Le magazine DJ Mag lui a décerné le titre de « DJ le plus populaire du monde », il a d’ailleurs décroché pas plus tard que dimanche12 février le prix de meilleur producteur de l’année aux Brit Awards. Le Français David Guetta, 55 ans, entre à son tour dans le bouillonnant débat sur l’intelligence artificielle, notamment sa place dans le monde de la musique. Il y a quelques jours, il a publié sur Twitter une vidéo de lui en train de mixer en public et soudain lancer un titre chanté par le rappeur Eminem, ou plutôt ce que l’on croit être la voix d’Eminem puisqu’en réalité c’est une reconstitution par une intelligence artificielle.
En commentaire de sa vidéo, il explique qu’il n’a évidemment pas l’intention d’en faire un titre commercial, qu’il a fait ça « pour s’amuser« , et que c’était pour voir ce qu’on pouvait faire avec une IA, une intelligence artificielle. Il raconte qu’il a d’abord demandé à un logiciel d’inventer une phrase dans le style d’Eminem, puis à un autre de recréer la voix du rappeur et lui faire prononcer cette phrase, ce qui, comme il le dit lui-même, « marche super bien« . Dans la salle, le public l’ovationne, et sur les réseaux sociaux, beaucoup de DJ le congratulent, mais d’autres s’interrogent sur les dangers de l’appropriation d’une identité vocale, comme pour ces vidéos de deep fake où certains logiciels peuvent faire dire n’importe quoi à un visage.
« Un outil pour créer de nouveaux sons »
« Je pense que l’intelligence artificielle est l’avenir de la musique, répond David Guetta dans une interview à la BBC. Bien sûr, rien ne remplacera jamais le goût, les émotions, et tout ce qui définit un artiste, mais on utilisera l’intelligence artificielle comme un outil, un outil pour créer de nouveaux sons, exactement comme le rock’n’roll a utilisé les guitares électriques, comme la techno a utilisé des boites à rythmes, comme le rap a utilisé des samplers, tous les nouveaux styles musicaux sont nés de nouvelles technologies. »
De quoi rappeler que l’on copie effectivement déjà des voix depuis des décennies. David Guetta lui-même a copié et a été copié. Vu ainsi, l’intelligence artificielle en tant qu’outil n’est ni bonne ni mauvaise, elle ne fait que prolonger le débat juridique sur la propriété intellectuelle. Et c’est ce qui est intéressant dans le point de vue que propose David Guetta : la question est de savoir ce que l’on fait des intelligences artificielles, comment on les gère en tant qu’outil, pas forcément comment lutter contre. Exactement comme pour les téléphones portables, les ordinateurs, les réseaux, et toute technologie nouvelle depuis l’invention du feu.
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