Trois millions de personnes souffrent d’insuffisance rénale chronique en France, mais beaucoup l’ignorent car la maladie évolue en silence. Lorsqu’elle est détectée, les reins sont souvent déjà atteints de manière irréversible. Mieux vaut donc adopter des mesures de prévention efficaces.

5 à 10 % des Français ont des reins défectueux sans le savoir, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Le nombre de patients touchés ne cesse d’augmenter : il progresse d’environ 2% par an, en raison notamment de nos modes de vie modernes qui poussent à consommer trop de sucre, de sel et de protéines. Les conséquences sont désastreuses : la destruction progressive des reins se solde par une qualité de vie très dégradée.

« Et faute de dialyse ou de greffe, l’insuffisance rénale terminale est mortelle », souligne le Pr Gilbert Deray, chef du service néphrologie à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière. En revanche, si elle est dépistée à temps, la maladie peut être maîtrisée et son évolution stoppée.

Les reins, des organes indispensables

Le rôle des reins est méconnu. Ces organes en forme de haricot, longs de 10 à 12,5 cm selon les individus, ne filtrent pas seulement le sang pour éliminer les toxines, les déchets et les sels minéraux en excès. Ils exécutent de nombreuses autres fonctions vitales. Ils contrôlent le volume du sang en circulation et produisent plusieurs hormones essentielles.

Ils assurent la fabrication de la rénine, qui régule la tension artérielle, et de l’érythropoïétine qui booste le renouvellement des globules rouges. « Sans rein, la vitamine D ne peut pas non plus être activée, ce qui perturbe l’absorption du calcium par l’intestin et sa fixation sur les os », explique le Pr Deray. Lorsque les reins n’assurent plus leurs missions, le bon fonctionnement du corps est donc sérieusement menacé.

Les ennemis du rein 

« Près de la moitié des insuffisances rénales sévères sont causées par le diabète ou l’hypertension artérielle », assure le Pr Deray. En détériorant peu à peu les vaisseaux sanguins, ces deux maladies endommagent en effet les reins et provoquent à terme leur défaillance.

« La surconsommation d’anti-inflammatoires, tel que l’ibuprofène, est aussi un désastre pour les reins », constate le néphrologue. Certains antibiotiques sont également nocifs pour les reins, tout comme le tabagisme qui double le risque d’insuffisance. L’abus de laxatif ou de diurétiques est aussi en cause, tout comme les régimes amaigrissants hyperprotéinés dont la répétition fatigue énormément les reins.

Chez l’enfant, l’insuffisance rénale résulte en revanche souvent d’une affection congénitale de l’appareil urinaire ou d’une maladie génétique, comme la polykystose (caractérisée par la présence de kystes qui envahissent les reins).

Les femmes plus vulnérables face aux maladies rénales

La population féminine est davantage à risque car elle souffre plus souvent d’infections urinaires dans la mesure où leur urètre est plus court que chez les hommes. Ces dernières s’avèrent généralement sans gravités. Mais lorsqu’elles ne sont pas traitées rapidement, les germes peuvent remonter jusqu’aux reins (pyélonéphrite) et y causer des dommages irréversibles. 1% à 2% des infections urinaires chez la femme seraient ainsi à l’origine d’une insuffisance rénale chronique.

Lors de la grossesse, les reins sont également mis à rude épreuve : entre les cystites plus fréquentes et les risques de pré-éclampsie (hypertension artérielle associée à un taux élevé de protéines dans les urines), ils fatiguent à outrance. Les risques de maladie rénale seraient multipliés par six chez la femme enceinte, selon la Fondation du Rein. Et ils augmentent encore en cas de saignements abondants au cours de l’accouchement. Pour limiter l’hémorragie, les vaisseaux des reins se contractent de manière importante, ce qui entrave l’approvisionnement en oxygène des tissus avoisinants. Résultat : ceux-ci peuvent se nécroser et altérer le fonctionnement des reins.

La prise répétée de compléments alimentaires, fréquente chez les femmes notamment à la ménopause, peut également représenter un danger pour les reins.

Les signaux d’alerte à ne pas négliger

« Sauf en cas de colite néphrétique, les reins ne font jamais mal lorsqu’ils sont atteints, précise le Pr Deray. Ils peuvent se dégrader sans qu’on le sache ». D’où l’importance du dépistage et de la prévention. Quand l’insuffisance rénale s’installe, le seul symptôme est l’hypertension, dont souffre 90% des malades.

Mais d’autres signaux avant-coureurs, peu spécifiques, peuvent se manifester, comme une grande fatigue à l’effort, un manque d’appétit ou un mauvais goût dans la bouche. Au moindre doute, mieux vaut donc vérifier l’état de ses reins, surtout si on est fumeur, diabétique ou hypertendu. La maladie rénale se dépiste par deux examens de laboratoire très simples : la recherche d’albumine dans les urines et le dosage de la créatinine dans le sang.

Mais la meilleure arme reste bien sûr la prévention. Pour éviter la dégradation de vos reins, limitez considérablement l’absorption de sel – qui favorise l’hypertension – et de sucre – qui élève la glycémie et génère l’apparition du diabète de type 2-. Ne dépassez jamais la posologie indiquée par le médecin ou le pharmacien lorsque vous prenez des médicaments, surtout si il s’agit d’anti-inflammatoires. Une activité physique régulière et l’arrêt du tabac sont également conseillés.

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