Les juges ont suivi les réquisitions du parquet, prononcées quelques heures plus tôt, vendredi 27 janvier 2023.

22 ans de sûreté

Ce jour-là, la cour d’assises d’appel de Corse-du-Sud a condamné Bruno Garcia-Cruciani à la réclusion criminelle à perpétuité pour l’assassinat, de son ex-compagne et mère de ses deux fils, Julie Douib, le 3 mars 2019, à son domicile à l’Île-Rousse (Haute-Corse).

Un verdict similaire à celui prononcé en première instance le 16 juin 2021, assorti d’une peine de sûreté de 22 ans.

Reconnu coupable, Bruno Garcia-Cruciani a aussi été déchu de son autorité parentale sur ses deux enfants, aujourd’hui âgés de 12 et 14 ans, et condamné à payer 10 000 euros à la famille de la victime.

Ce tireur sportif de 46 ans, qui n’a pas exprimé de regret, a cinq jours pour se pourvoir en cassation.

Le féminicide de Julie Douib

Julie Douib, 34 ans, a été abattue par deux balles tirées à bout portant à l’abdomen, par l’homme avec qui elle avait partageait treize ans de vie commune, cette matinée du 3 mars 2019.

« Elle était allongée sur le balcon, la tête dans un pot de fleurs vide. Elle gémissait. À un moment donné, elle m’a regardé et elle m’a dit ‘il m’a tué’, c’étaient ses derniers mots », racontait la voisine qui l’a découvert lors du procès en première instance. Quelques minutes plus tôt, l’ex-compagnon de la défunte s’est rendu à la gendarmerie de l’Île-Rousse, pour avouer le meurtre de Julie, qu’il soupçonnait de l’avoir trompé. Il niait en revanche toute préméditation.

Trois jours avant son meurtre, les plaintes déposées contre son ex-compagnon sont classées sans suite.

Durant la marche silencieuse organisé en hommage à sa fille, Lucien Douib – qui s’occupe désormais avec son épouse de ses deux petits-enfants – s’était indigné : « Il y a eu beaucoup de plaintes. Tout le système était au courant. Moi-même, j’ai porté cinq ou six fois plainte. Ma fille a porté cinq ou six fois plainte avec justificatifs de coups, certificat médical, lettres de témoignages », relayait France 3. « Je ne comprends pas comment on a pu autant fermer les yeux sur cette histoire. »

Ce féminicide, le trentième sur les 149 de l’année 2019, et l’inaction de la justice, avaient suscité l’indignation de l’opinion. 

La Fondation des femmes avait appelé à un plan national de lutte contre les féminicides. Six mois après ce féminicide, le Grenelle contre les violences conjugales, souhaité par Marlène Schiappa, alors secrétaire d’État à l’égalité femmes-hommes était lancé.

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