La colonne vertébrale est formée d’une superposition de vertèbres, intercalées de petits coussinets, appelés disques intervertébraux. Lorsque ces derniers s’usent et se tassent, la structure osseuse des vertèbres peut être altérée, et un mal de dos mécanique s’installe : on parle de discarthrose, ou discopathie dégénérative.
✔️ Validation médicale : Dr Anne-Christine Della Valle, médecin généraliste
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Sommaire
- 1.Définition de la discarthrose
- 2.Symptômes de la discarthrose
- 3.Causes de la discarthrose
- 4.Discarthrose : quand consulter ?
- 5.Examens et diagnostics de la discarthrose
- 6.Traitements de la discarthrose
- 7.Comment prévenir la discarthrose ?
De même que le lumbago, la hernie discale ou l’arthrose rachidienne, la discarthrose est un mal de dos mécanique. Chez la plupart des patients, elle concerne les disques situés entre les vertèbres cervicales (discarthrose cervicale) ou lombaires (discarthrose lombaire ou lombo-discarthrose). Il s’agit d’une pathologie irréversible, fréquente après 40 ans, et parfois très douloureuse. Si la principale cause connue est le vieillissement, d’autres facteurs favorisent son apparition : mauvaise posture, chocs à répétition, sédentarité, etc. Le diagnostic de cette maladie chronique du dos repose essentiellement sur l’examen clinique et la radiographie. Son traitement vise à ralentir son avancée, et à améliorer la qualité de vie du patient.
1. Définition de la discarthrose
À l’heure actuelle, un Européen sur cinq souffre d’un mal de dos chronique, depuis plus de trois mois (d’après la fiche générale sur le mal de dos, publiée en 2022 par l’Association française de lutte antirhumatismale). Dans la grande majorité des cas, il s’agit d’un mal d’origine mécanique, à l’instar de la discarthrose. Chez l’Homme, la colonne vertébrale se compose d’un empilement de 33 vertèbres, dont 7 vertèbres cervicales et 5 vertèbres lombaires. Pour amortir les chocs et assurer la souplesse de la colonne vertébrale, des petits coussins font la jonction entre les vertèbres. Il s’agit des disques intervertébraux. Chez les patients atteints de discarthrose (ou discopathie dégénérative), ces derniers se dégradent (discopathie) et se déforment. À terme, ce processus dégénératif peut altérer la structure osseuse des vertèbres (formation d’excroissances), et générer d’intenses raideurs et douleurs lombaires ou cervicales. Selon les disques atteints, la discarthrose peut être :
- cervicale : elle concerne les disques et vertèbres cervicales ;
- lombaire (ou lombo-discarthrose) : la plus fréquente, elle concerne les disques et vertèbres lombaires ;
- dorsale : plus rare ;
- étagée : plusieurs disques et vertèbres sont atteints.
Il faut noter que la dégradation des disques par déshydratation est un processus naturel qui se met en place dès 25-30 ans (d’après le dossier général sur les pathologies de la colonne vertébrale, publié par le Centre du rachis de la clinique Ambroise Paré en 2015). Ainsi, à partir d’un certain âge, la majorité des individus développent une discarthrose. Chez les patients atteints, il s’agit d’un phénomène irréversible, dont il est toutefois possible de freiner la progression.
