Si la prise de sang permet d’évaluer l’état général de santé d’un patient, elle pourrait devenir un outil de dépistage pertinent pour des troubles graves. Déjà utilisé dans le diagnostic des leucémies, le test sanguin pourrait bien permettre de détecter d’autres cancers.
Une cinquantaine, précisent même les auteurs d’une étude présentée lors du Congrès de la Société européenne d’oncologie médicale (ESMO), qui s’est tenu du 9 au 13 septembre 2022 à Paris. Les oncologues du Memorial Sloan Kettering Cancer Center (MSKCC) à New-York, assurent qu’un simple test sanguin a permis de détecter précocement » les signes de cancers chez 1,4% des personnes testées ».
“Chez les personnes dont le test était positif, il a fallu moins de deux mois pour confirmer le diagnostic s’ils avaient un cancer et un peu plus longtemps s’ils n’étaient finalement pas malades, principalement parce que les médecins ont choisi d’effectuer des études d’imagerie, puis de les répéter une deuxième fois plusieurs mois plus tard pour étudier la possibilité d’un diagnostic de cancer”, a expliqué l’auteure principale de l’étude Deb Schrag, Memorial Sloan Kettering Cancer Center, New York, États-Unis.
Test sanguin et cancer : détecter l’ADN tumoral dans le sang
L’idée que l’on puisse déceler la présence de cancers via une prise de sang n’est pas nouvelle.
En 2020 déjà, une étude publiée dans la revue Nature Communications rapportait la mise au point d’un test sanguin capable de détecter cinq cancers jusqu’à quatre ans avant le diagnostic. “On a vu arriver des tests de détection précoce du cancer depuis quelques années. Mais la question de leur fiabilité se posait”, a rappelé le Pr Fabrice André, coprésident du comité scientifique de l’ESMO.
Les chercheurs de l’étude Pathfinder présentée au Congrès de la ESMO ont cherché à valider, ou non, la précision de ces tests sanguins de détection précoce de plusieurs cancers. Ces tests ont pour objectif de capter le “signal” lancée par “de petites séquences d’ADN tumoral circulant dans le sang”, est-il précisé dans le communiqué publié après la présentation.
Pour ce faire, ils ont sélectionné 6621 personnes âgées de 50 ans, qui n’était pas diagnostiquées d’un cancer au début de l’étude. L’un de ces tests a détecté un signal de cancer chez 1,4% des participants. La maladie a été confirmée chez 38% de ceux dont le test était positif, dans les trois mois suivant la prise de sang. Le test s’est avéré négatif chez 99,1% des personnes dont aucun cancer n’a été révélé, trois mois après le test.
« Cette étude restera comme une étape décisive. Les précédentes avaient été réalisées avec des patients déjà diagnostiqués d’un cancer. C’est la première fois qu’une étude prospective était menée”, a indiqué l’auteure principale de l’étude.
Une découverte porteuse d’espoir, « généralisable dans les 10 ans »
Ayant permis de détecter les cancers du sein, du foie, des poumons ou du côlon, le test aurait aussi permis de révéler d’autres tumeurs pour lesquelles il n’existe pas encore “de dépistage standard”, comme le souligne le Dr Deb Schrag. Il s’agit notamment des cancers du pancréas, de l’intestin ou de l’estomac. A leur sujet, les tests MCED “sont en cours d’affinement et de validation”, ont précisé les auteurs.
« Cependant, nous avons besoin d’essais comparatifs sur tous les types de cancer pour savoir si le fait d’avoir un test de détection précoce affecte la morbidité et la mortalité », nuance Fabrice André, directeur de recherche au centre Gustave Roussy, auprès de Pourquoi Docteur.
Très encourageante, cette découverte doit encore être confirmée par des recherches supplémentaires. Si les résultats positifs sont renouvelés, les tests MCED pourraient être commercialisés et utilisés massivement « dans les dix années à venir ».
« Il est du devoir des sociétés professionnelles comme l’ESMO de sensibiliser au fait que dans les cinq prochaines années, nous aurons besoin de plus de médecins, de chirurgiens et d’infirmières, ainsi que de plus d’infrastructures de diagnostic et de traitement, pour prendre en charge le nombre croissant de personnes qui seront identifiés par des tests de détection précoce multi-cancer”, a terminé le Pr André.
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