Il fait chaud. Il fait de plus en plus chaud. Et irrémédiablement, on a soif. C’est une sensation que tout le monde connaît : la gorge s’assèche, la bouche également et parfois, cela déclenche même une migraine ou des maux de ventre. 

Cette sensation s’explique physiologiquement. Isabelle Descamps, diététicienne-nutritionniste à Bordeaux et en ligne, rappelle qu’à l’âge adulte, notre corps est composé de 70% d’eau. “Deux tiers de cette eau se situe dans les cellules et le tiers restant est utilisé pour le liquide interstitiel (qui remplit la partie vide entre les cellules et les capillaires sanguins) et le sang. Cette eau s’en va en permanence, par la respiration, l’urine, les selles et bien sûr la transpiration. Or, l’été lorsque la température monte, nous transpirons beaucoup plus”, débute-t-elle.

Et si on ne compense pas cette déperdition en buvant et en mangeant des légumes et des fruits gorgés d’eau, nos cellules et nos capillaires perdent en volume et se concentrent. “Des neurones appelés osmorécepteurs vont alors transmettre l’information à l’hypothalamus pour qu’il crée la sensation de soif. Si vous avez soif, c’est que vous êtes donc déjà déshydraté”, décrypte la spécialiste.

L’eau, un premier réflexe pour étancher la soif

Aussi étonnant que cela puisse paraître, l’eau n’est pas la plus désaltérante des boissons. “Mais c’est la seule boisson indispensable à notre organisme pour bien s’hydrater”, complète Isabelle Descamps. L’experte explique que l’on peut créer des boissons à base d’eau en y ajoutant quelques ingrédients. 

Exemples de boissons désaltérantes à base d’eau  

  • Les boissons acides  

“Elles stimulent la production de salive dans notre bouche, ce qui font d’elles, les plus désaltérantes. Pourquoi ? Parce qu’elles permettent de mettre fin plus rapidement à la sensation de bouche sèche qui apparaît quand nous sommes déshydratés. On mise alors sur des limonades maison (sans sucre ajouté ou à l’occasion un petit hydromel : eau + jus d’un citron et une demie cuillère à café de miel), des eaux aromatisées maison : concombre, menthe fraîche, citron et/ou gingembre”. 

  • Les kéfirs de fruits maison 

« Ils sont idéals pour bien s’hydrater tout en prenant soin de son microbiote intestinal”. (Isabelle Descamps propose une recette très simple sur son blog, ndlr). 

  • Les boissons riches en minéraux 

“Elles permettent de se rafraîchir et de bien s’hydrater, car pour que l’eau pénètre notre organisme, nous avons besoin de minéraux”. On mise par exemple sur l’eau de coco : “sa richesse en minéraux notamment en sodium et potassium fait d’elle une star en Asie et sur les îles du Pacifique”, explique Isabelle Descamps.

  • Les soupes d’été 

“Les légumes qui la composent sont gorgés d’eau et de minéraux : soupe de concombre ou de courgette à la menthe, gaspacho rouge, vert, rose. Buvez coloré !”, conseille la nutritionniste. 

Quelle eau boire ?

Choisir son eau relève parfois du choix cornélien : “Les eaux de source et minérales sont en bouteille et posent des problèmes environnementaux et l’eau du robinet peut contenir des pesticides, des hormones féminines, du chlore néfaste pour notre microbiote, de l’aluminium (neurotoxique), quelques bactéries pathogènes et des métaux lourds”, relève Isabelle Descamps.

Alors que privilégier ? L’experte a opté pour sa consommation personnelle (et celle de sa famille) pour un filtre à eau en céramique**, “parce qu’il améliore considérablement les qualités de l’eau du robinet en filtrant 99,99% des contaminants et autres bactéries, tout en préservant les bons minéraux”. 

D’autres optent pour un filtrage naturel à base de charbon actif*** en vente dans les magasins bio. 

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Boire chaud ou froid pour se désaltérer ?

Autre question importante pour bénéficier au maximum des vertus désaltérantes des boissons, la température de celles-ci. “Nous avons tous vu des images de Bédouins se servir du thé chaud dans le désert. De même en été, en Chine, ils continuent à boire de l’eau chaude. Improbable pour nous occidentaux… et pourtant”, décrit Isabelle Descamps. 

Avant de poursuivre, “la température corporelle augmente avec la chaleur et ingérer des boissons trop froides provoque une trop grande agression à l’estomac. L’estomac va évacuer la boisson glacée trop rapidement entraînant la fuite des aliments insuffisamment digérés pour être rejetés, et leurs apports nutritionnels avec. De plus, l’eau chaude est absorbée plus facilement par notre corps que l’eau froide, puisque notre organisme n’a pas besoin de la réchauffer avant de l’assimiler. Au contraire, une consommation régulière d’eau froide ou glacée entraîne la baisse soudaine de la température corporelle et ralentirait le métabolisme”, explicite l’experte.

Autres bienfaits de l’eau chaude ? Celle-ci aide à éliminer plus facilement les toxines de l’organisme, permet d’activer la circulation et stimule le système immunitaire. “Elle a également une action favorable sur notre système digestif et facilite l’activité cérébrale tout en apaisant le système nerveux et en tonifiant les muscles”, ajoute la nutritionniste.

