Connu pour être l’un des créateurs de Resident Evil, le nom de Shinji Mikami est désormais ancré dans l’histoire du jeu vidéo pour tout ce qu’il a apporté au genre horrifique. Un domaine qu’il n’a cessé d’explorer et de renouveler tout au long de sa carrière, y compris lorsqu’il a fondé son propre studio après son départ de chez Capcom.
L’industrie du jeu vidéo ne manque pas de personnalités ayant énormément apporté à ce médium, à un tel point qu’il ne serait pas tel qu’on le connait aujourd’hui si ces dernières n’y avaient pas contribué en le marquant de leur emprunte. Alors que la saga Resident Evil, qui vient tout juste d’accueillir un nouvel opus à l’heure où nous écrivons ces lignes, continue de tracer sa route et que le genre du jeu d’horreur n’a jamais été aussi prolifique que ces dernières années, il est difficile de ne pas penser à l’un des hommes ayant fortement influencé tout ce pan de l’histoire du jeu vidéo : Shinji Mikami. Un créateur qui est aujourd’hui encore considéré comme une véritable référence dans le milieu horrifique, et à juste titre : c’est à ce grand monsieur que nous devons la naissance même du concept du survival-horror.
Né en 1965 à Yamaguchi au Japon, Mikami fait ses débuts dans le monde du jeu vidéo en 1990, alors qu’il est âgé de 25 ans. Durant ses premières années au sein de la compagnie, il travaillera sur quelques jeux à destination de la Game Boy et de la Super Nintendo, parmi lesquels se trouvent notamment plusieurs adaptations de films Disney comme Aladdin, sorti en 1993. Ce dernier, sur lequel il a occupé le rôle de game designer, représentera d’ailleurs son premier succès dans cette industrie : vendu à près de 1.8 million d’exemplaires à travers le monde, le titre s’est rapidement hissé dans les meilleures ventes de Capcom sur la Super Nintendo, juste après Street Fighter II. C’est également cette année-là que le créateur va commencer à travailler sur le projet qui changera à la fois sa vie et sa carrière : Resident Evil.
À l’origine, ce dernier était dirigé par un autre homme : Tokuro Fujiwara, et avait une autre ambition : celui d’être une suite spirituelle au jeu d’horreur Sweet Home, paru quelques années plus tôt sur Famicom. Toutefois, les précédents travaux de Mikami et plus particulièrement le perfectionnisme dont il a pu faire preuve lui ont valu d’être repéré par Fujiwara, qui lui a confié les clés du projet après lui avoir posé une simple question : « Détestes-tu être effrayé ? ». Un simple « oui » et la machine était lancée. Pendant trois ans, le créateur définit tant bien que mal le concept du titre et met au point la formule qui sera celle du survival-horror. En 1996, Resident Evil sort alors sur PlayStation. C’est un carton plein : le jeu devient rapidement un best-seller dépassant le million de ventes, en plus d’être acclamé par la critique pour son concept et son approche novatrice du genre horrifique.
Il travaillera ensuite sur les trois opus suivants, Resident Evil 2, Resident Evil 3: Nemesis et Resident Evil: Code Veronica, où il occupera néanmoins le rôle de producteur uniquement. La raison à cela ? Il développe en parallèle une toute nouvelle licence à destination de la PlayStation : Dino Crisis. Celle-ci entend reprendre le concept du survival-horror initié avec Resident Evil mais dans un univers différent, où les zombies laissent place à des dinosaures. Le jeu sort en 1999 et connaît lui aussi un gros succès critique et commercial en dépassant les 2.4 millions de ventes à travers le monde. La même année, Mikami prend la tête de la Division 4 des studios de Capcom. Il enchaînera alors les projets liés à Resident Evil et Dino Crisis, mais aussi à d’autres licences telles que Devil May Cry ou Phoenix Wright, en occupant majoritairement le poste de producteur exécutif ou de consultant.
Après plusieurs années de développement infructueuses, Shinji Mikami décide de reprendre son rôle de directeur pour la création de Resident Evil 4 en 2004. Le jeu sort en 2005 sur GameCube et PlayStation 2 et rencontre un succès phénoménal, à un tel point qu’il est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs jeux de tous les temps. Tout comme en 1996, le créateur est acclamé pour sa capacité à renouveler le genre horrifique, dans lequel il introduit une dimension plus action avec une vue « caméra à l’épaule », qui influencera même l’ensemble des jeux TPS qui suivront. Ceci explique peut-être pourquoi Mikami s’éloignera par la suite du monde de l’horreur au profit de deux productions plus orientées action qu’il a également dirigées : God Hand, sorti en 2006 chez Clover Studio, et Vanquish, sorti en 2010 chez PlatinumGames.
Mais chassez le naturel et il revient au galop. En parallèle du développement de Vanquish, Shinji Mikami se lance dans une nouvelle aventure et fonde son propre studio : Tango Gameworks. Le développement de leur premier jeu, dont il prend la direction, débute fin 2010. Il sort en 2014 sous le nom de The Evil Within et est revendiqué par le créateur comme un véritable retour aux origines du survival-horror, qui a progressivement laissé place à de l’action horrifique. Sans atteindre le même succès qu’un Resident Evil, le titre sera bien reçu par le public et donnera rapidement naissance à une suite, The Evil Within 2, sur laquelle Mikami n’occupera alors plus que le rôle de producteur et de superviseur. Il faut dire que dès 2012, le créateur affirmait déjà que The Evil Within serait le dernier projet qu’il dirigerait, l’homme préférant désormais laisser la place à de nouvelles générations.
Aujourd’hui âgé de 55 ans, Shinji Mikami se fait relativement discret depuis plusieurs années. Il est pourtant actuellement à l’œuvre sur Ghostwire: Tokyo, le prochain titre de Tango Gameworks dont la sortie est prévue pour octobre 2021 sur PS5 et PC. Mais là encore, il se cantonne au rôle de producteur pour ce jeu qui est davantage décrit comme un jeu d’action-aventure horrifique que comme un survival-horror. Toutefois, dans une interview livrée en décembre 2020, le créateur a étonnamment laissé entendre qu’il serait finalement prêt à reprendre la casquette de réalisateur pour un seul et unique projet : Noah, le concept qui a conduit à la naissance de The Evil Within mais dont la proposition était à l’origine bien différente… Serait-ce la prochaine révolution du survival-horror à laquelle donnera naissance Mikami avant une retraite bien méritée ? L’avenir nous le dira.
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