- Le studio montpelliérain Magic Design Studios a sorti Have a nice death, un jeu vidéo étonnant, où les joueurs incarnent une Mort en burn-out, qui tente de sauver sa multinationale, mise en danger par des sbires insubordonnés.
- L’équipe de Magic Design Studios a imaginé un univers entre horreur et humour, avec un trait cartoon et un scénario barré, mais convoquant des thèmes lourds, comme la mort, le burn-out ou le monde impitoyable de l’entreprise.
- Le jeu obéit aux règles du rogue like : dans ce jeu, si l’on perd, on recommence du début. En conservant, toutefois, l’expérience et les bonus que l’on a acquis.
Et si, pour Halloween, on saignait un jeu vidéo, plutôt que de trembloter devant un énième film d’horreur ? Pas un Resident Evil, ni un Silent Hill, mais un titre indépendant, français, d’une créativité folle, et qui ne vous empêchera de dormir : Have a nice death. Dans cette pépite en 2D, sortie sur Switch et PC, vous incarnez… la Mort. Et la faucheuse n’est pas en grande forme. Elle est même, la pauvre, au bord du burn-out. Sa florissante multinationale, Death Inc., chargée d’accompagner les défunts vers leurs dernières demeures, croule sous une montagne de paperasse. La faute à des sbires insubordonnés, les Fléaux, qui ont complètement pété les plombs, et tuent à tout-va, sur Terre.
Armée de sa faux tant redoutée, la Mort n’a qu’une issue pour sauver sa boîte : sillonner, sous cape, les étages de sa société à la dérive, pour zigouiller ses cadres indisciplinés. C’est le studio montpelliérain Magic Design Studios, auteur de l’épique Unruly Heroes, en 2019, qui a imaginé ce scénario mortel. « Lors d’une réunion de l’équipe, sur Unruly Heroes, Nicolas Léger, qui était le directeur de l’animation sur ce jeu, gribouillait, comme il le fait toujours, sourit Mérédith Alfroy, scénariste de Have a nice death. Et il a dessiné la Mort, avec sa faux. Et il s’est tout de suite dit que ce serait un super personnage, pour un jeu d’action. » Chez Magic Design Studios, cette drôle d’idée a rapidement pris vie.
La mort, le burn-out et le monde impitoyable de l’entreprise
L’équipe montpelliéraine a imaginé un univers entre horreur et humour, à la Tim Burton, et un scénario barré, mais convoquant des « thèmes lourds », poursuit Mérédith Alfroy, comme la mort, le burn-out ou le monde impitoyable de l’entreprise. Pour contrebalancer, il fallait, pour Magic Design Studios, « proposer un trait très cartoon, et des dialogues satiriques, certes, mais plus légers », confie la scénariste. Et si la thématique de la Mort qui tue, choisie par la team montpelliéraine, les a conduits à hériter d’un Pegi 12 (déconseillé aux enfants de moins de 12 ans), il n’y a absolument rien de trash, dans Have a nice death. Pas de quoi faire d’horribles cauchemars. Ou alors des cauchemars où vous recommencez, éternellement, un niveau, sans parvenir à le boucler.
Car le nouveau jeu de Magic Design Studios, doté d’un gameplay ultra-efficace, est un rogue like. Et il obéit à la dure loi de ce genre méconnu, hérité du jeu vidéo Rogue, sorti en 1980. Si l’équipe n’a pas pondu un jeu d’action-plateformes traditionnel, c’est parce qu’elle voulait proposer aux joueurs « une expérience plus longue, et plus challengeante, note Mérédith Alfroy. La prise en mains est simple, mais pour arriver jusqu’au bout, il faut s’accrocher ! » Ainsi, comme dans tous les rogue like, quand on perd, on recommence du début. Du tout début. En conservant, toutefois, l’expérience et les bonus que l’on a acquis en parcourant les niveaux. « Au fur et à mesure, les joueurs apprennent de leurs erreurs, confie la narrative designer du jeu. Alors oui, c’est vrai, on s’adresse principalement à des core ou hardcore gamers. Mais tout le monde peut s’y essayer ! » Pour sauver la Mort, les joueurs devront donc boucler leur aventure sans, jamais, mourir. Jamais.
« Bien sûr, on rêverait d’avoir notre propre série sur Netflix ! »
Par ailleurs, rogue like oblige, chaque niveau de Have a nice death est généré aléatoirement. En arpentant son entreprise, étage par étage, pour faire le ménage dans les couloirs, la Mort ne rencontrera jamais les mêmes pièges, sur son chemin. « Cela permet de surprendre les joueurs, pour qu’ils n’aient pas à faire exactement les mêmes niveaux, à chaque fois qu’ils recommencent », confie Mérédith Alfroy.
Si les retours des joueurs sont carrément enjoués depuis la sortie du jeu, il arrive que certains butent sur la difficulté de la quête de cette Mort en burn-out. « Comme notre direction artistique est très cartoon, tout en rondeur, elle attire forcément un public très large, et qui peut, peut-être, se heurter à la difficulté du genre », concède la scénariste du jeu. Cette Mort est si mignonne qu’il ne serait pas étonnant qu’elle devienne, un jour, l’héroïne d’une série animée. « Bien sûr, on rêverait d’avoir notre propre série sur Netflix ! », sourit Mérédith Alfroy. Ce serait un beau cadeau d’Halloween.
Pour découvrir « Have a nice death », c’est par ici.
Jusqu’au 30 décembre, la médiathèque Emile-Zola, à Montpellier (Hérault), accueille une exposition d’illustrations originales du jeu. Informations, par ici.
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