Pour la première fois, la mère du meurtrier prend la parole et éclaire d’un jour nouveau le couple qu’il formait avec Alexia…
Les faits sont indiscutables : Jonathann Daval a bel et bien tué son épouse, Alexia, née Fouillot, dans la nuit du 27 au 28 octobre 2017. Après avoir longtemps nié, il a avoué tout en assurant que la défunte était en train de le tuer à petit feu, psychologiquement, s’entend. D’où ce SMS émanant d’Alexia, exhibé durant l’audience par l’avocat du prévenu, maître Randall Schwerdorffer : « T’es impuissant, tu bandes pas, t’es une merde. » Et le même d’affirmer, en plein procès : « La réalité du dossier, c’est que Jonathann subissait des violences. C’est un sujet tabou, les violences physiques et morales faites aux hommes. On a toujours l’impression que ce n’est pas possible et que c’est un artifice de la défense. Les jurés apprécieront. »
De son côté, l’alors présumé assassin va jusqu’à évoquer une sorte de « complot familial », n’hésitant pas à mettre en cause son beau-frère, Grégory Gay, l’accusant d’avoir étranglé Alexia, lors d’une « crise d’hystérie » qui serait survenue chez ses parents. Cette version ne tient pas longtemps. Pourtant, d’autres éléments confirment que ce couple n’en était pas tout à fait un, tel que le cambriolage de leur maison, en mars 2019, tendrait à le faire penser. À cette occasion, Jonathann Daval, accompagné de ses avocats, constate que plusieurs objets, dont des « sex-toys » et les « boules de geisha argentées » de cette épouse qu’il assurait aimer à la folie, ont disparu. Ces « accessoires », il affirme qu’elle en faisait souvent usage, une fois la porte de la chambre conjugale fermée, afin d’assouvir les besoins qu’il ne voulait ou ne pouvait contenter.
Dans son livre, Moi, maman de Jonathann*, sa mère, Martine Henry, reconnaît néanmoins : « Ils s’aimaient, ça crevait les yeux. Lui était son Doudou, elle était sa princesse. L’important était, selon moi, qu’ils soient heureux. » Mais elle évoque aussi la disparition des sex-toys en question. Une manière comme une autre d’admettre que « Princesse » avait de drôles de jeux et que « Doudou » n’était peut-être pas le prince charmant que certains croyaient. Dans le même temps, elle s’interroge : « A-t-on voulu préserver la mémoire de la victime ? […] En revanche, ni les trois bijoux de valeur dans la salle de bains, ni la télé, ni les grands crus n’ont semblé intéresser les cambrioleurs. »
“Nouvelle vie”
Bref, si la personnalité d’Alexia peut laisser perplexe, celle de Jonathann pourrait bien l’être tout autant. Lors de son procès, répondant aux questions du ministère public, il reconnaît : « Il fallait absolument qu’on ait un enfant, tout était absolument fixé sur la grossesse. L’enfant, l’enfant, l’enfant… Étant donné que je ne pouvais pas avoir d’érection, même avec le traitement, entendre les reproches d’Alexia, que je n’étais pas un homme, je m’éloignais d’elle, je faisais exprès de rentrer tard. » D’où la rumeur d’une possible homosexualité refoulée, alimentée par la légende urbaine qui rapporte une liaison supposée avec son beau-frère, Grégory Gay ; dont le patronyme, soit dit en passant, n’arrange rien à l’affaire.
Pourtant le bruit selon lequel Jonathann Daval aurait désormais découvert le grand amour en prison se répand de plus en plus. Ainsi, ce samedi 19 septembre, le journaliste Dominique Rizet, fin connaisseur de l’affaire Daval, évoque, sur BFMTV, sa liaison carcérale avec un homme ; et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agirait de Guy Georges.
Ce dernier, Guy Rampillon à l’état civil, surnommé « le tueur de l’est parisien » dans les années 1990, a été reconnu coupable du viol et du meurtre de vingt et une femmes. Petit détail : au début des années 1980, Guy Georges, qui a déjà plusieurs crimes à son actif, est alors connu pour se prostituer auprès d’une clientèle masculine. Sur Sud Radio, Dominique Rizet persiste et signe : « Oui, il est dans une prison pour hommes. Il est très heureux. Cette information permet, peut-être, d’avoir une meilleure compréhension de l’affaire. » Et d’ajouter : « Pour lui, une nouvelle vie commence. »
“On t’aimera pareil”
Le 17 novembre, sur RTL, Martine Henry confirmait : « Mon fils s’entend très bien avec Guy Georges », sans malgré tout détailler plus précisément la nature de leurs relations, mais confessant toutefois : « J’en ai parlé avec lui. […] : “Si c’est vrai, tu peux tout nous dire. On t’aimera pareil, que tu sois avec un homme ou une femme.” »
Si liaison il y a, le lieu de détention de Jonathann Daval limite en effet sérieusement ses options.
J’ai travaillé avec Guy Georges…
En 1994, je suis rédacteur en chef adjoint de Faim de siècle, mensuel vendu à la criée par les sans-abri. Mais, au contraire du Réverbère, il s’agit d’un véritable journal, écrit par de véritables journalistes, venant du Figaro, de Minute ou de L’Humanité. Parmi eux, un ira très loin : Xavier de Moulins, aujourd’hui présentateur du JT de M6. Le directeur artistique ? Le couturier Jean-Charles de Castelbajac. Bref, nos SDF sont fiers de vendre ce journal, faisant tout pour paraître riches. Chez nos vendeurs, l’un est encore plus affable que les autres. On ne le connaît que par son prénom : Guy. Il a du bagou, du charme et, surtout, vend le journal comme personne, talent qui lui permet, à la différence de ses confrères moins doués, de s’offrir une chambre d’hôtel pour la nuit, plutôt que de dormir dans la rue. Le 25 août 1995, il est arrêté, même si la police ne l’identifie pas encore comme le « tueur de l’est parisien ».
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Mais son visage apparaît à la télévision. On le reconnaît aussitôt. Dans la rédaction, c’est la consternation qui règne. Et une certaine forme de peur rétrospective, aussi. Même s’il était éminemment sympathique. Comme quoi.
Nicolas GAUTHIER
* Le « n » supplémentaire à Jonathan est dû à la manière qu’elle avait d’appeler son fils dans l’intimité.
A lire …
Moi, maman de Jonathann, de Martine Henry et Plana Radenovic, éd. Michalon.
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