Retour sur les traces d’une maison impulsée par le génie créatif de Kenzo Takada.
Depuis 1970, Kenzo enivre la sphère mode avec ses influences venues d’ailleurs et dénote grâce à l’obstination et au talent d’un homme, celui de Kenzo Takada. Revue en images sur les origines d'un label unique en son genre.
Une histoire sous l'étendard de la persévérance
Kenzo Takada développe très jeune une passion pour la mode et débute son parcours sur les bancs d'une école de création à Tokyo. En 1964, une fois son diplôme en poche, il décide de quitter son pays pour partir s’installer à Paris. Ses débuts s'avèrent difficiles et le succès long à venir. Il lui faut en effet six ans pour parvenir à se faire remarquer au sein de la fashion sphere. Ayant commencé sa carrière parisienne en vendant des croquis à de grands noms tels que Féraud ou Jacques Delahaye, ce n'est qu'en 1970 que débute l'histoire Kenzo. Cette année-là, Kenzo Takada présente son premier défilé dans la galerie Vivienne à Paris.
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Il ouvre également sa première boutique dédiée à la mode féminine dans la foulée, baptisée la Jungle Jap. Son style est reconnaissable entre tous, attirant l’attention et la curiosité de beaucoup de passionnés de mode. Il allie à la fois modernité et romantisme, tout en mêlant l’art occidental à ses origines orientales. Ses premières silhouettes sont confectionnées avec les moyens dont il disposait à l’époque et sont conçues à partir d’assemblage de chutes de tissus aux imprimés colorés, révélateur d'une créativité singulière. En 1993, la maison rejoint la flotte LVMH. Ce n'est que six ans plus tard que Kenzo Takada cède son poste de directeur artistique, à Gilles Rosier, pour les collections femme et Roy Krejberg pour les collections homme.
© Getty Images
En 2003, c’est Antonio Marras qui est nommé à la tête de la direction artistique avant de laisser sa place huit ans plus tard au couple de créateurs Humberto Leon et Carol Lim. En 2019, Felipe Oliveira Baptista reprend la direction artistique de Kenzo et signe le point de départ d’une ère où la modernité, fidèle à l’héritage de ma maison, règne en maître.
Une autre façon de penser la mode
Twistée d'un savant mélange de cultures, la vision colorblock de Kenzo s'est définie au fil des collections. Alors qu'une ligne homme voit le jour en 1983, la femme Kenzo, arbore quant à elle le kimono, qui réinventé et modernisé, dénote largement lors des défilés. Les textiles respirent la fraîcheur, et offrent alors une vision contemporaine de la mode sans jamais être lisse. C’est d’ailleurs cet esprit qui permet, depuis les débuts de la marque, de reconnaître la mode Kenzo d’un seul coup d’œil, sans avoir besoin d’être un initié.
© Antonio de Moraes Barros Filho
Lors de la présentation de ses collections, Kenzo opte également pour un style bien à part, en créant de vrais shows dans des lieux sortant parfois de l'ordinaire comme le Cirque d'Hiver, choisi pour le show printemps-été 2011. En 1988, la griffe française se lance sur le marché de la parfumerie. Son premier succès baptisé Kenzo, dévoile une fragrance oscillant entre des notes de mandarine et d'orange, élaborée avec une volonté de placer la féminité sur un piédestal. D’autres parfums suivront, dont les effluves variées seront tout autant appréciées. C'est en 1991 que Kenzo Takada décide d'orienter la marque vers la décoration d'intérieur, désir intimement lié à la passion qu'il éprouve en tant que collectionneur d’art. Ainsi, il s’associe à de grands noms comme Yves Delorme, Lelievre ou encore, très récemment, Arc International, pour donner naissance à Kenzo Maison.
Kenzo aujourd’hui
Nommé directeur artistique des collections femme de Kenzo en 2003, Antonio Marras conservera ,durant ses années au sein de la maison, l’âme de Kenzo Takada à travers des lignes revisitées et directement reliées à l'univers originel de la marque. De son côté, Kenzo Takada se consacre d’abord à sa passion pour l’art avant de revenir à ses premières amours. Celui-ci lance en effet, à la suite de son départ, une ligne éponyme baptisée Takada. Peintre à ses heures perdues, il est l'initiateur de plusieurs expositions. Avec Kenzo, c’est un prénom que le milieu de la mode applaudit et apprécie depuis plusieurs décennies. Plus qu’un simple créateur, Kenzo Takada a, au fil du temps, insufflé à la marque son esprit, sa passion, et ce mélange de deux cultures distinctes dont il tire toute son inspiration. La maison française poursuit dès lors son évolution, suivant ainsi de nouvelles directives afin de conserver sa place au sein d'une industrie bouillonnante, dont l'effervescence est bien souvent controversée. Mais si la fashion sphère était encore loin de laisser derrière elle l’ère du fast-fashion il y a dix ans de cela, des maisons avaient d’ores et déjà lancé la tendance de l’upcyling, à l’instar d’Yves Saint Laurent et de sa collection New Vintage. C’est donc après avoir célébré ses 40 ans lors de la Fashion Week printemps-été 2011, que Kenzo lance, une ligne upcylcée baptisée Kenzo Doll. Des silhouettes mêlant romantisme et casual entièrement conçues à base de chutes de tissus archives constituent ainsi les premières traces du label français dans le sillage d’une mode plus responsable.
