• Kitty Space a été éliminée à la fin du troisième épisode de la saison 2 de Drag Race France diffusé vendredi 14 juillet sur France 2. « J’ai perdu mes moyens de stress et de fatigue », confie-t-elle à 20 Minutes.
  • « J’ai reçu plein de messages, de personnes de toutes origines, me disant « Ah, enfin une représentation asiatique ! » Cela me faisait plaisir. J’avais peur qu’on me dise que je n’étais qu’un quota. Mais les réactions me montrent que ce n’est pas du tout le cas », déclare Kitty Space.
  • Kitty Space regrette de ne pas avoir pu participer à l’épreuve du « Snatch Game » ( « J’aurais pu montrer que j’étais bonne en comédie, que j’avais le sens de l’humour ») ni à celle du ball (« Parce que c’est un défi de couture et que je suis styliste. »)

« Laissez-moi rester », a-t-elle posté avec humour sur son compte Instagram à la suite de son élimination. Une allusion à son look Dalida et à la chanson Laissez-moi danser sur laquelle elle a tenté de sauver sa place dans la compétition. Kitty Space a donc quitté la saison 2 de Drag Race France à l’issue du troisième épisode diffusé sur France 2. La drag-queen de 27 ans est partie la tête haute, fière d’être la première candidate asiatique de l’adaptation tricolore de l’émission. Pour 20 Minutes, l’artiste revient sur son parcours, confie avoir hésité à jouer avec les clichés et révèle la personnalité qu’elle envisageait d’incarner lors de l’épisode sur « Snatch Game »…

Au cours de ce troisième épisode, on vous a vue en difficulté lors du maxi-défi où vous deviez incarner une vendeuse de télé-achat. Comment l’avez-vous vécu ?

C’était assez éprouvant pour moi parce que je n’ai pas fait ce que je voulais faire. J’ai eu l’impression d’avoir déçu les gens et je me suis déçue moi-même. Je me suis dit « C’est ça que le public va voir de moi et c’est la honte, en fait. » Je sais que je peux être très drôle et forte en improvisation. Mes amis, après avoir vu l’épisode, m’ont dit qu’ils ne m’avaient pas reconnue, que ce n’était pas moi.

Qu’est-ce qui vous a déstabilisée ?

Je me mettais trop de pression. Au départ, je voulais faire un autre personnage pour le maxi-défi, mais j’avais peur de froisser quelqu’un. J’étais trop dans ma tête, j’ai trop pensé au politiquement correct. J’ai perdu mes moyens de stress et de fatigue.

Vous aviez une idée plus provocatrice ?

En fait, mon idée était de partir d’un stéréotype. Comme j’incarnais une vendeuse de télé-achat, j’ai songé au cliché sur les Asiatiques qui essayent de te refourguer des choses de mauvaise qualité sur les marchés. Je voulais montrer que nous, les Asiatiques, pouvons avoir de l’autodérision mais qu’il n’y a que nous qui avons le droit de faire ces caricatures. Je me disais aussi que c’était une manière de casser le cliché. Mais j’avais peur que ce ne soit pas bien pris par la communauté asiatique. Je me suis posé trop de questions. Quand j’ai joué aux autres le sketch que j’avais envisagé, ils étaient morts de rire et m’ont dit que j’aurais dû le faire. J’aurais dû m’écouter plutôt que de chercher à plaire à tout le monde.

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Avant de partir vous avez déclaré : « J’espère avoir rendu fières mes sœurs asiatiques »…

Aujourd’hui, je peux dire que je suis fière. J’ai reçu plein de messages, de personnes de toutes origines, me disant « Ah, enfin une représentation asiatique ! » Cela me faisait plaisir. J’avais peur qu’on me dise que je n’étais qu’un quota. Mais les réactions me montrent que ce n’est pas du tout le cas. Je ne sais pas si les gens m’attendaient ou pas, mais je me dis que s’ils étaient contents de me voir, c’est qu’ils avaient envie de voir davantage de diversité. Mes sœurs des Rice Queens [un collectif de drags asiatiques dont Kitty Space fait partie] m’ont dit qu’elles étaient très fières, elles m’ont même fait une petite vidéo, c’était trop mignon.

