- "On n’est pas là pour se punir de son apparence"
- Mais bel et bien pour jouir des bienfaits, des sensations, que procure l’activité physique pour le corps et l’esprit.
- Ode aux sensations, pour se (re)connecter à son corps
- Briser les stéréotypes grâce aux représentations
- Pour une pratique sportive plus inclusive
Le sport se trouve à l’intersection d’oppressions multiples, qui existent plus largement dans nos sociétés : le validisme, le sexisme, le racisme. Et bien sûr, la grossophobie.
Pour les personnes grosses, pratiquer un sport est quasi-instinctivement associé à la perte de poids. La grosseur n’étant pas compatible pour de trop nombreuses personnes, avec le fait de bouger par plaisir, par recherche de sensation. Le corps gros devrait d’abord mincir avant de s’adonner à l’exercice physique pour toute autre raison – que l’émission de téléréalité américaine Extreme Weight Loss en soit la preuve.
Le sport se targue pourtant de fortes valeurs : « l’équité, le travail d’équipe, l’égalité, la discipline, l’inclusion, la persévérance et le respect », énumère l’UNESCO.
Si ce dernier sait bien sûr rassembler, il sait aussi parfaitement exclure : infantilisées et stigmatisées dès qu’elles franchissent le seuil d’un cours de sport, les personnes grosses sont sommées de rendre des comptes sur leur hygiène de vie, leurs objectifs de perte de poids, leur santé ou encore leurs aptitudes sportives.
Manque de formation des professionnel.le.s, de représentation et d’inclusion : paroles à celles qui font le sport en dehors des sentiers de la minceur.
« On n’est pas là pour se punir de son apparence »
« Un gros qui fait du sport, on se dit qu’il en fait uniquement pour maigrir, alors que c’est faux ! On n’a pas d’autres choix que de faire du sport pour ça », déplore Lisa Nasri*, coach sportive spécialiste en confiance en soi, chroniqueuse et autrice. « Le gros qui veut maigrir, il fait ce qu’il veut avec son corps : on a le droit, il n’y a aucun souci là-dessus », explique-t-elle, mais regrette que toutes les autres raisons de faire de l’exercice leurs soient refusées.
Une grossophobie ambiante qui s’insinue partout : de l’étroitesse des machines de musculation et autre matériel inadapté, en passant par les leggings, joggings, brassières, rarement plus larges qu’une taille 40, jusqu’aux réflexions stigmatisantes des professionnel.le.s sportifs.
Sans oublier les injonctions à la performance. « L’accueil d’un gros dans une salle de sport, c’est catastrophique. On leur dit : ‘il était temps’, ‘on va faire un truc detox’, ‘c’est quoi ton objectif' », souffle Lisa Nasri. « Les professeur.e.s sont démuni.e.s face aux corps gros », abonde Sophia Desbleds**, professeure de yoga, auto-formée à l’enseignement inclusif.
Pour Lisa Nasri, il faut définitivement arrêter d’encourager les gros qui font du sport – une attitude intrusive et grossophobe. « Ils ont besoin qu’on les laisse tranquilles, que leur présence soit normalisée. Dans mes cours, j’essaye de faire entendre ma voix parmi les coachs qui visent l’amaigrissement ». Car, comme le dit très justement Sophia Desbleds, « on n’est pas là pour se punir de son apparence ».
Mais bel et bien pour jouir des bienfaits, des sensations, que procure l’activité physique pour le corps et l’esprit.
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