Jean-Paul Rouve est acteur et réalisateur. C’est dans la troupe comique Les Robins des Bois que le public l’a découvert, des sketchs et une troupe qui lui ont permis de se révéler, d’être repéré. Son jeu d’acteur a fait tout le reste, le talent aussi, évidemment ! En 2002, son rôle dans le film Monsieur Batignolles de Gérard Jugnot lui a permis de remporter le César du meilleur espoir masculin. En 2005, son incarnation d’un sosie de Michel Polnareff dans la comédie, Podium, de Yann Moix, a marqué les esprits. Puis il y a eu, Nos jours heureux d’Éric Toledano et Olivier Nakache (2006), Les souvenirs (2014) et Lola et ses frères (2018) de lui-même, ou encore Les Tuche 1,2, 3, 4 d’Olivier Baroux avec ce personnage de Jeff Tuche lui colle à la peau, car il représente des valeurs humaines qui lui sont chères.
À partir du 22 septembre 2022, du mercredi au samedi à 19h00, il sera sur la scène du théâtre Antoine avec le spectacle musical J’ai pas l’air ou comment raconter la vie d’un homme, son moi intérieur à travers la chanson française et le piano d’Alain Lanty, qui joue donc Michel Delpech, Alain Souchon, Balavoine, Barbara, Joe Dassin, France Gall.
franceinfo : J’ai pas l’air est un spectacle qui vous définit ?
Jean-Paul Rouve : J’ai l’impression oui. Je suis un passionné de chanson française. Et un jour, je me suis dit : qui sont les poètes d’aujourd’hui ? Malheureusement, la poésie telle qu’on la connaît n’est plus sur le devant de la scène. Ce sont les auteurs de chansons et quelquefois il y a des chansons, on les connaît par cœur, mais on n’écoute plus le texte, on les entend sans les écouter. Et moi, je ne suis pas chanteur, je n’ai pas cette prétention-là, mais je voulais les jouer, les interpréter pour que le public puisse les redécouvrir. En allant aussi bien dans des classiques qui sont évidemment Brel, Brassens, Barbara, mais il faut savoir qu’il y a aussi des très grands auteurs dans la chanson dite « populaire », chez Michel Delpech, chez Sardou.
Dans ‘J’ai pas l’air’, je voulais mélanger tous ces styles de la chanson française et toutes ces époques.
à franceinfo
Avec la nouvelle génération comme Orelsan ou encore le fameux Dîner de Bénabar. Ça veut dire qu’enfant, la bande-son de la maison, vous a aussi donné envie de faire ce métier quelque part ?
Bien sûr, ça tournait en boucle. Alors, moi, j’étais à Dunkerque et je me souviens qu’avec mon père, dans la voiture, on écoutait la radio sur le chemin des vacances et il y avait les tubes qui passaient. Et puis à l’époque, on n’avait pas la musique à disposition. Si on voulait entendre une chanson, il fallait mettre la radio et quand c’était un tube, ça revenait et c’est comme ça qu’on apprenait les chansons.
Est-ce que cette musique-là, les mots, la culture des mots qui est arrivée à travers ces chansons, vous a donné davantage envie de monter sur scène ?
C’est la seule raison pour laquelle je suis monté sur scène. Je ne voulais pas monter sur scène. Je me disais : je n’ai pas envie de faire théâtre… Et on me demandait : « T’aimerais faire un seul en scène ? » Je répondais : non, ça surtout pas. Je suis incapable de faire ça. C’est exactement ce que je fais. Donc quand je dis quelque chose, il ne faut jamais m’écouter !
Que représente le théâtre pour vous ?
J’ai commencé par là. En fait, je ne pensais pas faire de cinéma. On ne pense pas à ça quand on fait ce métier. Moi, je suis allé au cours Florent et on travaillait les textes, les grands auteurs, Molière et puis après, je me retrouve sur scène avec les Robins des Bois…
Que vous créez d’ailleurs ! Vous avez eu besoin de prendre votre vie en main à chaque fois.
Pourquoi ? C’est parce qu’on ne vient pas vous chercher, c’est simple.
Il y a tellement de comédiens que vous vous créez votre outil parce que personne ne vient vous chercher. On a décidé de monter une pièce avec les Robins des Bois parce qu’on avait envie de faire ce métier et c’est ça qui a fait que ça a marché.
à franceinfo
Après, je n’ai pas eu vraiment envie de retourner au théâtre. Moi, je fais ce métier aussi parce que ça change tout le temps. Quand on fait un tournage, c’est jamais pareil, alors que quand on est au théâtre, on a rendez-vous tous les jours. Et là, j’ai commencé les répètes, ça m’a plu, mais je ne me sentais pas chez moi. Je me sentais invité comme quand vous êtes dans une maison de location. Et depuis qu’on est revenus de vacances et qu’on a recommencé à répéter là, j’ai fait une proposition d’achat sur la location et je suis en train d’acheter. Je commence à devenir propriétaire et c’est là où on se sent bien, quand on est chez soi.
J’ai l’impression que ce spectacle va révéler quelque chose de particulier chez vous et que vous en aviez besoin.
Je ne sais pas si j’en ai besoin. Alors oui, ça révèle quelque chose parce que ce sont des chansons que j’aime donc elles reflètent une partie de moi. Si je regarde dans votre téléphone vos playlists, ça reflète une partie de vous. Moi, je n’aime pas trop qu’on aille dans mon téléphone regarder ma playlist parce qu’en effet, ça reflète l’intime.
Est-ce que tout ce parcours, tous ces rôles et le fait, aujourd’hui, de monter sur scène vous ont permis de vous trouver, de vous faire du bien, de prendre aussi confiance en vous ?
Oui, oui, c’est ça. Après, on n’a jamais confiance. Il faut toujours se dire qu’on repart à zéro quand même. Même si on a de l »‘expérience », le premier jour sur une scène, ça reste un premier jour. Il faut quand même du temps, même si la confiance arrive, et heureusement. En fait, ce qui m’intéresse là maintenant, c’est une mise en danger et les rencontres. C’est un mélange des deux. C’est ça qui m’a enrichi.
Si on devait vous définir à travers une chanson qui vous colle définitivement à la peau, ce serait laquelle ?
Il y a une chanson qui est géniale, écoutez les paroles de Le bagad de Lann-Bihoué. C’est une chanson d’Alain Souchon qui dit : « Tu la voyais pas comme ça ta vie. Pas d’attaché-case quand t’était p’tit. Ton corps enfermé costume crétin. T’imaginais pas j’sais bien. Moi aussi j’en ai rêvé des rêves tant pis. Tu la voyais grande mais c’est une toute petite vie..« . Et j’écoutais ces paroles quand j’étais ado et me disais : justement, je ne veux pas de cette vie-là. Il faut réaliser ses rêves, il vaut mieux se tromper que de ne pas essayer.
Alors à quoi rêviez-vous enfant ?
À faire ce métier.
Heureux de l’homme que vous êtes devenu ?
Oui, oui, quand même. Oui, si je peux le dire.
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