En Inde, tout le monde l’appelle par ses initiales, SRK ou par son surnom King Khan. Shah Rukh Khan, inconnu ici, est une immense vedette en Inde. Cet homme de 57 ans, sourire séducteur et abdos en plaque de chocolat, avait disparu des écrans depuis cinq ans. Il a donc fait son retour ce mercredi 25 janvier dans un film d’action, Pathaan, attendu par tout le pays. Résultat : plus d’un million d’entrées en 24 heures, dix millions de dollars de recettes selon les estimations de la presse indienne, en comptant aussi les entrées aux États-Unis et dans le Golfe Persique, où vit une importante communauté indienne. C’est un record pour un film de Bollywood.

Pathaan est un film d’action, une histoire d’espionnage entre Mission Impossible et les Avengers. La sortie du film a déclenché des scènes de liesse et d’hystérie dans de nombreuses villes. Il est projeté dans 8 000 salles. Vingt-cinq cinémas fermés ont rouvert pour l’occasion. Le carton va continuer dans les jours qui viennent : c’est un long week-end férié en Inde jusqu’à dimanche soir, en raison de la fête de la République le 26 janvier, date de l’entrée en vigueur de la Constitution indienne. Bref, SRK a réussi son pari.

Un record historique au box-office indien

Ce n’était pas gagné vu le contexte politique : les nationalistes hindouistes ont essayé d’empêcher la sortie du film. Depuis début janvier les militants les plus radicaux du BJP, le parti du Premier ministre Narendra Modi, ont organisé des manifestations contre le film dans plusieurs États. Ils ont appelé au boycott sur les réseaux sociaux. Dans le Gujarat, la province d’origine de Modi, ils ont menacé l’acteur, détruit des affiches du film. Dans une autre région, le Madya Pradesh, le ministre de l’intérieur a même envisagé d’interdire le film.

Les extrémistes hindouistes sont irrités par le titre du film : Pathaan fait référence aux Pachtounes d’Afghanistan, des musulmans pour l’essentiel. Et puis la vidéo de l’une des chansons du film, dévoilée il y a un mois, les insupporte. On y voit une scène sensuelle avec SRK en chemise verte (la couleur de l’islam) et l’actrice vedette Deepika Padukone en petite tenue safran (la couleur de l’hindouisme).   Intolérable pour ces extrémistes qui au fil des mois, ont de de plus en plus carte blanche dans l’Inde de Narendra Modi. Mais cette fois-ci, donc, rien n’y a fait : le film est sorti et il est parti pour faire un carton.

Une star musulmane cible des extrémistes hindouistes

Ce n’est pas d’ailleurs seulement le film qui insupporte les nationalistes hindouistes, c’est l’acteur et plus globalement les stars du cinéma. SRK incarne tout ce qui déplait à ces radicaux : c’est un musulman qui réussit, dans un pays où les 14% de musulmans sont de plus en plus marginalisés. SRK est laïc, marié une hindoue, promoteur d’une Inde métissée. Derrière lui, plusieurs stars de Bollywood résistent à l’évolution dogmatique du pouvoir indien. Leur force, c’est leur popularité. D’ailleurs Narendra Modi, en dirigeant expérimenté et adroit, a appelé ses troupes à la retenue. Pas touche au roi King Khan.    

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