Chanson, rock, electro… de nombreux musiciens qui ont dû renoncer à la scène maintiennent le lien avec leur public via les réseaux sociaux.

LA LISTE DE LA MATINALE

Alors que concerts, tournées et festivals sont tous annulés ou reportés, comme beaucoup de sorties de disques, musiciens et chanteurs confinés multiplient les initiatives pour continuer de s’exprimer. Voici une sélection d’artistes français et internationaux profitant des réseaux sociaux pour donner des performances intimes et échanger en direct, devant leur smartphone ou ordinateur.

« Petit live acoustique en direct de ma maison », de -M-

Après avoir donné, lundi 16 mars, en direct sur sa page Facebook, une « récréation poétique » en hommage à sa grand-mère, la poétesse Andrée Chedid, en compagnie du comédien Pierre Richard, quelques heures avant les mesures de confinement annoncées par Emmanuel Macron, Matthieu Chedid a récidivé en solo, le 20 mars, depuis son salon.

Conçu à partir d’une setlist choisie par les abonnés du groupe Facebook -M- & Noûs et du forum Labo-M, le concert démarre joliment par une chanson de circonstance : En tête à tête. Pendant près d’une heure, -M-, en chemise noire et jean, traverse le répertoire de ses six albums studio, parfois accompagné aux chœurs par sa fille Billie.

Si l’image est captée par son smartphone, avec l’étroitesse de champ que cela implique, le son – excellent – doit beaucoup à la qualité du micro de ce producteur expert. Moment fort : une interprétation, avec boucles auto-échantillonnées, de Ton écho, un morceau tiré de l’album Qui de nous deux ? (2003), réclamé par une fan et amie, Gaëlle, infirmière à l’hôpital Henri-Mondor, à Créteil. L’occasion pour Matthieu Chedid, toujours rayonnant du plaisir de jouer, de dédier son concert aux soignants, « nos supermen ».

A voir sur Facebook : https://www.facebook.com/MatthieuChedid/videos/1116182398780666/

« Fireside sessions », de Neil Young

Lundi 16 mars, l’icône folk-rock canadienne, Neil Young, avait envoyé ce message : « Puisque nous sommes à la maison et que beaucoup ne peuvent s’aventurer hors de chez eux, nous allons essayer de faire un stream au coin du feu, filmé par ma charmante épouse [l’actrice Daryl Hannah]. » Le chanteur tenait rapidement parole, en publiant sur son site, Neil Young Archives, le premier épisode de 28 minutes de ces Fireside Sessions, enregistré dans sa maison de Telluride, dans le Colorado.

Plutôt qu’au coin du feu, cela débute en plein air, dans un jardin décharné par l’hiver dominant un lac. Sous de petits flocons de neige, Neil Young, en casquette, jean, bottes en caoutchouc et éternelle chemise de bûcheron, attaque à la guitare acoustique et à l’harmonica (fixé sur un fer à cheval), un morceau de jeunesse, Sugar Mountain (1964), en portant un regard sur les grands espaces qui l’entourent.

On le retrouve ensuite près des flammes d’une cheminée en énormes pierres sèches, livrant de son émouvant falsetto quelques classiques (Vampire Blues, Tell Me Why), mais surtout des titres rarement joués comme Love/Art Blues, Razor Love ou ce Little Wing tiré de l’album Hawkes and Doves (1980), interprété sur un piano droit.

Ce live d’une rusticité intimiste, magnifiquement captée par la caméra de Daryl Hannah (dont on entend le rire et les remarques par intermittence), s’impose comme un nouveau moment fort dans la carrière de ce géant.

Sur le site de Neil Young : https://neilyoungarchives.com/movie-night

« Main-Tenant-Ensemble », de Jean-Louis Aubert

Dimanche 15 mars, Jean-Louis Aubert, avait ouvert le bal de l’initiative #ensembleàlamaison, lancée par Facebook et Instagram dans le but, selon ces géants des réseaux sociaux, de « permettre au plus grand nombre de se divertir, se cultiver et d’apprendre ensemble en live depuis chez soi ». L’ex-Téléphone donnait ainsi 1 h 30 de concert solo, filmé chez lui avec son smartphone et diffusé en direct sur sa page Facebook.

