« Ce n’est pas comme ça qu’on doit rendre justice à des femmes violées. » Sur une vidéo partagée plus de 10 000 fois jeudi 30 juin 2022, Karine, 25 ans, émue aux larmes, a dénoncé la peine de prison prononcée pour son violeur.
Mercredi 29 juin, Bamdad A., chauffeur de taxi, est reconnu coupable par la cour d’assises de l’Essonne pour deux viols et une agression sexuelle en l’espace de quelques mois, en 2016, à Massy (Essonne) et à Paris.
La vidéo après la décision de justice
Il est alors condamné à six ans de prison, quatre assortis d’un sursis probatoire et deux ferme, mais aménageables, précise Le Parisien. Il ressort donc libre du tribunal.
Une décision de justice qui a bouleversé et mis en colère, Karine, une des trois victimes de Bamdad A. « C’est-à-dire qu’il n’ira juste pas en prison« , résume-t-elle, tentant de contenir ses larmes, devant le tribunal d’Évry-Courcouronnes.
Je me suis effondrée. C’était comme un coup de couteau dans le cœur.
« Tout ça n’est pas juste », fond ensuite Karine en larmes, appelant à partager sa vidéo et contacter les médias pour faire entendre son histoire.
Contactée le lendemain par Le Parisien, elle revient sur l’annonce du verdict : « J’ai d’abord entendu qu’il était coupable des deux viols et de l’agression sexuelle, puis j’ai entendu six ans, dont deux ferme, alors je me suis effondrée. C’était comme un coup de couteau dans le cœur ».
Au procès, l’avocat général avait réclamé une peine beaucoup plus lourde : douze ans de réclusion criminelle (la peine maximale étant de quinze ans), assortis d’un suivi socio-judiciaire de sept ans.
Un comportement récidiviste
Un « grand décalage entre la peine et les réquisitions » que constate le parquet d’Évry-Courcouronnes. « Nous avons donc pris la décision de faire appel », annonce jeudi 30 juin la magistrature.
À la barre, Karine a raconté le viol dont elle a été victime, en 2016. Le chauffeur de taxi l’a fait « monter à l’avant et il [lui] montré une vidéo de lui en plein ébat sexuel. « Il a tenté de me faire deviner la taille de son sexe. Il a tout de suite abordé ce sujet. »
Il devient très insistant et il me force à lui faire une fellation.
Ensuite, alors que la voiture est arrêtée dans un lieu isolé, il lui demande de passer à l’arrière. « Au départ, il montrait une face cool, pour mettre en confiance. Il prétend que tout ça n’est qu’un jeu. Puis il change d’un coup de comportement, il devient très insistant et il me force à lui faire une fellation. Il a arrêté lorsque je l’ai supplié. Et lorsque je suis partie, il est redevenu sympa, comme si de rien n’était. »
Sa plainte, déposée dans le 12e arrondissement de Paris, permet de relier son histoire à celle de deux autres jeunes femmes, elles aussi âgée de 18/19 ans au moment des faits. Bamdad A. proposait en fait des courses gratuites à des jeunes femmes, afin de s’attirer ensuite leurs faveurs.
Par ailleurs, l’accusé était jugé en état de récidive légale par la cour d’assises. Dix mois avant les viols, il a été condamné à un an de prison avec sursis pour agression sexuelle sur une mineure.
La situation « familiale », avant la « gravité » des actes
La cour d’assise a bien rappelé, dans ses motivations, la « gravité » et la « multiplicité des faits » sur des victimes « en état de vulnérabilité ».
Elle a aussi retenu les viols, estimant que la « contrainte morale » était bien caractérisée. « Notamment au regard de la forte insistance et de la pression physique exercée par Bamdad A. dans un habitacle fermé », précise Le Parisien.
Pourtant, dans son verdict, la cour a retenu la bonne insertion professionnelle de Bamdad A., sa situation « familiale ».
« En fait il a eu cette peine là parce qu’il a eu un enfant, il y a deux enfant. Et on veut pas briser la vie d’un père », dénonce Karine dans sa vidéo, avec un difficile et douloureux ton sarcastique.
Aucune infraction depuis 2016 n’a été portée contre Bamdad A, et il est suivi depuis 10 ans par un psychothérapeute. Si il a nié tout acte non consenti, l’ancien chauffeur de taxi a reconnu avoir eu un comportement « lourd » et « insistant », ainsi qu’avoir utilisé son taxi pour « draguer ».
Dans l’attente d’un nouveau procès, Bamdad A. est ressorti libre.
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