Aussi surprenant que ça puisse paraître, le style de jeu stratégique tactique fonctionne à merveille avec Gears of War, une licence aux antipodes de ce que peut proposer ce spin-off.
Le hasard du calendrier des sorties fait parfois bien (ou mal selon le point de vue) les choses. À une semaine d’intervalle, 2K nous propose son stand-alone XCOM : Chimera Squad alors que Microsoft nous sort ce mardi 28 son spin-off de la série Gears of War revisité à la sauce XCOM. Ayant reçu la possibilité de tester Gears Tactics avant le nouveau XCOM, malgré le fait que sa sortie ait lieu après, on s’est d’abord concentré sur le titre de Microsoft (mais on enchaînera avec le titre de 2K dans quelques jours). Après un spin-off à l’intérêt discutable avec Gears Pop! nous voilà donc avec Gears Tactics, co-développé par Splash Damage (qui a bossé sur le mode multi des deux derniers Gears of War) et The Coalition (studio derrière les mêmes Gears of War). Bref, les deux ont donc l’habitude de bosser ensemble, et ça se ressent très vite en jeu.
Avant toute chose, il est important de préciser que je n’aime pas trop la licence Gears of War. L’univers ne m’a jamais attiré aussi intéressant soit il, la direction artistique ne me captive pas, et l’ensemble a un côté un peu beauf testostérone certes totalement assumé mais qui ne m’intéresse pas. Je me lance donc dans le test de Gears Tactics avant tout pour son gameplay avec en même temps une pointe de désintérêt pour son univers. Tout ce que je sais, c’est que les événements se déroulent avant le premier opus et que le perso principal est le père de Kate Diaz, héroïne de Gears 5. Autant dire que la surprise a été totale quand j’ai constaté à quel point l’univers de Gears of War se mariait bien avec le genre tactique au tour par tour.
Pour peu que l’on soit familier avec le genre et que l’on ait déjà fait un XCOM ou autre dans sa vie, la prise en main est d’une facilité reposante. Que ça soit dans les déplacements, les couvertures, l’utilisation des différentes compétences au combat, tout vient de manière extrêmement naturelle et la courbe compréhension et de progression ne fait que monter. Dès ses premières heures de jeu, il semble évident que Gears Tactics est une superbe porte d’entrée pour s’initier au genre du tour par tour tactique, tant son gameplay est agréable, et on ressent une grosse satisfaction quand on arrive à tuer tous les ennemis présents en un tour avec un bon placement et une bonne gestion de chaque personnage et de ses compétences.
Mais cette satisfaction donne aussi l’impression que Gears Tactics est un peu trop facile. Bien sûr, le jeu de Splash Damage propose quatre niveaux de difficulté (dont un iron man) mais dans sa difficulté normale, rien que de voir un allié être mis à terre est extrêmement rare, et je n’ai pas eu une seule fois un mort pendant mon test. Le système qui donne un point d’action à tous les membres de l’équipe quand quelqu’un va achever un ennemi au CàC permet de continuer le massacre et l’arbre “chasseur” de la classe sniper est absolument absurde de puissance tant on peut nettoyer le champ de bataille en un tour, avec des rechargements automatiques et des bonus de points d’action. La grenade est également un outil très précieux, au même titre que les armes explosives que l’on peut récupérer sur les cadavres d’ennemis spécifiques et qui sont dévastatrices.
Ça ne veut pas dire que tous les combats sont faciles et le jeu nous impose parfois des contraintes qui compliquent beaucoup la chose. Avoir seulement 2 soldats au lieu de 4 par exemple, ou des missions où les ennemis vont être plus résistants ou être immunisés aux tirs de couvertures. Certains ennemis spéciaux sont coriaces et les boss gigantesques demandent pas mal d’organisation et de temps pour être tués et on ne va pas trucider tout ce qui bouge en deux secondes. Mais Gears Tactics restent tout de même un jeu pas trop difficile ni punitif et ce n’est pas une mauvaise chose. On a un vrai sentiment de puissance quand on charge un ennemi à la tronçonneuse ou la baïonnette, comme quand on arrive à faire un contournement réussi avec un scout et son fusil à pompe. On retrouve dans ces moments là le côté brutal et sanglant que l’on s’attend à voir dans un Gears of War et permet à cet opus de s’inscrire dans cet esprit, malgré son genre totalement différent.
Entre chaque mission, il va bien sûr falloir s’occuper de ses soldats. Si on peut regretter que le jeu ne propose pas de système d’améliorations du camp, il y a largement de quoi faire rien qu’avec nos personnages. Les cinq différentes classes, elles-mêmes découpées en quatre branches dans lesquelles on va investir nos point, se complètent bien et vont créer une grosse synergie en combat sur la façon de placer chaque unité pour l’utiliser à son plein potentiel. Il faut aussi constamment revoir les accessoires d’armes et les armures de nos soldats, puisqu’on reçoit pas mal d’équipements à la fin de chaque mission (on va d’ailleurs se lasser assez vite de l’animation d’ouverture de box pour chaque objet). Il y a même une dimension purement cosmétique sur les couleurs, histoire de nous pousser encore d’avantage à prendre soin de notre petite troupe.
Si le gameplay et la customisation rendent Gears Tactics excellent, il y a tout de même une ombre au tableau : le level design et la répétitivité. Entre certaines missions principales, le jeu nous force à faire deux ou trois missions secondaires avant de pouvoir continuer. Non seulement, ces missions sont basées sur les mêmes structures (sécuriser des ressources, ramasser des caisses en fuyant un bombardement, nettoyer la zone) mais le vrai problème c’est que les zones sont toujours les mêmes. On va faire une mission secondaire dans une zone, puis faire une quête principale, puis être obligé de refaire des quêtes secondaires et tomber exactement sur la même map qu’il ya deux missions. Sans aller jusqu’à avoir une map et des environnements inédits pour chaque mission, ça aurait été bien d’avoir plus de variations.
Splash Damage a eu l’intelligence de rendre les persos utilisés dans une mission secondaire indisponibles pour les suivantes, forçant à répartir ses forces et à utiliser des soldats qu’on ne prendrait jamais autrement. Mais ces missions secondaires répétitives viennent casser le rythme de l’intrigue principale, qui n’est pas forcément hyper originale mais qui en plus va être coupée par ces moments de vide scénaristique. L’histoire plaira probablement aux fans hardcore de Gears of War, et j’aime même pris plaisir à me balader sur le Wikia pour en savoir plus sur les personnages ou les événements importants de la licence, mais ça reste tout de même simple et les dialogues sont rarement marquants.
Gears Tactics est une excellente surprise d’un point de vue gameplay. Facile à prendre en main, jouissif et violent quand il faut, c’est presque difficile de croire qu’une licence comme Gears of War puisse fonctionner aussi bien avec le genre tactique au tour par tour mais c’est un fait indéniable. S’il y a tout de même une répétitivité un peu lourde par moment à cause des missions secondaires et renforcée par des maps qui se ressemblent toutes, on prend plaisir à s’occuper de nos soldats, avec des classes et des spécialisations hyper bien foutues ainsi qu’une gestion de l’équipement très complète. L’histoire n’est pas folle et pas forcément très bien écrite, mais il faut reconnaître que Gears Tactics est une porte d’entrée très agréable et bien faite dans le monde merveilleux des jeux tactiques au tour par tour.
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