• Ne jamais rêver, c’est possible ?
  • L’exception du cauchemar
  • Les non-rêveurs sont-ils de meilleurs dormeurs ?
  • Comment se souvenir de ses rêves ?

Je suis de celles et ceux qui ne se souviennent – quasiment – jamais de leurs rêves. Et si beaucoup m’ont rabâché, au fil des années, qu’il est impossible d’échapper aux songes, j’ai toujours été dans un entre-deux étrange, où les seuls rêves dont je gardais une trace étaient mes cauchemars. 

Ainsi, j’ai souvent jalousé mes proches qui tenaient des carnets de bord, et qui se précipitaient sur Internet dès le petit-déjeuner pour interpréter ce qu’ils/elles avaient vu dans leur sommeil.

J’en suis donc venue à me poser la question fatidique : est-ce que je suis normale ? Et puis-je conditionner mon cerveau pour qu’il se souvienne enfin de mes songes ? Dr Pascale Ogrizek, médecin généraliste et spécialiste du sommeil de l’adulte et de l’enfant, nous répond. 

Ne jamais rêver, c’est possible ? 

Tout d’abord, la spécialiste tient à rassurer : “tout le monde rêve, c’est normalement impossible de ne pas le faire. Mais pas toutes les personnes sont égales face au souvenir. D’ailleurs, les femmes ont tendance à plus se remémorer leurs rêves que les hommes”, indique-t-elle d’entrée. 

À noter qu’il existe des cas exceptionnels de « non-rêveur », quand des lésions au cerveau sont observées chez des patients ayant été victime d’un accident vasculaire cérébral, ou souffrant du syndrome de Charcot-Willebrand, comme le souligne Pour la Science. 

Durant la phase de sommeil paradoxal, les rêves sont plus construits et élaborés, donc plus mémorables.

Généralement, donc, si vous avez l’impression de ne pas rêver, c’est juste que vous ne vous souvenez pas des scénarios imaginaires qui vous ont envahi dans la nuit. 

On fait plusieurs rêves par nuit, pendant chaque phase de sommeil. Mais nous sommes plus susceptibles de nous souvenir du songe à la fin du stade de sommeil paradoxal, parce que c’est un moment très particulier de la nuit. Notre tonus musculaire ne répond plus, c’est un peu comme si on était paralysé et que seul notre cerveau était en activité. À ce moment-là, les rêves sont plus construits et élaborés, donc plus mémorables », explique la médecin du sommeil. 

Et s’il vous est impossible de vous remémorer vos rêves, c’est parce que, pour cela, il faut se réveiller tout de suite après la phase de sommeil.  “L’idéal, c’est d’être conscient dans les 10 minutes qui suivent la fin du stade paradoxal, et plus on s’éloigne de ces 10 minutes, moins on a de chances de savoir de quoi était fait notre rêve”, poursuit la spécialiste. 

L’exception du cauchemar 

Bien que je ne me souvienne que de très peu de mes rêves, il y a un type particulier qui me marque toujours : le cauchemar. Une situation qui s’explique simplement pour Dr Pascale Ogrizek. 

“Quand on rêve des choses du quotidien, ça n’a pas forcément d’intérêt pour nous, donc c’est normal que ça ne nous marque pas forcément. Mais dans le cas du cauchemar, c’est différent, parce que c’est une expérience traumatisante où, souvent, les émotions violentes nous réveillent. Comme le cauchemar est encore tout frais dans notre mémoire, impossible d’y couper, comme on est souvent bien réveillé”, explicite-t-elle. 

Cela s’applique également aux songes qu’elle qualifie “d’étranges”, comme ceux où l’on vole, par exemple. 

Les non-rêveurs sont-ils de meilleurs dormeurs ? 

Mais si l’on part de l’idée que celles et ceux qui se souviennent le moins de leurs rêves se réveillent moins, les rêves perturbent-ils la qualité du sommeil ? Pour Dr Pascale Ogrizek, c’est, encore une fois, une croyance peu fondée. 

“Nombreuses sont les personnes qui rêvent beaucoup et qui se plaignent que ça les fatigue. Hors, la plupart de ces personnes font des phases de micro-éveils, et non de l’insomnie, auquel cas, ils ne se souviendraient pas avoir rêvé, comme ils n’auraient pas dormi. Comme ils se réveillent beaucoup plus, ils ont l’impression qu’ils sont plus fatigués au réveil, mais quand la personne est en bonne santé, il n’y a pas de raison.

De la même manière, on n’a pas forcément un meilleur sommeil quand on ne se souvient pas de ses rêves”, raconte l’experte.

Il n’y a pas d’inquiétude à avoir car, comme la qualité du sommeil, la capacité à se remémorer ses rêves est très variable.

Tout comme la qualité du sommeil, la capacité à se remémorer ses songes dépend de chaque personne. “Il n’y a pas d’inquiétude à avoir car c’est très variable. Ça dépend de l’âge , de l’environnement, de la personnalité, des capacités visuelles et créatrices, mais surtout de l’intérêt qu’on y porte”, appuie la médecin généraliste. 

Comment se souvenir de ses rêves ?

Et ici serait la clé : celles et ceux pour qui le monde onirique n’est pas forcément une préoccupation vont avoir tendance à ne pas se souvenir de leurs songes. Ce qui induit qu’on peut tout à fait entraîner notre cerveau à se les remémorer. 

“Si, dès qu’on ouvre les yeux le matin, la première chose à laquelle on pense c’est ‘est-ce que j’ai rêvé ?’, et qu’on tente de se remémorer les événements fictifs de la nuit, alors ça revient, si on s’entraîne. Le cerveau a besoin de gymnastique et d’habitudes, alors si on ne prend pas le temps d’y penser, et qu’on est directement happé dans l’activité de la journée, c’est normal qu’il ne s’embête pas à revenir sur les songes de la nuit passée”, argue-t-elle. 

Et s’il n’y a pas de réels bénéfices à se souvenir de ses rêves, Dr Pascale Ogrizek conseille tout de même, si le cœur vous en dit, de les embrasser. “Ils peuvent être très enrichissants et parfois même nous faire passer des messages. Après tout, ce sont des expériences”, sourit-elle. 

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