Didier Bourdon est humoriste, acteur, scénariste, réalisateur et parfois chanteur puisqu’il a sorti un premier album en juin 2021 intitulé Le Bourdon. C’est au café-théâtre qu’il a débuté, mais c’est avec le trio devenu culte, Les Inconnus, qu’il forme avec Pascal Légitimus et Bernard Campan et leur Télé des Inconnus que le public va l’accueillir chez lui comme un membre de la famille.

Ce mercredi 22 juin, il est à l’affiche du film L’homme parfait de Xavier Durringer, avec Valérie Karsenti et Pierre-François Martin-Laval. C’est l’histoire d’un couple, parents de deux enfants, débordé par le boulot et les obligations quotidiennes. La seule solution pour Florence, l’épouse, est d’acheter un robot à l’apparence humaine qui fait le ménage, la cuisine, l’amour aussi. Ce robot va venir semer le trouble dans le couple et par là même occasion, remettre certaines choses à leur place.

franceinfo : L’homme idéal, l’homme « parfait » existe-t-il ?

Didier Bourdon : La perfection, c’est vrai, que c’est étouffant. C’est le miroir de notre « finitude ». Alors on essaye d’aller au mieux, d’être excellent etc… Mais là, c’est vrai que le robot, à un moment donné, il fatigue parce qu’il connaît tout, il sait tout, il n’est jamais fatigué, il dit oui tout le temps ou alors il dit non, s’il est programmé comme ça aussi. Ce qui fait peur dans ce film, c’est que le robot, il peut être aussi entre les mains de gens un peu dangereux.

« On ne peut rien faire de parfait. Je crois que ça ne fait pas partie de notre ADN. »

à franceinfo

Cet homme-robot, le « Human 3 », ne remplace pas pour autant l’humain, en tout cas, dans l’écriture de Xavier Durringer. Je crois que c’est sa force que de conserver l’humain au centre de l’histoire. C’est ce qui vous plaît ?

Je crois qu’on s’apprécie beaucoup. On avait fait ensemble un téléfilm très noir qui s’appelait La mort dans l’âme (2018). Il a vu qu’on approchait, un petit peu, le métier de la même manière. Je suis aussi curieux que lui. C’est un érudit sur plein de choses et dans cette histoire de robot, on sent bien cette érudition à l’œuvre parce que c’est quand même un pamphlet contre l’eugénisme.

C’est vrai que, quand il vous sollicite la première fois pour cette fameuse série, il vous voit déjà dans ce rôle, qui est un rôle un peu à contre-emploi par rapport aux rôles qu’on vous connaît. On a le sentiment que c’est grâce aux autres que vous avez réussi à avoir confiance en vous.

Je n’ai pas encore, vraiment, confiance en moi. Ça, ce sera à vie ! Sur le travail d’acteur, c’est marrant parce que quand je joue dans Les trois frères, pour moi c’est pareil que dans La mort dans l’âme, c’est toujours un peu le même travail au départ. C’est essayer de trouver la misère humaine, ce terreau qui peut faire rire ou qui peut faire pleurer et à mon avis, c’est le même. D’ailleurs, c’est ce qu’écrit Platon dans Le Banquet, lorsque Socrate dit que la tragédie et la comédie, c’est la même chose.

Vous prenez une grosse voix en citant Platon, quelle place occupe-t-elle dans votre vie ? Quand on vous entend, on sait tout de suite que c’est vous. C’est une vraie empreinte.

Cette voix-là, par exemple, c’est la manière de faire passer des choses au deuxième degré, mais ce sont des choses qui peuvent être assez profondes. Je ne peux pas être sérieux, il y a quelque chose qui me met mal à l’aise. Au lieu de le faire au premier degré, ça a toujours été un peu la patte des Inconnus, de dire des choses. Thierry Ardisson a dit, il y a quelques temps : « À l’époque, je pensais que vous étiez de gentils garçons, maintenant, je m’aperçois qu’il y a plein de vos sketchs qui seraient difficiles à dire aujourd’hui ». Je lui ai répondu : tu vois, tu t’es trompé !

C’est marrant d’ailleurs parce que vous avez fait une chanson là-dessus : On peuplu rien dire. En fait, vous avez toujours été en avance sur tout.

Être en avance, c’est quoi ? C’est se frotter un petit peu à la vérité, à sa vérité, c’est-à-dire : « Non, ça, on l’a déjà fait« . D’ailleurs, avec les Inconnus quand on a tourné un peu en rond sur l’écriture des sketchs au théâtre, on a fait la télé, ça nous ouvrait un nouveau champ créatif. Quand je revois par exemple les sketchs, même sur le communiste, déjà à l’époque, qui remerciait le Front national parce qu’il avait trouvé une nouvelle voie. À l’époque, on se faisait taper dessus, mais ça a été écrit il y a 30 ans ! Mais on ne se refusait pas de le dire ! Si on écrit quelque chose à dire en se disant que ce n’est pas bien alors je crois qu’il faut arrêter d’être un artiste.

Qu’est-ce qui fait que vous n’avez pas confiance en vous ? Vous êtes tellement reconnu.

Je crois que c’est inhérent à la personnalité de beaucoup d’artistes. Enfin, quand vous voyez des grands messieurs comme Jacques Brel, qui n’avait pas confiance en lui, je pense que moi, je peux me permettre de ne pas trop avoir confiance en moi !

« Même si on est très reconnus dans notre métier, je crois que c’est parce qu’on doute qu’on peut faire des choses bien. »

à franceinfo

Cela dit, vous êtes encore des exemples à suivre même pour la nouvelle génération. Vous-même vous avez appris beaucoup de votre famille. Est-ce que ce n’est pas ça qui vous rend plus fort, de savoir d’où vous venez ?

Ah oui ! Quand je fais les devoirs de maths ou d’espagnol avec mes filles, je me rends compte de la chance qu’elles ont d’avoir un papa qui peut faire ça. Moi, j’ai eu un père formidable, une mère formidable. L’entourage est très, très important. C’est pour ça que, bien évidemment, il faut faucher à ceux qui nous ont précédés. Plus je vieillis, plus je me rends compte, ça, c’est sûr.

Vous gardez ces yeux d’enfant. Est-ce que le petit garçon que vous étiez est fier de l’homme que vous êtes devenu ?

Je pense que je suis assez fier parce que je suis vraiment arrêté dans la rue par des jeunes gens de 7 à 77 ans. Ça va du bourgeois à Roland-Garros qui m’adore au mec de banlieue, qui l’autre fois, m’a arrêté la voiture en pleine rue Saint-Honoré, qui m’a pris dans les bras en me disant : « Didier je t’adore ! » eh bien ça, c’est touchant. Il y a une petite mission déjà remplie.

La suite, c’est quoi ?

C’est pas mal de choses avec les Inconnus, cette année. On a deux émissions sur TF1 prévues sur nos sketchs, en collaboration avec Anne Marcassus qui travaille là-dessus, avec des gens qui vont reprendre nos chansons, les sketchs et puis nous, qui allons un petit peu parler de la genèse de nos sketchs. C’est un réel plaisir.

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