Il y a des adresses qu’on partage avec plaisir. Elles ne sont pas (encore) sur toutes les lèvres. Et elles n’ont pas le goût d’y être. Elles préfèrent être confiées comme un secret précieux. Comme un bon plan avec supplément d’âme.

Un hôtel pensé comme une maison de famille

Le bon plan en question loge sur la Presqu’île de Lyon, entre deux fleuves, comme pour ajouter à sa poésie. Au coeur d’un quartier où chaque coin de rue est une page d’histoire de France ouverte qu’on (re)découvre avec curiosité, où chaque commerçant croisé cultive sa passion pour les antiquités, l’art, les beaux-livres ou les estampes. C’est au 82, rue de la Charité qu’il faut faire halte. La devanture indique Hôtel de Verdun 1882. C’est là qu’Isabelle et Gilles Moynier ont décidé de poser leurs valises. Et de nous faire poser les nôtres par la même occasion. Simple escale ou vacances prolongées, tous les visiteurs sont ici les bienvenus. Nourri par ses rencontres du bout du monde et par ses souvenirs d’hôtels extraordinaires, le couple a décidé à son tour de créer un endroit comme il les aime : un lieu où l’on puisse se ressourcer et embarquer ses invités comme dans les hôtels d’antan.

D’antan ne signifie aucunement vieillissant. Pas l’ombre d’une poussière en perspective entre ses quatre murs, mais plutôt une réminiscence d’un « bon vieux temps » sans âge propre, exploré à chaque étage au travers d’une décoration chinée avec amour et érudition. Pour ce duo de passionnés, « le charme et la réussite d’un voyage commencent à l’hôtel. Un lieu dont l’atmosphère particulière doit inspirer, émerveiller, donner la sensation de se sentir bienvenu et désiré. »

Ouvert au début de l’été 2021, leur Hôtel de Verdun 1882 coche toutes ces cases. Chaque détail finement chiné, choisi et rénové émerveille autant qu’il inspire le visiteur de passage. Cela commence dès le palier où trône une impressionnante bibliothèque qui accueille de multiples souvenirs de voyage, des malles et autres bagages sans âge. Quelques pas plus loin, le lobby prend des airs de maison de famille. L’appellation convient idéalement à l’esprit que le duo d’ex-parisiens a souhaité créer pour leur seconde vie : un lieu éclectique et chaleureux, loin des codes de consommation du moment, préférant de loin la suggestion d’une émotion.

L’art comme fil rouge

Ici comme à la maison on se prélasse dans des canapés au style Castaing s’il vous plaît, devant des bibliothèques chargées de souvenirs insolites ou savants, dont Isabelle se plaît à livrer tous les secrets aux plus curieux des visiteurs, le tout sous un lustre napolitain en bronze et pampilles. Un style grandiloquent à première vue que le coin repas aux chaises métalliques et affiches variées et chinées, parfois signées Jean Marais vient contraster avec subtilité. Le couple affiche une connaissance sans frontière pour l’art comme pour le design. Logique, le design après tout n’est-il pas une histoire d’art aussi ? L’art d’antan forcément siège ici non pas pour coller aux tendances avec prétention mais plutôt pour susciter l’envie de le (re)découvrir et de s’en attendrir. Autour du large comptoir d’accueil, s’exposent magazines et revues de collection. Des exemplaires hors du temps de The New Yorker aux images cartes postales signées Martin Parr, des écrits de Le Corbusier aux croquis de Picasso, la mise en scène conforte l’idée qu’il s’agit bien d’une belle adresse où le beau n’est pas simplement présent pour faire acte de présence. 

L’art se décline dans tous les couloirs de l’hôtel. D’un écritoire provençal du XVIIIème siècle, aux portraits de famille aristocratiques ou à la gloire de Saint Laurent, dialoguent ici artisanats et arts du monde. Les 30 chambres de la maison n’échappent pas aux passions des propriétaires. Chacune dispose de ses photos singulières ou d’affiches de grandes rétrospectives d’artistes. Les plus chanceux hériteront peut-être de la chambre familiale avec une Charlotte Perriand dos nu ouvrant les bras à la vie en pleine montagne. Côté aménagement, ces espaces nuit sont sages comme des images d’où émanent ces  réminiscences d’hôtels d’antan que les voyageurs en provenance de la gare Perrache devaient réserver pour une ou deux nuits. Une ambiance rétro comme il faut où l’on respire le bon parfum du linge de lit blanc, où cheminées et cimaises donnent le ton de l’élégance et où le tombé de velours camel des rideaux s’accorde au mobilier présent. Imaginés sur-mesure par l’architecte et décorateur Olivier Guyot en charge de cette rénovation ambitieuse, les bureaux, étagères et plateaux de courtoisie reprennent les lignes courbées présentes au rez-de-chaussée, comme la superbe penderie parée de son miroir délicieusement arqué. Chaque chambre possède sa petite salle de bains à l’architecture simple et confortable inspirée des cabinets de toilettes des années 20 autrefois présents dans l’hôtel. Un passé revisité par des détails dans l’air du temps comme un miroir arqué et une faïence façon zelliges.

Amoureux de leur ville d’adoption et grands partisans d’une économie circulaire et raisonnée, ces jeunes hôteliers ont a coeur de soutenir les créateurs et artisans locaux. Un engagement qu’ils veillent à distiller dans chaque coin de l’hôtel. Les salles de bains présentent des produits de beauté conçus par une savonnerie de la région, certifiée bio et éco-responsables. Les petits déjeuners servis veillent à mettre en avant des produits de saison et issus des commerçants du quartier.  Ce parti-pris ne s’arrête pas seulement qu’aux métiers de bouche, puisque les hôtes mettent un point d’honneur à partir en quête d’objets et chineurs sur-mesure de la région, menuisiers d’expérience, fleuristes du cru, agiles ferronniers et peintres d’enseigne à la feuille d’or.

A l’hôtel de Verdun 1882, l’hôtel écoresponsable de demain trouve sa source dans le passé. Images à la clé.

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Hôtel de Verdun 1882

82, rue de la Charité

69002 Lyon

Chambre à partir de 105 euros

Un comptoir en bois où s’expose magazines et revues d’art

Une grande bibliothèque aux malles et valises chinées avec passion

Un lobby aux airs de maison de famille

Un mur d’affiches éclectiques pour le coin repas

Des portraits de famille pour décorer la cage d’escalier

Une belle chambre aux accents rétro

Un coin bureau où le bois s’associe à une chaise Tulip

Une ambiance feutrée qui mixe les styles et les époques

Une penderie en bois parée d’un miroir délicieusement arqué signée Olivier Guyot

Une petite salle de bains inspirée des cabinets de toilette des années 20 dans des tons crème

Une chambre familiale avec lits superposés


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