La découverte, publiée le 23 septembre 2020 dans la revue médicale Radiotherapy and Oncology, a été faite par hasard.
À la base, les scientifiques travaillaient sur une nouvelle méthode d’imagerie pour localiser les tumeurs chez des patients atteints de cancer de la prostate ou de la glande urétrale. C’est en observant les scans qu’ils ont découvert la potentielle présence d’une paire de glandes salivaires isolées précisément derrière le nez et au-dessus du palais, au centre de la tête humaine, là où la cavité nasale rencontre la gorge.
De nouvelles glandes salivaires
Jusqu’à présent, nous pensions que les humains développaient trois ensembles de glandes salivaires dites « majeures » : les glandes parotides (près des oreilles), sous-maxillaires (sous la mâchoire) et sublinguales (sous la langue). Ces dernières produisent la salive essentielle au fonctionnement de notre système digestif.
Nous savons qu’il existe également environ un millier de glandes salivaires supplémentaires dites « mineures », autrement dit microscopiques, situées dans toute la cavité buccale et le tractus aérodigestif. Ce nouvel ensemble de glandes appartiendrait à la première catégorie.
Elles ont été nommées « glandes tubariennes » par les médecins, en référence à leur emplacement anatomique (au-dessus du torus tubarius, un morceau de cartilage situé dans le conduit auditif). La découverte de ces glandes tubariennes n’est pas un cas isolé. En effet, elles ont été observées dans les scans de la centaine de patients examinés durant l’étude.
Elles ont également été identifiés sur deux cadavres – un homme et une femme.
« Cette structure ne correspondait pas aux descriptions anatomiques antérieures, soulignent les auteurs de l’étude. On a émis l’hypothèse qu’elle pourrait (…) jouer un rôle physiologique dans la lubrification du nasopharynx et de l’oropharynx, ainsi que dans la déglutition ».
Une découverte tardive
D’après les chercheurs, la découverte de ces glandes est rendue difficile du fait même de leur emplacement anatomique, sous la base du crâne, qui est assez peu accessible, ce qui les rend difficiles à distinguer par voie endoscopique. Il est possible que des orifices – correspondant à l’entrée des canaux nasopharyngés – aient déjà été remarqués. Mais ils n’auraient pas été identifiés pour ce qu’ils sont vraiment, à savoir une partie d’un système endocrinien plus important.
En outre, seules les nouvelles techniques d’imagerie seraient capables de détecter cet organe comme étant une glande salivaire, parce qu’elle va au-delà des capacités de visualisation d’autres technologies comme l’échographie, la tomodensitométrie ou l’IRM.
D’autres études à venir dans le futur
Si cette découverte pourrait être une première depuis trois siècles, elle reste encore à vérifier. Bien que les scientifiques aient identifié ces deux potentielles glandes salivaires sur l’ensemble des scans de leurs participants à l’étude, cela ne suffit pas pour confirmer leur existence.
D’autres analyses devront être réalisées pour établir qu’elles ne sont pas des glandes salivaires de moindre importance.
Le problème de l’étude réside dans la faible diversité de son panel, composé uniquement de 100 personnes atteintes d’un cancer de la prostate ou de la glande urétrale, ainsi que d’une seule femme.
De plus, certains scientifiques pensent qu’il s’agit peut-être ici de simples glandes salivaires mineures, que le corps posséderait par centaines et uniquement mises en évidence par le type de scan utilisé. Néanmoins, les chercheurs soulignent que cette découverte pourrait permettre de mieux traiter les personnes atteintes de cancers, comme des tumeurs de la tête et du cou, en évitant que les radiothérapies n’endommagent cette zone.
Les glandes salivaires étant en effet très sensibles à ce type d’approche, elles pourraient s’en trouver lourdement endommagées.
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