la tuer », avait plaidé son avocat.
« C’était un terrible accident », avait assuré Alexandra Richard dans un témoignage publié par France Bleu en novembre 2020. Le média régional notait alors que l’expertise balistique n’avait pas permis de trancher si le tir était intentionnel ou non. En 2021, l’avocat général Patrice Lemonnier estimait ainsi : « Alexandra Richard a développé des éléments d’agression, des menaces de mort qui ne sont pas vérifiables. »
La peine de sûreté de la quadragénaire, mère de 3 enfants, s’élève à cinq ans, la prisonnière, elle a déjà effectué trois ans. Ainsi ses conseils tentent désormais de la faire sortir de prison le plus rapidement possible avec un aménagement de peine.
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