Jus de fruits : faut-il s’en méfier ?

Premier postulat pour aborder la question des jus de fruits : le sucre entraîne la soif. 

Or, comme le rappelle Isabelle Descamps : les jus sont sucrés. “Un grand verre de 250 ml servi en terrasse vous apportera environ 4 morceaux de sucre. Cela fait en fin de compte, autant que pour un soda au cola. Avec les vitamines en plus et surtout sans les colorants, acides phosphoriques et autres arômes naturels”, explique par exemple l’experte. 

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas consommer de jus, mais si on a soif, il vaut mieux boire de l’eau avant. “L’idéal est de presser vos jus juste avant de les consommer, mais après avoir bu de l’eau au préalable. Prenez ainsi le temps de vous délecter. Au bout d’une heure, ils n’auront plus aucune vitamine C. À savourer aussitôt à la maison et en pleine conscience”, détaille ainsi Isabelle Descamps, qui ajoute qu’il faut éviter d’acheter chaque semaine des jus tout prêt même 100%, en particulier pour les enfants. “Gardez-les pour leurs apéros aux jours de fête”, conseille-t-elle.

Thés glacés, eaux de thé : les pouvoirs désaltérants des boissons du commerce 

Le thé (comme le café) est une boisson qui possède de nombreuses vertus, notamment des antioxydants – dont les fameux polyphénols – mais il ne remplace pas l’eau, “puisque la présence de substances végétales entraîne un processus digestif qui retarde son assimilation”, décrypte la nutritionniste. 

Elle ajoute également  que “le thé et le café sont diurétiques (substances qui augmentent la production d’urine et son élimination), ils déshydratent donc un peu. Profitez de leurs bienfaits, mais alternez avec de l’eau. Pour éviter les boissons glacées si vous ne voulez pas boire chaud, optez pour la température ambiante”. 

Concernant maintenant les thés glacés vendus en grande surface, il faut savoir décrypter la liste d’ingrédients. “Prenons ceux du plus connu à la pêche, débute l’experte. Que lisons-nous : eau, sucre, fructose, acidifiants (acide citrique, acide malique), extrait de thé noir (1,4g/l), jus de pêche à base de concentré (0,1%), correcteur d’acidité (citrate trisodique), arômes, antioxydant (acide ascorbique), édulcorant (glycosides de stéviol). Pour une cannette, on compte 3 morceaux de sucre. Autant préparer un thé maison et y ajouter une larme de tout bon miel”, conseille-t-elle. 

Son regard sur les eaux de thé (nouveautés de l’été 2020 lancées par Maytea, ndlr) est moins catégorique. “Regardons en premier la liste des ingrédients : infusion de thé noir 94% (eau, infusion intense de thé noir), sucre, jus de pêche à base de concentré 1%, arôme naturel de thé, acidifiants: acide malique et acide citrique, arômes naturels, correcteur d’acidité : citrate de sodium, antioxydant : acide ascorbique. S’il faut choisir, je préfère cette option moins sucrée et sans édulcorant, mais les additifs comme les arômes « flous » étant controversés, personnellement je préfère m’abstenir”, explique-t-elle. 

Comment décrypter les étiquettes des boissons dites désaltérantes ?

De manière générale, il faut apprendre à lire et décoder les étiquettes des produits vendus dans le commerce et les boissons en font partie. Ce n’est pas parce que l’on vante les vertus désaltérantes d’un produit, qu’il l’est spécialement.

“Lorsque vous achetez une boisson transformée du commerce, il faut lire en premier la liste d’ingrédients. Elle doit être : 

  • La plus courte possible
  • Contenir uniquement des ingrédients qu’on peut avoir dans son placard (sucre, mais pas fructose par exemple)
  • Sans aucun édulcorant
  • Avec peu ou pas d’additifs

Si vous trouvez que les ingrédients sont corrects, vous regardez ensuite le tableau de composition. Allez à la ligne GLUCIDES puis regardez en dessous “dont sucres” vous saurez alors combien il y a de sucres dans votre boisson. Gardez en tête que 1 morceau de sucre = 5g. Si votre bouteille de 250 ml contient 15g de “dont sucres”, cela équivaut donc à 3 morceaux de sucre.”

Pour rappel l’OMS recommande de ne pas dépasser 5 morceaux par jour, pour rester en bonne santé et ainsi éviter les 76 maladies liées au trop-plein de sucre.

Définitivement, Isabelle Descamps recommande de privilégier les boissons maison. Que ce soit pour votre porte-monnaie, votre santé et votre plaisir. Et pour l’environnement aussi. “Si vous emportez une délicieuse boisson maison au travail ou à la plage dans votre thermos ou votre gourde, la planète vous dira un grand merci”, conclue-t-elle. 

Pour éviter la déshydratation, il est recommandé de boire régulièrement des petits verres d’eau.

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Merci à Isabelle Descamps – Diététicienne-Nutritionniste à Bordeaux et Consultations en ligne, pour son éclairage. 

** Eau Doulton, filtre céramique. 

*** Charbon actif Binchotan 

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