Le Printemps de Bourges se termine ce dimanche soir 24 avril, après plusieurs jours de festivités, rencontres et concerts depuis le 19 avril. Pas de masque, pas de jauge, pas de restrictions sanitaires pour ce premier grand festival musical de la saison, alors que l’épidémie de Covid-19 n’est pas encore endiguée. Nous en parlons aujourd’hui avec le sociologue Jean Viard. Cet exemple du Printemps de Bourges n’est pas le seul, loin de là. Il y a aussi, par exemple, le salon du Livre de Paris ce week end.
franceinfo : Nous faisons comme si le Covid était derrière nous. Qu’est-ce que ça dit de notre état d’esprit ?
Jean Viard : D’abord, c’est qu’on en avait « ras le bol », et que comme on s’est trouvé avec deux Covids successifs qui sont des variants peu toxiques, c’est une forme moins sévère, on s’est tous dit : allez, basta jusqu’à l’été, on l’oublie. Donc ça, on en reparlera en octobre, je pense que ça risque de redémarrer, ça sera plus compliqué. C’est la première chose. On avait un besoin de vivre, on a besoin de respirer et au fond, ce variant moins dangereux nous l’a permis.
Après, c’est vrai que le salon du livre de Paris au Grand Palais, où effectivement, le Festival de Bourges, c’est le redémarrage des grandes manifestations. Il y a en France sept manifestations, comme ça qui font plus de 150.000 entrées, ce sont vraiment de grands lieux, Bourges étant chaque année le premier, et un des plus connus. Mais après, ce qu’il faut bien voir, c’est que derrière ça, il y a 4000 festivals en France, et c’est 7 millions de Français qui y vont. Et des Français certainement beaucoup plus populaires, beaucoup moins abonnés. Il y a par exemple dans le théâtre privé en France un peu plus de 6 millions de spectateurs qui sont souvent abonnés. Et d’ailleurs 4,3 millions sont des Parisiens, les deux-tiers du théâtre privé, c’est à Paris, après il y a aussi les théâtres publics.
Mais ce que je veux dire, c’est que le festival, c’est un public plus diffus, plus culturellement ouvert, parce qu’au fond, c’est une opportunité de séjour. C’est beaucoup plus démocratique le festival, au fond que les autres théâtre, donc c’est très important que ça redémarre, ça brasse les populations, ça brasse la ville et la campagne parce que c’est souvent dans les campagnes ou dans des petites villes, et de plus en plus, ces festivals s’appuient souvent sur des bénévoles locaux, que ce soit au Festival de Saint-Malo, que ce soit à Carhaix, du coup, localement, c’est un grand lieu de rencontres.
Les gens se retrouvent d’année en année, ils se font chauffeurs, gardiens, ils vendent les tickets, là, c’est la société locale qui accueille. Et c’est important aussi parce que il y a, d’un côté, le spectateur, c’est un enjeu absolument majeur, mais de l’autre côté, il y a ce travail de la société, l’inter connaissance des habitants dans le fait de gérer le festival.
Mais on se rappelle aussi que pour les municipales en 2020, et pour les régionales l’an dernier, ça avait été une question, la présence du virus dans les bureaux de vote, là. Aujourd’hui, ce n’est plus tellement le cas. Alors que il y a encore plus de 1500 patients Covid dans les services de réanimation. Est-ce qu’on prend des risques ?
Je n’irai pas si loin que vous. D’une part, dans beaucoup de bureaux de vote, il y a des masques. Beaucoup d’assesseurs en ont. Dans ma commune, par exemple, il y en avait à peu près les deux tiers qui avaient des choix différents. Et dans les publics, pareil. Donc, chacun gère au fond sa propre sécurité et quelque part, c’est pas mal aussi. C’est un apprentissage de la responsabilité.
La vérité, c’est que il y a énormément de Covid. Il y a 15 jours, j’étais avec les gens qui travaillent là-dessus. Il n’y avait jamais eu autant de contaminations, alors ça a un peu baissé. Mais c’est vrai que c’est une contamination plus douce, et que comme la plupart des gens sont vaccinés, même s’ils attrapent le Covid, ça devient une grippe comme type de fatigue.
C’est aussi un des résultats de la vaccination ! On est presque 90% de vaccinés, je ne connais pas exactement le chiffre et donc on considère que c’est devenu une maladie banale. Mais il est tout à fait possible que le prochain virus soit extrêmement violent. Les virus ne se succèdent pas devenant plus ou moins doux. Mais disons que là, on va dire jusqu’en octobre prochain, jusqu’à l’automne prochain, on est dans une période de repos. Si on oublie un peu le Covid et si on respire pendant quelques mois, je crois qu’on ne va pas pleurer.
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