- La première saison de Drag Race Belgique, nouvelle adaptation de la franchise RuPaul’s Drag Race, sera lancée jeudi 16 février. En France, le premier épisode sera disponible sur la plateforme WOW Presents Plus à 20h.
- La drag-queen québécoise Rita Baga, ex-candidate de la version canadienne de la compétition de drag-queens, est l’animatrice de cette première saison.
- « Je trouve la scène drag belge très authentique, très pure et très brute. Elle est moins calquée sur un modèle américain. On le voit dans la promo, il y a des candidates qui s’affichent fièrement avec du poil sur les jambes, aux aisselles. Ce n’est pas quelque chose qu’on a vu souvent au Canada », explique-t-elle à 20 Minutes.
Une deuxième version francophone s’ajoute à la franchise « Drag Race ». Après le succès de Drag Race France l’été dernier – une nouvelle saison vient d’être tournée –, c’est au tour de nos voisins de lancer leur adaptation de la compétition de drag-queens. Le premier épisode de Drag Race Belgique sera mis en ligne jeudi, à 20h, sur la plateforme WOW Presents Plus. A la présentation : Rita Baga, une queen… québécoise. Entretien avec l’artiste de 35 ans qui fut finaliste de la première saison de Canada’s Drag Race et de l’édition All Star Canada vs The World…
Une Québécoise pour présenter Drag Race Belgique, c’est surprenant…
Quand on m’a dit que la production de Drag Race Belgique tentait de me joindre pour auditionner, j’ai cru que c’était pour être membre du jury. J’ai compris après que c’était pour la présentation (rires). J’ai passé deux auditions en ligne. Trois semaines plus tard, on m’a dit que j’avais le job. J’étais surprise mais aussi très excitée de prendre part à cette aventure. Je me disais que cela pouvait être mal perçu que je sois prise vu que je ne suis pas belge, mais la RTBF [la télévision publique wallonne, qui produit et diffuse l’émission] souligne que le bassin de drags n’est pas le plus grand en Belgique. Et puis, comme je viens de l’extérieur, je n’ai pas de biais, favorable ou non, envers les participantes puisque je ne les connais pas personnellement.
Vous connaissiez la Belgique avant le tournage ?
J’ai fait mon stage pratique de fin de baccalauréat [l’équivalent de la licence en France] à Bruxelles, dans un organisme communautaire. Je connaissais bien le réseau lié à la diversité sexuelle et de genre. Je fréquentais aussi plusieurs établissements où il y avait des spectacles de drags. Je suis encore très amie avec LaDiva Live, un emblème de Bruxelles et de la Belgique.
Vous avez demandé des conseils à Nicky Doll qui présente Drag Race France ?
On se connaissait un peu. On s’est écrit peu de temps avant de débuter mais je ne l’ai vue physiquement qu’une fois le tournage terminé. Ça ressemblait plus à un échange de comptes rendus de nos expériences. Je n’avais pas envie de copier ce que Nicky faisait. On a tourné assez près de la diffusion de la première saison de Drag Race France, donc on pouvait voir et comparer ce qu’on faisait. Nos deux approches sont complètement différentes.
Comment décririez-vous la scène drag belge ?
Je la trouve très authentique, très pure et très brute. Elle est moins calquée sur un modèle américain. On le voit dans la promo, il y a des candidates qui s’affichent fièrement avec du poil sur les jambes, aux aisselles. Ce n’est pas quelque chose qu’on a vu souvent au Canada. Ce qu’on aperçoit dans les premiers looks avec la bande-annonce est très représentatif de l’émission. Les participantes n’ont pas complètement changé leurs styles pour se couler dans le cadre Drag Race. Elles sont conscientes qu’elles ont été choisies pour leur propre esthétique.
La production vous a demandé d’atténuer votre accent québécois ?
Il n’y a pas eu de demande directe mais je suis allée naturellement vers un français plus normatif. Quand j’anime au Québec, j’ai un accent plus prononcé et je parle plus rapidement. Là, je crois qu’avec l’espèce de figure d’autorité que j’incarne le ton s’imposait de bien prononcer tous les mots pour s’assurer que tout ce qui est dit soit compris par les participantes. Le langage est plus soutenu mais pas exagéré. Une personne qui n’a jamais entendu d’accents sera servie dans Drag Race Belgique. Certaines participantes ont un parent venant de la Flandres, on entendait par moments un fond néerlandophone, par exemple. Je trouve ça beau, représentatif du monde dans lequel on évolue.
