Jurée de l’émission “Le Meilleur Pâtissier” sur M6 depuis 2012 et blogueuse culinaire, Mercotte nous entraîne, entre lacs et montagnes, dans une promenade gourmande sur les rives des lacs alpins qu’elle affectionne.
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France Dimanche : Vous êtes une vraie Savoyarde…
Mercotte : Oui, je suis savoyarde et fière de l’être. Née à Aix-les-Bains, j’ai vécu toute ma vie dans cette région. Je suis installée à la campagne près de Chambéry, à Saint-Alban-Leysse. Tout est tellement beau avec ces lacs, la montagne. C’est sain, c’est vif, on respire ! Et on ne se bouscule pas. On prend le temps de vivre. Les gens sont « normaux », souriants.
FD : Qu’appréciez-vous tant ?
M : Il y a d’abord ces trois lacs magnifiques : le lac du Bourget, cher à Lamartine, le lac d’Annecy, le plus propre de France ! et le Léman. Et puis la montagne, si proche, avec ses alpages. Ce n’est pas compliqué : la douceur de vivre est partout.
FD : Quand vous n’êtes pas aux fourneaux, que faites-vous ?
M : D’abord, j’ai l’âge de me laisser vivre un peu ! [rires]. Je dis cela mais je suis toujours hyperactive. Je cuisine un peu moins. Mon plaisir numéro un est d’aller me régaler au restaurant. Tous les jours, je descends à pied en ville (une marche de 7 km environ), c’est bon pour la santé. Je pâtisse pour mes voisins, mes dix petits-enfants et pour mes collègues de France Bleu. Heureusement que j’ai de nombreux goûteurs professionnels, car je ne peux pas tout goûter ! Je teste de nouvelles recettes que je publie ensuite sur mon blog. Je ne manque pas d’aller au marché pour retrouver des amis. On papote ; on boit le café le samedi matin, en mangeant des viennoiseries. L’avantage de vieillir dans l’endroit où l’on a toujours vécu, c’est que l’on connaît tout le monde.
FD : Ici, vous n’êtes plus la star de la télé ?
M : Non, je ne suis pas la star. Je suis Mercotte normale.
FD : Parlons cuisine. Quelle est la spécialité locale que vous aimez ?
M : J’adore le lavaret, un poisson du lac du Bourget, appelé féra sur le Léman. Quand on maîtrise bien sa cuisson, quel délice !
FD : Les fromages pour lesquels vous avez un faible ?
M : Je craque pour le beaufort appellation « Chalet d’alpage », le nec plus ultra. Il y a aussi le bleu de Termignon en Haute-Maurienne fait avec le lait cru des vaches savoyardes ! Et puis, le persillé de Tignes, mi-chèvre mi-vache, c’est un fromage rare. Il n’y a plus qu’une seule productrice.
FD : Côté gâteau, êtes-vous la reine du biscuit de Savoie ?
M : Presque ! J’ai ma formule à moi pour le réussir : il est moins sucré et se prépare très vite ! Mais il est toujours léger et aérien. On peut le cuisiner au chocolat. L’autre jour, je l’ai même fait au café. Un régal. Je n’ai rien inventé, j’ai juste adapté une recette. Je ne suis pas pâtissière, seulement une amatrice éclairée.
FD : La retraite, vous y pensez ?
M : J’ai commencé à travailler à l’âge de la retraite justement… J’ai lancé mon blog en 2005. Depuis les années 80, j’ai écrit une dizaine de livres de recettes, et puis j’ai commencé à faire de la télé il y a vingt ans !
FD : À 80 ans, êtes-vous une « mamie gâteau » pour vos petits-enfants ?
M : Mon bonheur est de les inviter dans un restaurant étoilé. Je leur forme le goût pour qu’ils connaissent les bonnes choses, qu’ils apprécient les produits du terroir et qu’ils se régalent. Dès qu’une occasion se présente, je les emmène. Et puis, je leur prépare aussi souvent des gâteaux. Comme je me lève toujours à 4 heures du matin, j’ai du temps pour ça et je pâtisse !
Sa Savoie gourmande !
Au printemps de cette année, l’épicurienne Mercotte a publié son dernier opus, La Savoie gourmande (éd. Flammarion), dans lequel elle témoigne de sa rencontre avec les grands chefs, pâtissiers, artisans et vignerons des deux Savoies pour raconter leurs histoires et des anecdotes. Sans oublier de donner quelques-unes de leurs recettes : « Je me suis éclatée à l’écrire. C’est un livre sans filtre dans lequel mes amis les chefs se sont confiés en toute liberté… »
Ses 3 restaurants préférés
Flocons de sel, le trois-étoiles d’Emmanuel Renaut à Megève, une cuisine « virile » comme l’est ce chef sincère, montagnard, amoureux des champignons.
Le Clos des sens de Laurent Petit à Annecy-le-Vieux, autre trois-étoiles, pour sa cuisine lacustre et végétale. Il possède un immense potager en permaculture. Tous ses produits viennent d’un rayon de 80 km autour de chez lui.
L’Auberge du Père Bise qu’a repris Jean Sulpice à Talloires, un lieu unique situé au bord du lac d’Annecy.
Alicia COMET
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