- Hypersensibilité : un pan de la personnalité et pas une pathologie
- Qui consulter pour nommer son hypersensibilité ?
- De l’importance de mettre un mot sur ses maux
Voilà près de deux ans que Mathilde, 27 ans, se sait hypersensible. “Avant que mon psy ne pose le mot, je savais déjà que quelque chose clochait dans mes réactions, dans mon ressenti du monde autour de moi. Mais par contre, je ne savais pas l’expliquer”, nuance-t-elle d’entrée.
Alors, quand le professionnel de santé évoque l’idée qu’elle puisse être hypersensible, la jeune femme “comprend”. “C’est bête, mais c’est un peu comme si je me trouvais. Et surtout, j’avais désormais une ‘excuse’ pour justifier ce sentiment d’être ‘à côté’ face à certaines personnes qui ne comprenaient pas”, continue-t-elle.
Mais dans son récit, pour ne pas user du mot “diagnostic”, Mathilde parle d’une “étiquette” salvatrice. Car, comme le souligne Charlotte Wils, psychopraticienne et coach spécialiste de l’hypersensibilité, « on ne peut pas être diagnostiqué hypersensible« .
Hypersensibilité : un pan de la personnalité et pas une pathologie
“Tout simplement parce que ce n’est pas une pathologie, mais bien un pan de notre personnalité. On ne parle pas de symptômes, mais de caractéristiques”, ajoute-t-elle. Utiliser ce terme en lien avec hypersensibilité s’apparente à parler d’un diagnostic pour attribuer des traits tels que la patience ou la gentillesse à une personne.
Pour autant, si se savoir hypersensible est aussi bénéfique que Mathilde l’explique – “ça m’a permis de m’identifier à d’autres personnes”, explicite la jeune femme – comment déceler cette nature, sans la colorer d’un aspect médical ?
“Je pense qu’on peut plutôt parler d’un avis extérieur, d’un retour de professionnel, plutôt que d’utiliser un terme médical qui connote l’hypersensibilité comme quelque chose découlant d’un trouble”, répond Charlotte Wils.
Qui consulter pour nommer son hypersensibilité ?
Toutefois, tous les hypersensibles ne ressentent pas la nécessité de voir un.e spécialiste valider leurs sensations et ressentis. À l’image de Laura, 30 ans.
“Moi je n’ai jamais eu besoin d’avoir une confirmation parce que je sens que mon hypersensibilité fait partie de moi et que j’ai toujours été ‘en plus’. En me renseignant sur mes maux et en lisant beaucoup de livres sur le sujet, j’ai compris, car je me suis reconnue dans les témoignages. Je n’ai pas besoin d’une validation en plus”, témoigne-t-elle.
De son côté, Charlotte Wils recommande de consulter des spécialistes de l’hypersensibilité si l’on est en proie aux doutes, pour éviter “l’auto-diagnostic” – encore plus depuis l’essor des réseaux sociaux, où nombreux.ses sont celles et ceux qui relayent des informations erronées, ou s’auto-proclament expert.es.
“On va aller expliquer ce qu’on vit, ce qu’on ressent, tout ce qu’il se passe à l’intérieur de nous. Le professionnel va pouvoir nous dire si cela fait écho à une hypersensibilité, ou si nous sommes plutôt en train de traverser une période anxieuse. En clair, si c’est provisoire ou si c’est quelque chose qui fait partie de nous”, complète la spécialiste.
De l’importance de mettre un mot sur ses maux
Quoiqu’il en soit, que l’on souhaite demander un avis extérieur ou non, mettre un mot sur cette sensation d’être « à côté » reste primordial. « Savoir m’a aidée à mieux apprivoiser cette partie de moi que j’ai reniée par le passé », confirme Laura. Et à Mathilde d’ajouter : « se sentir incluse et comprise par d’autres hypersensibles, ça a tout changé pour moi ».
Et Charlotte Wils acquiesce. Cette reconnaissance via le terme peut paraître futile, mais elle est en réalité un « énorme soulagement » dans de nombreux cas.
« Cela permet de mettre des mots sur les ressentis, les pensées, notre manière de faire et nos valeurs. Mais aussi de rentrer dans une famille qui nous comprend et c’est apaisant. Après la publication de mon livre [Itinéraire d’une ultrasensible, (ed. Leduc S)], j’ai reçu beaucoup de messages du type : ‘merci, ça me fait du bien, ça me soulage, je me sens moins comme une extra-terrestre’… Se reconnaître via le mot ‘hypersensible’ et tout ce qu’il implique, c’est arrêter de chercher qui on est. Ainsi alors, on peut poser les bagages, commencer à vivre et profiter du séjour », termine la spécialiste.
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