« On va essayer de pas se prendre la tête », commençait le chanteur en reboutonnant sa braguette, avant d’interpréter un premier morceau, Demain sera parfait (2010), aux allures de message. « Je veux chanter/Je veux te faire oublier/Ton âme en peine/Ton manque de veine/Je veux chanter/Et te baratiner/Demain sera parfait. »

Seul à la guitare ou au piano (avec une reprise d’Imagine de John Lennon), lunettes sur le nez pour pouvoir lire et commenter les réactions du public (plus de 1 million de spectateurs et 65 000 commentaires), Jean-Louis Aubert essayait de se consoler du report de sa tournée (« l’annonce de l’annulation a été très difficile ») en prenant un évident plaisir à cet échange, malgré l’éloignement (« Tout le monde avec moi, je vous entends pas », rigole-t-il pendant le joli final de Cascade). Avant de conclure par un « c’est pas fini, on va inventer plein de trucs. C’est vous qui m’avait remonté le moral (…). Et faites gaffe ! »

A voir sur Facebook : https://www.facebook.com/jeanlouisaubertofficiel/videos/main-tenant-ensemble%C3%A0lamaisontogetherathome/218420292842924/

« Together, at home », de John Legend

Plus que la sympathique session #togetherathome de Chris Martin, où le chanteur de Coldplay, visiblement enrhumé, chantonne des bouts de chansons en dialoguant avec ses fans, on conseillera la performance aboutie du soul singer américain John Legend.

Le 18 mars, seul en robe de chambre devant son piano, avec, en arrière-fond, une étagère accueillant la dizaine de Grammy Awards que ce jeune quadra a cumulé depuis le début de sa carrière (l’album Get Lifted, en 2004), le chanteur transcende d’une voix habitée les limites de son smartphone.

Héritiers des valeurs spirituelles de ses idoles – Marvin Gaye, Curtis Mayfield, Nina Simone… –, l’ancien gamin vedette de la chorale d’une paroisse pentecôtiste de l’Ohio débute sa session avec Love’s in Need of Love Today de Stevie Wonder. Suivra près d’une heure d’une puissante élégance, entrecoupée par l’apparition de sa petite fille, la craquante Luna, et de sa femme, le mannequin, présentatrice télé et actrice, Chrissy Teigen, avec laquelle ce diplômé en littérature anglaise et afro-américaine de l’université de Philadelphie (Pennsylvanie) ne rate pas une occasion d’encourager les dons aux associations caritatives. Et de critiquer Donald Trump.

« Corona World Tour », de Diplo

Rythmée par les communions festives et la proximité sociale, la vie des DJ et des nightclubbers a elle aussi été bouleversée par le confinement. Mais les champions de l’electro et de la house n’ont pas tardé à réagir.

Après les Français Laurent Garnier et Manu Le Malin mettant en ligne sur Soundcloud des mix de sept heures enregistrés récemment dans des clubs du Japon ou des Pays-Bas, c’est le DJ et producteur américain Diplo (Major Lazer, Silk City…) qui, depuis sa maison de Los Angeles où il s’est mis en quarantaine, a décidé de diffuser en direct des DJ sets thématiques, cinq jours par semaine, sur YouTube, Twitch et Instagram.

Au programme : A Very Lazer Sunday, le dimanche, à 21 heures (heure française), dominé par le dancehall et les racines reggae chères au collectif Major Lazer ; Ronatronix, le mardi, à 15 heures, clin d’œil aux soirées house et « dirty south » d’Hollertronix qui ont lancé sa carrière ; le très éclectique Thomas Wesley Show, le jeudi, à 15 heures ; un Corona Sabbath très ambient le vendredi, à 15 heures, avant un samedi, plus rave, avec le Coronight Fever, à 16 heures. Comme en boîte, il y a peu de choses à voir – Diplo dans la pénombre, devant sa table de mixage posée sur la table basse du salon –, mais beaucoup à entendre et à danser.

« #ensembleàlamaison », de Christine and the Queens

Avec Keren Ann et La Grande Sophie, Héloïse Letissier, alias Christine and the Queens, a été l’une des premières Françaises à proposer un live destiné à être écouté « à la maison ». Lundi 16 mars, elle débutait ainsi avec les quinze minutes d’un mini-show donné dans les locaux du studio Ferber et diffusé sur son compte Instagram.