2. Symptômes de la discarthrose
Généralement, la discarthrose se met en place progressivement. Dans sa forme précoce, elle ne s’accompagne pas nécessairement de douleurs. L’apparition des symptômes peut être lente et insidieuse. De nombreux patients évoquent une sensation de gêne fonctionnelle, des raideurs et des inconforts vertébraux. D’autres se plaignent de douleurs particulièrement intenses, qui peuvent parfois être le signe d’une complication. La localisation des symptômes varie d’un patient à l’autre, en fonction de la forme de discarthrose développée. En cas de discarthrose cervicale, il peut s’agir de douleurs ou de rigidité dans la nuque. La forme lombaire de la maladie génère plutôt des douleurs chroniques dans le bas du dos. Des complications peuvent apparaître avec le temps, occasionnant d’autres symptômes (Centre du rachis de la clinique Ambroise Paré) :
- un changement réflexe de la posture, entraînant des douleurs musculaires (lombalgies), et perturbant l’équilibre de la musculature du dos ;
- le développement d’une arthrose locale dans les cervicales (uncodiscarthrose) ou dans les lombaires (lombarthrose), à l’origine de douleurs chroniques ;
- de vives douleurs rachidiennes ou sciatiques (dans la fesse, la cuisse, le mollet et/ou le pied), liées à un pincement au niveau des nerfs rachidiens ou du nerf sciatique ;
- des douleurs aigües dans les bras, le dos ou les épaules, liées à l’apparition d’ostéophytes, irritant les racines nerveuses ;
- des douleurs inflammatoires au niveau du cou, des bras, du bas du dos ou des jambes, liées à l’apparition de hernies discales.
Notez que l’ensemble de ces symptômes peut agir sur l’état général de santé, mais également sur le moral du patient. Il n’est pas rare de constater une fatigue anormale, une perte d’autonomie, ainsi qu’un épuisement psychologique.
3. Causes de la discarthrose
La première cause de discarthrose est le vieillissement. À partir de quarante ans, la colonne vertébrale commence à s’user, et une discopathie se met progressivement en place. Mais parfois, elle survient de façon prématurée, à la faveur de facteurs favorisants, tels que (d’après le dossier sur la lombalgie chronique d’origine discale, publié par la Clinique du Parc Lyon en 2022) :
- la génétique ;
- l’obésité, la surcharge pondérale ;
- un traumatisme violent ;
- des chocs à répétition (microtraumatismes) ;
- une mauvaise posture ou une déformation de la colonne vertébrale (scoliose, cyphose, dos plat, etc.) ;
- la sédentarité ;
- le port de charges lourdes ;
- les longs transports ;
- le tabagisme.
Parfois, la discarthrose se manifeste suite à une hernie discale ou lombaire, cette dernière servant alors d’élément déclencheur. Il faut souligner que certaines professions sont particulièrement propices à l’apparition de la maladie. Certaines professions requièrent le port de charges volumineuses, des gestes répétitifs, une sédentarité permanente, ou encore une exposition constante à des vibrations.
4. Discarthrose : quand consulter ?
Le mal de dos est extrêmement fréquent, et plusieurs maladies peuvent l’expliquer. De nombreux patients attendent plusieurs années, voire plusieurs dizaines d’années, avant d’obtenir un diagnostic précis. En cela, la discarthrose ne fait pas exception à la règle. Généralement, les patients se rendent en consultation lorsque les symptômes deviennent insoutenables et récurrents. Il peut s’agir de douleurs vives et persistantes dans n’importe quelle zone de la colonne vertébrale (bas du dos, nuque, région lombaire). Mais parfois, les patients consultent pour des douleurs dans les bras, les jambes ou les fesses. Il faut souligner que des douleurs dorsales qui persistent durant plus de trois mois nécessitent un rendez-vous médical et des examens. En effet, pour ralentir la progression de la discarthrose, et limiter les risques de complication, il est essentiel de poser un diagnostic le plus précocement possible. Les travailleurs sédentaires et ceux qui sollicitent fortement leur dos doivent bénéficier d’un suivi régulier pour surveiller l’état de leur colonne vertébrale.
