Quand les relations sexuelles deviennent plus qu’inconfortables, pour cause de sécheresse vaginale ou autres réjouissances, nous optons bien souvent pour l’omerta. Mais les choses vont toujours mieux en le disant.

Avec Valérie Cordonnier, sexologue

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Arthrose, diabète ou cholestérol : nous évitons prudemment de nous en plaindre auprès de notre conjoint. Nous n’apprécions d’ailleurs pas non plus qu’il se montre trop bavard au sujet de ses rhumatismes. Quel pire remède contre l’amour que les soucis de santé ? « Même si c’est terriblement injuste, le corps qui souffre n’est pas sexy et n’éveille pas le désir. Comme s’il était d’emblée exclu du registre de l’érotisme et du plaisir », constate Valérie Cordonnier, sexologue. Alors, discuter avec notre chéri de nos petits dysfonctionnements génitaux, nous n’y pensons même pas !

Dépasser sa gêne

Quand la douleur se fait trop vive au moment des rapports, nous trouvons toutes sortes de prétextes pour détourner ses assauts… ou bien nous souffrons en silence. Avouer que nos galipettes, censées se dérouler sous le signe du plaisir et de la volupté, tournent en réalité au pensum est inenvisageable. « Les femmes se sentent coupables de leurs douleurs, honteuses, comme si elles avaient failli en n’étant plus totalement « opérationnelles » pour l’amour physique. L’inconscient collectif les renvoie à leur supposée incapacité à maîtriser leurs émotions : une femme qui se plaint de souffrir craint toujours de passer pour une hystérique », analyse-t-elle. Et les médecins, ne pourraient-ils pas être de précieux interlocuteurs ? Ils pourraient… mais malheureusement, la médecine est avant tout pensée pour les hommes. « Autant la recherche médicale se passionne pour les difficultés érectiles masculines, autant elle s’intéresse très peu aux douleurs gynécologiques des femmes à la ménopause et après », regrette la spécialiste. Si c’est pour que notre médecin banalise notre souffrance et se débarrasse de nous en nous prescrivant une « petite crème », nous préférons souvent ne même pas aborder le sujet avec lui.

Sortir du cercle vicieux !

Nous voilà donc doublement enfermées, dans nos douleurs et dans notre silence… et pas près de sortir de ce piège. Car plus on anticipe la souffrance, plus on la redoute et plus on la perçoit de manière intense. « Cela peut même conduire à une contraction réflexe du vagin qui bloque totalement ou partiellement la pénétration. De manière involontaire et sans avoir la moindre prise sur cette action, la femme se ferme alors à son partenaire », note Valérie Cordonnier. Faire l’amour les dents serrées en espérant que ce sale moment passera au plus vite, afficher « porte close » à son amoureux sans même l’avoir décidé, on avait espéré mieux pour ce temps de notre vie sexuelle soi-disant plein de promesses (plus besoin de contraception, plus d’enfant à la maison). De là à ce que nous nous mettions à lui en vouloir – c’est de sa faute, il ne sait pas s’y prendre, il le fait exprès ou quoi ? – il n’y a qu’un pas que nous pourrions franchir. Car face à la douleur physique, la mauvaise foi est une arme facile et tentante.

Varier les plaisirs

En termes de stratégie gagnante, on peut sans doute trouver mieux que bannir le sexe ou accuser notre chéri de tous les maux. Par exemple, faire équipe avec lui pour imaginer des solutions antidouleur. Pas besoin de lui conter par le menu le pourquoi du comment de nos maux : on a mal pendant les rapports, c’est tout ce qu’il a à savoir. Et si on essayait le shallowing ? Rien que le mot sonne déjà comme tout un programme ! « Il s’agit d’une pénétration superficielle, l’homme n’introduisant que le gland et s’arrêtant à l’entrée du vagin. Symboliquement, cette pratique permet de ne pas renoncer complètement à la pénétration, elle lève le sentiment d’échec. Concrètement, elle est très jouissive pour les deux : pour lui, parce que le gland reste la partie la plus sensible du pénis ; pour elle, parce que le clitoris est bien stimulé et que le geste est beaucoup moins douloureux qu’une pénétration profonde », encourage Valérie Cordonnier. Ou alors, pas de pénétration du tout mais d’autres caresses non moins voluptueuses. « Les frottements sont une alternative intéressante et réjouissante. Dans un corps-à-corps très rapproché, chacun frotte son sexe sur celui de l’autre. Là aussi, le clitoris et le gland sont aux premières loges », décrit-elle.

En voir de toutes les couleurs !

Et si nous n’avons pas du tout envie de renoncer à la pénétration, qui nous a toujours rendu de bons et loyaux services ? Alors, il faut trouver la solution d’hydratation adéquate pour notre muqueuse vaginale à vif. Pas forcément un lubrifiant à appliquer à l’instant T, qui peut en rebuter certaines, mais un traitement de fond que l’on pourra suivre en toute discrétion, ni vu ni connu (ovules, hormones). On peut aussi envisager une rééducation périnéale, susceptible de réduire certaines douleurs. Une autre piste à ne pas négliger : la créativité au lit. « Les douleurs peuvent être causées par le fait que certains organes abdominaux, notamment la vessie, ont un peu bougé au fil des années ou sont devenus plus sensibles. La pénétration pourra alors être moins douloureuse dans la position de la cuillère que dans celle du missionnaire, dans celle de la levrette que dans celle de l’amazone, avec un coussin glissé sous les fesses et non à plat. Cela dépend de chacune. Il faut explorer, investiguer ! », propose la sexologue. Plutôt une jolie perspective, non ?

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