- Samedi soir a lieu la première édition de Nuit Blanche printanière, à Paris et dans quelques villes franciliennes.
- Une semaine avant l’événement, 20 Minutes a visité les coulisses de la fabrication des costumes de l’œuvre Yétis Pop avec la directrice artistique de Nuit Blanche, Kitty Hartl.
- En passant d’octobre à juin, Nuit Blanche va probablement changé d’atmosphère artistique.
« On est devenues des plasticiennes en fait ! » Dans l’atelier de couture de la Fabrique de la Goutte d’or, coopérative d’artisans au sein de ce quartier populaire de Paris, on s’affaire à mettre la dernière main aux costumes de Yétis Pop. Des quoi ? « Ce sont des créatures imaginaires très colorées, très mystérieuses, qui vont déambuler en rollers dans les rues de Paris pour Nuit Blanche », explique Kitty Hartl, directrice artistique de l’événement. Ces créatures symbolisent à merveille l’état d’esprit joyeux, coloré et aussi étrangement inquiétant que l’artiste a voulu instaurer pour sa deuxième édition à la tête de Nuit Blanche.
Cette nouvelle livraison d’œuvres et performances d’art contemporain en plein Paris est aussi la première à avoir lieu début juin. Les 20 éditions précédentes avaient pris place début octobre, et ouvraient le mois de l’art contemporain à Paris, avec la Fiac en point d’orgue. Placée, suite à un vote en ligne des Parisiennes et Parisiens, début Juin, Nuit Blanche inaugure un peu la saison des festivals et des apéros, le mois de la Fête de la musique et des Fiertés…
De fil en aiguille, l’œuvre naît
« Ce n’est pas anodin comme changement, note Kitty Hartl. Parce qu’en juin la nuit tombe plus tard, et comme on n’a plus, comme avant, les autorisations pour que Nuit Blanche dure toute la nuit, l’esthétique et l’ambiance seront différentes. » La directrice artistique nous explique cela tout en lissant du regard les bandes de tissus roses, violettes ou jaunes de ses Yétis Pop. La cheffe d’atelier Pascale Beurier explique à quel point ça a été la galère de mettre en œuvre la vision de Kitty.
« On a eu du mal à trouver comment faire une structure légère et qui garde une forme fixe, comme une armure souple sur laquelle on pouvait coller les tissus. » Finalement, c’est le plastazote qui a emporté les suffrages sur une idée d’une apprentie couturière de l’atelier : « C’est une sorte de tapis de yoga… On les découpe et on les fixe au pistolet à colle. » Si la touche finale et le tour de main sont très pros, la conception de cette commande « hors du commun » pour l’atelier, ressemble à du système D.
« J’avais vu ce Yéti dans un événement artistique à Nantes, et j’ai fourni le modèle. Moi, j’en voulais 200 pour Nuit Blanche. Finalement il y en aura 20, raconte Kitty Hartl. J’avais d’abord demandé à des écoles de mode mais elles tardaient à répondre ou me disaient que c’était impossible. Puis on m’a trouvé cet atelier merveilleux… C’était inespéré. »
« C’est ma rumba, mon mélange »
A quelques jours de l’événement, il manque toujours une autorisation officielle pour monter une œuvre majeure de la programmation. Kitty Hartl prend tout ça avec philosophie : « Moi je sais tout ce que je voulais absolument et que je n’ai pas pu avoir… Mais le public, lui, ne verra pas les coulisses, seulement les œuvres. » Ce qui importe, c’est la variété des propositions et le message général.
« Quand j’ai appris que j’allais refaire une Nuit Blanche je venais de vivre un des moments les plus bouleversants de ma vie. J’ai été témoin du massacre écologique hors du commun en Amazonie, où des zones gigantesques sont massacrées pour la culture du soja. J’ai voulu parler de cette coresponsabilité dans le désastre écologique en convoquant ma jungle imaginaire. C’est pour cela qu’il y a tous ces animaux étranges et bizarres, mais aussi des arbres, des couleurs vives, de la musique de fête, dans plusieurs œuvres. C’est ma rumba, mon mélange. »
Cette première Nuit Blanche pré-estivale devrait donc être un mélange d’écoanxiété et de fête joyeuse, avec la touche de bizarre qui sied à l’événement depuis sa création. « C’est comme un puzzle, il faut qu’on croit au bazar mais qu’à la fin, ce soit cohérent. » Comme un puzzle, ou comme les bandes de tissus montées une à une des Yétis Pop.
Olympiade culturelle
Plusieurs œuvres de Nuit Blanche ont été réalisées dans le cadre de l’Olympiade culturelle, programme d’événements mêlant Sport et Art jusqu’aux Jeux olympiques et Paralympiques de Paris 2024. « Ces Olympiades sont l’occasion de fédérer, d’entraîner le plus largement possible les Parisiennes et Parisiens vers 2024. Et pour cela la culture est un moyen formidable », explique Carine Rolland, adjointe à la Maire de Paris en charge de la Culture. Si ces œuvres, ou les résidences d’artistes lancées dans le cadre des Olympiades, rapproche arts et sport, « on ne copie pas le sport », précise Carine Rolland. Si on vante souvent les soit-disant « vertus fédératrices du sport », Nuit Blanche attire déjà plus d’un million de personnes en « embrassant toutes les esthétiques de la création contemporaine. »
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