Filmée avec un smartphone par deux complices dans un triporteur et accompagnée par le pianiste Vincent Tourelle, Christine interprétait, entre autres, People, I’ve Been Sad, tiré de son récent EP, La Vita Nuova, avant de fixer un rendez-vous promis comme quotidien, à 18 heures, « parce que c’est assez joli de se donner rendez-vous ensemble, chaque jour, pour tromper l’ennui », avec « concepts douteux et invités mystères ».

Promesse tenue, le lendemain, quand Christine, à présent confinée comme le reste des Français, mettait en scène, en split-screen, dans sa maison parisienne, un petit échange chorégraphique avec son ami danseur et chorégraphe Mehdi Kerkouche, pour trente minutes déconnantes et minées par les bugs. « C’est la beauté de la démarche, plaisantait la chanteuse. C’est chaotique, mais c’est un lien. »

Depuis, Christine est fidèle à ses rendez-vous, partageant musique, confidences ou gymnastique avec, par exemple, la chanteuse britannique Charli XCX ou la rappeuse-actrice-danseuse française, Aloïse Sauvage, elle aussi très active sur son Insta Live.

A voir sur Instagram : https://www.instagram.com/tv/B9zgHVfqShG/?utm_source=ig_embed

« Live Facebook », de BC Camplight

Si beaucoup de musiciens et chanteurs multiplient les initiatives « live à la maison » pour garder un lien avec leur public et se réconforter mutuellement, d’autres affichent à cette occasion leur désarroi face à la perte complète de revenus essentiellement générés par la scène. Une façon numérique de faire la manche, comme dans le cas de l’Américain Brian Christinzio, orfèvre d’une pop underground sous le nom de BC Camplight.

Le 20 mars, le songwriter et pianiste donnait de chez lui deux heures de concert sur sa page Facebook en expliquant en préambule que, comme beaucoup de confrères, il était « baisé » par l’annulation de sa tournée. « Si vous aimez BC Camplight et avez la chance d’avoir encore un boulot, sentez-vous libre de donner ce que vous pouvez au groupe », proposait, devant son clavier, le barbu en veste et bonnet noir, en renvoyant à un fonds de soutien, gofundme.com.

Avant d’interpréter au piano, parfois accompagné de deux de ses musiciens, Francesca Pidgeon et Luke Barton, un florilège d’un répertoire marqué par la soul des années 1970, les recherches harmoniques de Brian Wilson et les mélodies mélancoliques d’Harry Nilsson. Au programme également, quelques titres d’un nouvel album à paraître en avril : « N’hésitez pas à le précommander. »

A voir sur Facebook : https://fr-fr.facebook.com/BCCamplightMusic/videos/vb.138649808936/689748721597042/?type=2&theater

« Public Access », de Third Man Records

Au Royaume-Uni et dans la plupart des Etats américains, s’il n’est plus question de performances publiques, l’absence de confinement obligatoire a permis – contrairement à la France – à la notion de groupes de continuer d’exister.

C’est ce qui a autorisé Third Man records, le label-magasin de disques-salle de concert-studio d’enregistrement, créé à Nashville (Tennessee), en 2009, par le chanteur, multi-instrumentiste et producteur Jack White (The White Stripes, The Raconteurs…), de prendre l’initiative d’accueillir chaque jour des artistes ou groupes pour des concerts diffusés en direct sur Youtube.

Dans la salle du label, baptisée Blue Room, habituellement capable d’accueillir 250 personnes, les premiers shows ont eu lieu à huis clos. Que ce soit en solo avec le musicien electro, Luke Schneider, ou en groupe, avec l’ensemble country-rock de Teddy and the Rough Riders. Third Man encourageant par ailleurs le public à aider financièrement les artistes via des comptes Venmo ou Paypal.

Tenez-vous informé des dernières actualités concernant le coronavirus sur MSN

Coronavirus : toutes les réponses de l’OMS à vos questions

  • Suivez les dernières actualités concernant le coronavirus
  • Coronavirus : toutes les réponses de l’Organisation Mondiale de la Santé à vos questions
  • L’évolution de la pandémie dans le monde

Source: Lire L’Article Complet