Ce dimanche 30 janvier, l’ex-ministre de la Justice a remporté la Primaire populaire, et souhaite s’imposer comme la candidate de la gauche. Elle lance sa seconde campagne dans la course à la présidentielle, un engagement de plus pour cette militante de la première heure.

Victorieuse de la Primaire populaire ce dimanche 30 janvier, Christiane Taubira lance à présent ce qui sera sa seconde candidature à l’élection présidentielle, pile vingt ans après celle de 2002. Après avoir annoncé le 17 décembre se soumettre à l’initiative «citoyenne», l’ancienne ministre de la Justice espère à présent rallier la gauche à son combat. Même si ses concurrents dans ce scrutin, Yannick Jadot, Anne Hidalgo ou Jean-Luc Mélenchon, ont d’ores et déjà refusé toute alliance avec celle qui s’est sentie plébiscitée, dimanche soir, par près de 392.738 votants.

Au 68e Festival de Cannes, la Garde des Sceaux est invitée à la projection du film d’ouverture, La Tête haute, qui met en scène le parcours d’un jeune délinquant face à sa juge pour enfants (jouée par Catherine Deneuve). (Cannes, le 23 mai 2015.)

Icône noire française, Christiane Taubira est à l’origine d’une loi de 2001, qui reconnaît la traite et l’esclavage comme des crimes contre l’humanité. En septembre 2014, elle intervient à l’Unesco lors du 20e anniversaire du projet La Route de l’esclave. (Paris, le 10 septembre 2014.)

Militante indépendantiste, Christiane Taubira commence sa carrière politique au sein du Mouvement guyanais de décolonisation (MOGUYDE) créé par celui qui deviendra son mari, Roland Delannon, et père de ses 4 enfants. (Visite du quartier de Saramaka à Kourou, Guyane, le 21 février 2013.)

Souvent attaquée, parfois encensée, Christiane Taubira ne laisse personne indifférent et ses prises de position ont souvent divisé l’opinion publique.

Enfance pauvre

«Je vois, j’entends les colères face aux inégalités, aux injustices, aux discriminations, sur lesquelles parfois viennent se poser des paroles de mépris», avait-elle déclaré en décembre. Ce lundi, lors de son premier déplacement officiel à Bordeaux, elle a complété : «Je veux être la candidate de celles et ceux à qui on dit qu’ils ne sont rien, de celles et ceux qui galèrent à s’acheter un costume, de celles et ceux qui traversent la rue et qui ne trouvent rien». Et de promettre : «Nous allons nous battre».

Se battre, c’est ce que la Guyanaise, née à Cayenne en 1952, n’a cessé de faire. Issue d’un milieu modeste, Christiane Taubira grandit auprès de sa mère, aide-soignante qui élève seule ses onze enfants, dont cinq du père de la future ministre. Après avoir étudié l’économie et l’agro-alimentaire à Paris, elle devient professeure, puis fonde le parti politique socialiste guyanais Walwari en 1993. Élue députée de la Guyane, puis députée européenne en 1994, sur la liste menée par Bernard Tapie, elle mène ses deux mandats parallèlement.

Grandes envolées

Elle poursuit son ascension politique, donnant notamment son nom à la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité, en mai 2001, avant de se lancer dans la course à la présidentielle en 2002. Prônant «l’égalité des chances et la solidarité pour tous», elle recueille 2,32 % des voix. C’est en 2012, que sa personnalité gagne une stature et une aura nationales : nommée ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Christiane Taubira fait adopter le projet de la loi sur le mariage pour tous le 17 mai 2013. Elle démissionne du gouvernement de Manuel Valls en 2016. Militante revendiquée, réputée pour ses discours aux grandes envolées, riches en citations littéraires et poétiques, la candidate à la présidence qui a toujours eu ses convictions chevillées au corps est devenue une icône de la gauche. Que cette dernière le veuille ou non.

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