C’est une héroïne du quotidien, malgré ses 79 printemps. Des voyous s’en prennent à son époux ? Elle sort un couteau et frappe. Aujourd’hui, le malfrat dort en prison…

Nous sommes le dimanche 28  août, à Choisy-le-Roi, commune autrefois paisible du Val-de-Marne, avant d’être gangrenée par une insécurité de plus en plus galopante, avec 19,7 % d’augmentation des violences pour la seule année 2021. Mais, en fin d’après-midi, quai Voltaire, un couple se promène paisiblement sur les bords de Seine, ayant sûrement autre chose en tête que ces tristes statistiques.

Il a 84 ans, et elle, 79. Ils se tiennent par la main, comme tous les amoureux du monde. Il fait beau en cette fin d’été. La vie continue de leur sourire et ils s’apprêtent à rentrer chez eux, dans leur petit nid. Et là, survient le drame… Ils passent devant trois individus, n’y prêtent guère attention, avant de les croiser à nouveau, quelques minutes plus tard. L’un d’eux se rue alors soudainement sur le mari, tentant en vain de lui voler ses clefs, car l’homme, malgré son grand âge, ne se laisse pas faire.

Pronostic vital engagé

Aussitôt, le voyou commence à le rouer de coups, tandis que son épouse s’interpose, brandissant le petit couteau Opinel dont est muni son porte-clefs, avant d’en porter un coup à l’agresseur au flanc gauche.

Mais le malfaiteur, malgré sa blessure, trouve encore la force de s’en prendre à cette vieille dame, la frappant plusieurs fois au visage. Heureusement, des passants s’interposent et finissent par le maîtriser. Les complices de l’agresseur, n’écoutant sûrement que leur courage, s’enfuient en courant. Policiers et secours arrivent dans la foulée. Si, par miracle, les victimes ne souffrent que de multiples contusions, hormis une plaie ouverte au crâne pour l’agressé, l’état du voyou est autrement plus inquiétant, son pronostic vital étant engagé.

C’est dans le cadre des bords de Seine, à Choisy-le-Roi, espace dédié à la promenade, que se sont produits ces faits lamentables.

“Quand madame défend monsieur, elle ne fait pas les choses à moitié.”

Bref, quand madame défend monsieur, elle ne fait pas les choses à moitié. Selon nos informations, le premier réflexe des policiers aurait été de saluer le courage de cette femme, estimant « qu’elle avait eu bien raison ». Quant aux pompiers, ils sont unanimes sur ce constat : « Si elle n’avait rien fait, son mari serait mort ce soir »… En d’autres termes, c’est super mamie !

Légitime défense

Et ce fait divers atypique de tourner illico, sur les réseaux sociaux et les journaux. Avec, comme toujours, cette même question : cette vieille dame sera-t-elle mise en examen pour avoir exercé son droit à la légitime défense ? Une fois n’est pas coutume, même les « autorités morales » les plus accommodantes en matière de « culture de l’excuse », n’ont pas osé monter au créneau.

Il est vrai que le profil de l’agresseur n’offre rien pour lui permettre de plaider une quelconque enfance malheureuse. À presque trente ans, ce ressortissant algérien en situation illégale, déjà condamné à deux reprises, en août et septembre 2021 pour « violences sur policiers » et « vols avec violence », faisait de plus l’objet d’une mesure de reconduite à la frontière, non appliquée, comme si souvent.

Jugé mercredi 31 août au tribunal correctionnel de Créteil, il vient d’écoper de trois ans de prison. Et c’est peu de dire que le procureur n’y a pas été par quatre chemins : « [Cet homme] a participé de façon active à un déchaînement de violences. […] C’était réellement un passage à tabac. » Et le magistrat d’en profiter pour saluer le sursaut héroïque de cette dame : « C’est un geste courageux et aussi de désespoir. Elle essaie de sauver la peau de son mari. La légitime défense est totalement assumée. »

En revanche, ce même représentant du ministère public semble bien moins clément vis-à-vis du prévenu : « Ses déclarations ont un peu évolué depuis sa garde à vue. Ivre au moment des faits, il a quand même expliqué aux enquêteurs que les témoignages n’étaient pas des preuves ! » Pire encore : « Il a proposé de retirer sa plainte pour le coup de couteau si le couple retirait les siennes. » Bref, le monde à l’envers…

Pour tout arranger, l’homme qui s’en est pris à ceux qui aurait pu être ses grands-parents, s’est débrouillé, avant le procès, pour évoquer des « soucis psychologiques » ; lesquels n’ont pas été confirmés par l’expert nommé à cet effet. Et le même procureur de rappeler : « La seule maladie dont il souffre, c’est de ne pas assumer. Ce n’est pas glorieux et particulièrement lâche. » Puis, brandissant une photo de la victime à son agresseur, il s’exclame : « Ça, c’est le visage d’un homme de 84 ans, roué littéralement de coups », tout en rappelant au prévenu que son propre père est âgé de 90 ans. À ça, pas de réponse. Lâche un jour, lâche toujours…

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