© Antonio de Moraes Barros Filho
En juillet 2011, lorsque Humberto Leon et Carol Lim rejoignent le navire Kenzo, c’est une véritable renaissance qui s'opère pour des élans de vitalité et un esprit Jungle Jap impulsés depuis les débuts de la marque. Trois ans après son arrivée à la tête de la direction artistique, le duo associe la griffe à la lutte prônée par la Blue Marine Foundation. C’est donc en soutien à cette ONG qui œuvre pour la protection des fonds marins, que Kenzo annonce, suite au lancement de sa collection capsule No Fish, No nothing, l'ouverture d'un pop-up digital ludique début 2014 et signe un sweat baptisé Blue Marine quelques mois plus tard. Poussée par une volonté de concrétiser ses actions sur le long terme, la maison décide de poursuivre son engagement auprès de la fondation en dévoilant en octobre 2015, un foulard inédit.
Ces collections qui s’inscrivent tant dans l’air du temps qu’à travers les questionnements de société, Kenzo les dévoile à plusieurs reprises à travers des films. En 2015, la griffe fait en effet appel au réalisateur américain Gregg Araki pour tourner une vidéo illustrant sa collection automne-hiver 2015-2016. Univers un brin décalés, scénarios brodés jusque dans les moindres détails, la maison française sort une fois de plus des sentiers battus et initie sans le savoir une culture digitale du défilé, aujourd’hui plus que nécessaire au bon fonctionnement de l’industrie de la mode. Une prise de position assumée et appuyée par un autre changement initié par de nombreux acteurs de la fashion sphere. Bottega Veneta, Calvin Klein, Vivienne Westwood… Ces maisons avaient en effet déjà opté en 2016 pour leur propre interprétation du calendrier de la mode en présentant leurs défilés en marge de l’effervescence de la Fashion Week. Fin 2016, c’est donc au tour de Kenzo d’annoncer un tournant dans l'histoire de ses shows : la maison décide de fusionner ses défilés homme et femme. Une manière d’inscrire l’univers de la marque hors des sentiers battus qui s’illustre également par des projets et des événements spéciaux intitulés Memento, présentés quant à eux en pleine Fashion Week.
© Antonio de Moraes Barros Filho
Mais si le label français souhaite inverser le cours du temps, il n’abandonne pas pour autant son rapport à ce qui l'entoure. Un rapport au monde engagé, qui mène en 2017 à un nouveau projet cinématographique qui s’articule autour de la question “Comment habiter la Terre en 2017 ?”, le tout en célébrant la nouvelle génération du cinéma. Mati Diop, Baptist Penetticobra et Eduardo Williams sont ainsi invités à collaborer avec la marque à l’occasion de la présentation de sa collection automne-hiver 2017-2018. Olympe, TZZD, UNTITLED (juice)… Ces trois films soulèvent ainsi des réflexions sur l’avenir, le tout dépeint sur une toile de fond signée Kenzo. Ce projet fait suite au court-métrage articulé autour de la collection printemps-été 2017, intitulé Music is My Mistress, à travers lequel la maison fait dépeint un univers (tant visuel que sonore) des plus envoûtants. Cet attrait pour tout ce qui gravite de près ou de loin autour de la mode, se traduit également par des collaborations inédites comme en 2019, avec l’astrologue Susan Miller à qui Kenzo fait appel à l’occasion de la sortie du sac Tali. Véritable talisman, comme son nom l’indique, le sac Tali fait alors l’objet d’un monde virtuel imaginé l’artiste surréaliste Filip Custic, dans lequel les adeptes de la maison ont la possibilité de découvrir le modèle qui leur correspond le mieux, en fonction de leur personnalité. Savant mélange, d’art, de spiritualité et de mode, ce nouveau concept signé Kenzo propulse un peu plus la maison vers de nouveaux horizons mais ce, en s'inscrivant encore et toujours dans l’air du temps.
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Fidèle à l’actualité et à l’évolution de la société dans laquelle elle évolue, la maison française lance au beau milieu du confinement, en avril 2020, le hashtag “#stayhomewithKenzo”. L’objectif ? créer du contenu interactif et divertissant pour permettre à sa communauté d'affronter les contraintes de l’isolement. Entre workshop créatifs, échanges et dj sets, Kenzo concrétise davantage son désir d’estomper petit à petit les frontières de la mode, reliant en somme, chaque particule qui compose le macrocosme de la l'art et de la création.
Le 4 octobre 2020, Kenzo Takada s’éteint, laissant derrière lui un héritage mode aux penchants visionnaires, qui continue de perdurer à travers un flot créatif impulsé par Felipe Oliveira Baptista.
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