5. Examens et diagnostics de la discarthrose
Plusieurs médecins peuvent intervenir dans la prise en charge de la discarthrose : le rhumatologue, le médecin rééducateur fonctionnel ou encore le chirurgien orthopédiste. Mais avant toute chose, les patients sont invités à consulter leur médecin traitant. Ce dernier procède à un interrogatoire du patient, pour identifier les symptômes, et d’éventuels facteurs de risques de la maladie (génétique, mode de vie, etc.). Puis il réalise un examen clinique, afin d’évaluer la douleur et de constater les raideurs. Enfin, il prescrit au patient des examens d’imagerie, indispensables pour poser un diagnostic fiable. Il s’agit principalement d’une radiographie (de face et de profil) de la région douloureuse. Celle-ci est efficace pour mesurer l’espace restant entre les vertèbres. En cas de discopathie dégénérative, on peut constater (Clinique du Parc Lyon) :
- une perte de hauteur discale (pincement discal) ;
- une ostéophytose : accumulation de tissu osseux ;
- une condensation des plateaux vertébraux (ostéocondensation) ;
- un glissement des vertèbres (spondylolisthésis).
Pour confirmer son diagnostic, le médecin peut réaliser un examen complémentaire d’imagerie médicale par résonance magnétique, l’IRM. Cette dernière lui offre un état des lieux précis du niveau d’hydratation et de dégénérescence des disques.
6. Traitements de la discarthrose
Si la discarthrose est une maladie irréversible, certains traitements sont efficaces pour soulager la douleur, améliorer la qualité de vie du patient, ralentir la progression et éviter les complications. L’apaisement des symptômes passe par l’administration de médicaments. Il peut s’agir d’anti-inflammatoires, d’antalgiques ou de myorelaxants (Centre du rachis de la clinique Ambroise Paré). Parfois, les médecins prescrivent à leurs patients des infiltrations de cortisone pendant plusieurs mois. D’autres pistes thérapeutiques peuvent être explorées (Clinique du Parc Lyon) :
- repos dans la phase initiale des épisodes de crise ;
- séances de kinésithérapie : pour assouplir la colonne vertébrale, soulager la pression qui s’exerce sur les disques, et bénéficier de conseils à appliquer dans la vie quotidienne (réduire les facteurs aggravants, améliorer sa posture, etc.) ;
- reprise d’une activité physique douce : notamment certains exercices en position allongée ou du gainage ;
- port d’une ceinture lombaire et/ou de dispositifs chauffants ;
- massage des zones douloureuses, éventuellement acupuncture.
En dernier recours (notamment en cas de troubles neurologiques liés à la compression de la moelle épinière), le médecin peut orienter le patient vers un traitement chirurgical, mais cette décision reste rare (d’après la fiche santé sur la discopathie dégénérative lombaire, publiée par la Société française de chirurgie rachidienne en 2015). L’intervention peut avoir plusieurs objectifs : remplacer le ou les disques usés, décomprimer un nerf, ou encore souder deux vertèbres entre elles via la pose d’une prothèse (arthrodèse).
7. Comment prévenir la discarthrose ?
Il n’est pas possible de prévenir ou de guérir la discarthrose. Chez la plupart des patients, il s’agit d’un processus naturel, lié au vieillissement, et éventuellement à des facteurs génétiques. En revanche, certaines mesures peuvent retarder son apparition, ou lorsqu’elle est déjà là, ralentir sa progression. L’objectif des mesures préventives est de réduire la pression exercée sur les disques intervertébraux, et de protéger la colonne vertébrale. Il s’agit essentiellement (Centre du rachis de la clinique Ambroise Paré) :
- d’éviter la surcharge pondérale et de lutter contre l’obésité ;
- d’adopter une alimentation saine et équilibrée, et de bien s’hydrater (notamment pour réduire les risques de surpoids) ;
- d’adopter une bonne posture, et en cas de besoin, de la corriger ;
- d’éviter le port de charges lourdes ou les chocs à répétition ;
- de pratiquer une activité sportive régulière (notamment des exercices de musculation du dos), et d’éviter la sédentarité ;
- d’éviter la position assise prolongée : il est recommandé de faire des pauses et de changer de position régulièrement ;
- en cas de besoin (maux de dos persistants), de porter une ceinture lombaire.
Sources :
Centre du rachis de la clinique Ambroise Paré ; Société française de chirurgie rachidienne ; Clinique du Parc Lyon ; Association française de lutte antirhumatismale
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