La francophonie, c’est quelque chose d’important pour vous ?
Oui, j’en ai fait mon cheval de bataille lors de mes deux participations à Drag Race. Dans l’univers de cette franchise, on perd beaucoup de notre essence francophone par l’utilisation d’un vocabulaire quasiment uniquement anglophone avec des termes comme « queen » ( « reine »), « slay » ( « tu défonces ») ou « runway » ( « défilé »). C’est pour ça que j’aime l’idée qu’il y ait une seconde franchise en français.
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Dans Canada’s Drag Race, les queens de la partie francophone ne sont-elles pas défavorisées, dans le sens où elles font face à un jury de la partie anglophone qui n’a pas forcément les mêmes références ? Je pense notamment à votre look évoquant Céline Dion à l’Eurovision que les jurés n’ont visiblement pas compris…
Effectivement. D’ailleurs, concernant l’exemple que vous prenez, j’ai ressenti beaucoup de soutien de la francophonie qui ne comprenait pas la réaction du jury. En participant à l’émission, on sait que le jury est anglophone et que l’émission sera tournée en anglais, mais ça n’amène qu’un seul point de vue, un seul angle. Cela a été le cas pendant toute la première saison. Par la suite, je crois qu’il y a eu deux invités de la francophonie canadienne, c’est une grande lacune. Dans la production, il y avait des gens qui parlaient français, parfois, on sentait une petite aide dans l’oreillette qui indiquait la référence. Pour revenir sur votre exemple, personne ne voyait la référence dans le jury alors que Céline avait gagné l’Eurovision avec cet ensemble affreux (rires). Au Québec, les gens s’en rappellent très bien, je fais ce numéro dans chaque spectacle de ma tournée. Je monte sur scène et les gens rient tout de suite, ils comprennent immédiatement. Sur le plateau de Canada’s Drag Race, je suis arrivée et personne n’a réagi. Parfois, il y a un clivage, c’est certain.
Vous avez déjà pris part comme candidate à deux saisons de la franchise « Drag Race ». Vous laissez la porte ouverte à une troisième participation ?
La porte est fermée, barrée, cadenassée. J’éprouve beaucoup plus de plaisir à animer qu’à participer à des concours de façon générale. Au Québec, je fais beaucoup de télé, je présente des émissions, je suis panéliste invitée et c’est ce que j’aime le plus. Je n’ai pas envie de m’infliger le stress de la compétition à nouveau. Je sais ce que c’est qu’être éveillée dans son lit tard le soir en train de s’angoisser parce que le lendemain on ne sera pas prête pour affronter le défi de la semaine. C’est pour ça que je voyais mon rôle dans Drag Race Belgique comme celui d’une figure maternelle, rassurante avec les participantes.
Ces dernières semaines, aux Etats-Unis, comme en France, des militants d’extrême droite d’en prennent aux drag-queens qui animent des lectures pour enfants dans des médiathèques. Qu’est-ce que ça vous évoque ?
C’est terriblement ridicule. D’autant plus quand on pense aux modèles qu’on avait durant notre enfance. J’ai le souvenir très précis d’avoir appris des notions importantes de la vie de la bouche d’un dinosaure mauve qui parlait et c’était tout à fait normal, ça faisait partie de l’imaginaire. Au Québec, on avait un programme qui s’appelait Robin et Stella. C’étaient deux jeunes, la personne qui incarnait Robin était une fille et c’était tout à fait normal. Maintenant, lorsqu’on traite de l’identité et de l’orientation sexuelle, ça vient toucher tout ce qui est fragile dans l’identité des personnes hétérosexuelles qui pensent qu’on a l’intention de faire du « recrutement » parmi les jeunes. Comme si on pouvait imposer à quelqu’un d’être dans la diversité sexuelle et de genre, comme si c’était un choix. C’est ridicule. C’est aussi retomber dans des idéologies qui sont complètement dépassées et fausses. La réalité, c’est que nous existons et que nous sommes légitimes. La génération qui arrive est beaucoup alerte et à l’affût des réalités des personnes « différentes » que la génération de leurs parents. Je trouve ça fantastique.
Quand le public pourra-t-il vous applaudir en France ?
Bientôt ! Je vais terminer ma tournée canadienne en décembre. Ensuite, l’idée est de faire le transfert vers la francophonie et d’autres pays. Il est aussi possible qu’il y ait des apparitions dans les prochains mois en attendant quelque chose de plus long.
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