Le 16 novembre 2019, à l’occasion du Vogue Paris Fashion Festival en partenariat avec Swarovski, Pierre François Le Louët, président de Nelly Rodi, Jolanta Bak, présidente de l’agence de conseil en innovation et gestion de marque Amarcord et Christopher Wylie, lanceur d’alerte et directeur de la recherche au sein du département intelligence artificielle du groupe H&M, étaient invités pour répondre à la question suivante : le monde de demain sera-t-il radicalement différent en vue des tendances de fond et des signaux faibles ?

En amont des grandes tendances sociétales : les signaux faibles. Ils ébauchent, pour ceux qui savent les décoder, des trajectoires qui définissent les enjeux d'après-demain. Dans un monde en profonde mutation, comment les anticiper ?

Pierre François Le Louët, Jolanta Bak et Christopher Wylie

© Jean Picon

De nos jours, de plus en plus de marques, maisons, entreprises, utilisent l'intelligence artificielle et la data qu'elle produit pour définir une tendance. Une utilisation en expansion depuis quelques années, comme l'explique Christopher Wylie, lanceur d'alerte et directeur de la recherche au sein du département intelligence artificielle du groupe H&M :

"Si vous dites le mot audacieux, sexy ou avant-garde, c'est quelque chose de directement compréhensible pour toute le monde, les gens comprennent la vision d'une allure audacieuse. Maintenant, essayez d'expliquer à un ordinateur ce que veut dire audacieux… Prenons l'exemple du corset pour les femmes : à l'époque, une femme en corset était considérée comme apprêtée. Aujourd'hui, si la même femme marchait avec le même corset dans les rues, ce serait considéré comme quelque chose d'audacieux ou risqué. Pourtant, c'est le même objet et le même style, mais le contexte est différent. Essayez d'expliquer ce qu'est le concept à un ordinateur… De nos jours, avec l'intelligence artificielle, il faut définir à un ordinateur quel est le contexte dans la mode. C'est un problème intéressant, et j'espère que les data scientists seront plus engagés lorsqu'il s'agit de l'univers de la mode."

Si la data peut de nos jours nous aider à dessiner les contours d'une tendance, on ne peut pas se limiter à elle pour les définir entièrement. Ce qui est tendance pour une jeune parisienne ne le sera probablement pas pour une personne âgée vivant au Texas. C'est dans ce cadre que la data peut nous aider à être plus spécifique à propos d'une tendance : de savoir d'où elle vient, à qui elle s'applique, mais surtout pendant combien de temps elle va exister. Malgré tout, on ne peut pas se limiter à la data, il faut à tout prix prendre en compte le côté humain, comme le souligne Pierre François Le Louët, président de Nelly Rodi :

"Dans quelques mois, en France il ne sera plus possible de détruire des invendus, spécialement dans le domaine de la mode. L'industrie doit donc se développer d'autant plus afin d'être plus responsable, et adopter les bons outils pour y réussir. Mais cela ne suffit pas, ces outils nous aident mais ils ne peuvent pas remplacer une équipe créative, un créateur, un designer, ils nous aident à mieux faire notre travail, mais nous avons besoin de vraies personnes, qui se basent sur ces outils mais qui réfléchissent et créent avec leurs cerveaux. On en revient à l'importance du contexte, mais aussi de la culture."

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