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  • Aujourd’hui, « Changer : méthode » d’Edouard Louis, paru le 1er septembre 2021 aux Éditions du Seuil.

Vanessa Paunovic, contributrice du groupe de lecture
20 Minutes Livres, vous recommande Changer : méthode d’Edouard Louis, paru le 1er septembre 2021 aux Éditions du Seuil.
 

Sa citation préférée :

« Les jours d’après, à chaque repas je me suis efforcé de manger comme Elena me l’avait montré, les autres mangeaient et ils pensaient que je faisais la même chose mais en réalité quand je mangeais je travaillais, j’apprenais un nouveau corps. »
 

Pourquoi ce livre ?

  • Parce que cet ouvrage est le récit d’une métamorphose et des ruptures qui l’accompagnent, celle d’Eddy Bellegueule, adolescent issu des classes populaires du Nord de la France, en Edouard Louis, écrivain bourgeois parisien reconnu dans le monde entier. C’est le récit lucide et profondément politique de l’écart entre le monde de son enfance et celui privilégié auquel il accédera mais aussi celui d’une revanche, d’une vengeance même sur un passé qui le déterminait à ne pas se sortir de son village du Nord de la France, de la pauvreté, de l’inculture, des insultes et de l’injure « pédé ».
  • Parce que c’est d’abord un cheminement lent avant un moment fondateur : la rencontre décisive avec le philosophe et sociologue Didier Eribon qui va renverser la trajectoire de l’auteur et lui permettre de prendre définitivement la main sur son parcours et son destin. Il a suffi d’une conférence à l’université d’Amiens et de quelques mots prononcés peu après. Edouard Louis écrit « mon histoire ressemblait à la sienne – ou plutôt que j’aimerais qu’elle ressemble à la sienne et il m’a répondu en souriant : alors faites-le, transformez votre vie. »
  • Parce que ce récit de transfuge de classe commence par un plan sordide, l’exercice de la prostitution pour pouvoir payer le dentiste, et se termine par la question de la recherche du temps perdu et l’apaisement par l’atteinte des objectifs de l’écrivain. Les efforts ont été payants ; Edouard a réussi mais il doit se défaire désormais des codes dont il s’est imprégné pour devenir un bourgeois.
  • Parce que le livre est une arme. Edouard Louis n’a de cesse de chercher et de s’emparer de toutes les aides qu’il peut obtenir pour mener à bien son projet, à commencer par celles des hommes qu’il rencontre et qui l’aiment. Mais ce sera l’écriture d’un livre qui le sauvera, il en est convaincu. Le livre est le média qui permet d’exister et d’accéder à la reconnaissance. Ecrire un livre, c’est « prouver au monde que j’étais quelqu’un et que le monde avait eu tort de vouloir m’inférioriser ». C’est se mettre à nu et « décrire tout ce que je m’étais acharné à cacher depuis des années ».
  • Parce qu’Edouard Louis sait bien que sa force c’est son privilège, celui « d’avoir connu la vie sans privilège ». Cette force et sa capacité de mise au travail pour mener à bien sa transformation par l’apprentissage, la culture, la lecture, l’entrée à l’Ecole normale, la capacité à accepter et s’emparer de l’aide qu’on lui propose tout au long de son parcours.
  • Parce qu’être bourgeois, c’est avoir une belle dentition, un nom qui ne fait pas rire ses interlocuteurs dès qu’on le prononce, parler, manger correctement, être cultivé, aller à l’opéra plutôt que de traîner dans des supermarchés, lire des livres, beaucoup de livres qui permettent de s’émanciper et de s’extraire de sa condition. Cependant, le transfuge de classe n’est pas à l’abri de subir parfois des rappels à l’ordre de classe.
  • Parce que c’est touchant et cela questionne cette pugnacité à vouloir se conformer à un monde, à l’imiter, celui du bourgeois cultivé parisien, de ce jeune homme qui efface toutes les traces de ce qu’il a été : « Après mes dents j’ai changé mon prénom au tribunal, puis mon nom de famille. Je suis allé dans une clinique pour redessiner la ligne de mon implantation capillaire, je me suis habillé d’une manière autre, qui me paraissait mieux s’accorder à ma vie. »
  • Parce qu’il y a aussi des passages d’une sensualité magnifique : « Alors il m’a dit : je suis un requin. (…) je sentais son souffle tiède sur ma nuque. Je pensais : c’est le souffle d’un requin. (…) Jean Genet dit « les jeux érotiques découvrent un monde innommable que révèle le langage nocturne des amants ». Un tel langage ne s’écrit pas. On le chuchote la nuit à l’oreille, d’une voix rauque. »
     

L’essentiel en 2 minutes

L’intrigue. Changer : méthode est le récit d’une odyssée personnelle, celle d’Edouard Louis qui revient sur sa trajectoire, du village picard de son enfance en passant par Amiens où il apprend les codes sociaux de la bourgeoisie auprès de son amie Elena puis Paris et le monde entier qui s’ouvre à lui.

Les personnages. L’auteur Edouard Louis, l’amie et confidente Elena, ses amis Didier Eribon, Geoffroy de Lagasnerie, Ludovic.

Les lieux. Amiens, Paris, Barcelone, le monde entier.

L’époque. Contemporaine.

L’auteur. Edouard Louis est l’auteur de plusieurs livres autobiographiques, tous parus au Seuil : En finir avec Eddy Bellegueule (2014) Histoire de la violence (2016), Qui a tué mon père (2018), Combats et métamorphoses d’une femme (2021) .

Ce livre a été lu avec passion. « J’aime Edouard Louis, je l’admire en tant qu’auteur, il me soulève le cœur et le corps, j’avais été scotchée par Histoire de la violence, sa radicalité, son style littéraire et son écriture sincère, émouvante, sans concession, politique et déchirante.

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