Le collectif des Rice Queens a vu le jour à Paris pour mettre en lumière les drag-queens asiatiques et après avoir fait le constat qu’elles étaient rarement, voire pas du tout, conviées à rejoindre l’affiche des principaux shows drags. Les choses s’arrangent de ce côté-là ?

Il faut que ça change encore. Ce n’est pas acquis. J’espère qu’on sera davantage bookées et pas uniquement moi parce que j’ai fait « Drag Race ». J’aimerais que mes sœurs des Rice Queens soient aussi sollicitées. Il y a de plus en plus de diversité dans les shows drags, mais le chemin est encore long pour inclure des artistes racisés, des drags kings, des créatures. Il y a quand même de grandes scènes de shows drags parisiennes qui ne font jamais appel à nous. En fait, on voit souvent les mêmes gens tourner.

Au cours de l’épisode, vous évoquez aussi « le petit garçon qui [souffre] énormément derrière cette drag-queen ». Kitty Space aide ce garçon ?

Et le garçon aide aussi Kitty. Je n’ai pas du tout confiance en moi. En tant que garçon, j’ai subi beaucoup de moqueries et de rejets, y compris par des proches. J’en ai souffert, j’en souffre encore. C’est vrai que, parfois, Antoine [son prénom à l’état civil] a pu se cacher derrière Kitty pour avoir davantage confiance. Comme je l’ai dit dans l’émission, faire du drag m’a paradoxalement permis de m’accepter en tant que garçon. Mais il faut savoir qu’Antoine donne beaucoup à Kitty, qu’il fait pas mal de concessions et de sacrifices – j’ai donné beaucoup de temps et d’argent pour qu’elle puisse briller. J’aimerais parfois qu’Antoine brille aussi. Je veux que les gens sachent que derrière les drags il y a des personnes, des hommes, des femmes, qui se donnent corps et âme pour que la personnalité drag puisse vivre et briller.

Que regrettez-vous de ne pas avoir pu montrer ?

Je regrette le « Snatch Game » [une épreuve en forme de jeux télévisé où les drags doivent incarner des célébrités] parce que j’avais vraiment un bon personnage et j’aurais pu montrer que j’étais bonne en comédie, que j’avais le sens de l’humour. Je voulais aussi faire le ball, parce que c’est un défi de couture et que je suis styliste. Je pense avoir montré de très bons looks dans l’émission et là, j’avais particulièrement envie d’en présenter un, qui m’aurait peut-être permis de remporter le challenge.

Qui auriez-vous incarné au « Snatch Game » ?

Louis de Funès. C’est un acteur que j’aime depuis que je suis tout petit. Ma grand-mère, mes parents, regardaient ses films. Je les connais tous par cœur, j’ai toutes les références. Je l’imite très bien. Il m’a aidé dans mon enfance. J’étais souvent tout seul en primaire, au collège, et les films avec de Funès me faisaient rire et me permettaient de m’évader. Et puis, il est une figure mythique du cinéma français ! Je n’avais pas envie de faire une personnalité asiatique. Cela aurait été trop simple. Etre grimée en acteur blanc et âgé, c’était un défi plus grand et loufoque. Je posterai une vidéo sur Instagram, j’espère que les gens seront convaincus !

Où peut-on venir vous applaudir prochainement ?

J’anime les viewing parties [visionnages publics] au Who’s (Paris 4e) les vendredis, sauf le 21 car je serai à Toulouse à la soirée de Lova la Diva à La Cocotte Fleurie. Je ne pourrai pas y être car cela tombe aussi un vendredi, mais le 28 juillet, il y a un show Rice Queens à La Folie (Paris 19e).

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