Celui qu’on a souvent présenté comme « l’éternel second » nous a quittés, très tôt ce mercredi 13 novembre 2019. Retour sur son parcours de légende.
Le monde du cyclisme pleure l’une de ses légendes. Raymond Poulidor est décédé à l’âge de 83 ans, dans la nuit de mardi à mercredi. L’ancien cycliste a été hospitalisé début octobre en raison d’une « grande fatigue », c’est sa femme qui révélait à l’AFP cette information, « Raymond est très fatigué après le dernier Tour de France ». Pas d’autres informations concernant l’état de santé du coureur à la popularité incroyable. Mais avant d’en venir à sa carrière, revenons aux débuts du plus aimé des champions du cyclisme français. Raymond Poulidor est né le 15 avril 1936, à Masbaraud-Mérignac un petit village de la Creuse. C’est à dire quelques semaines avant les premiers congés payés du Front Populaire, qui virent une grande partie de ces nouveaux vacanciers prendre la route à bicyclette. Signe prémonitoire, peut-être… Mais le petit Raymond, benjamin d’une joyeuse fratrie, attrape plutôt le virus du vélo avec ses trois frères qui écument les courses de la région. Mais comme c’est souvent le cas, le petit n’a droit qu’à la bicyclette de sa mère !
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Son vrai premier vélo arrive enfin. Celui qui deviendra Poupou dans le cœur de la France a soufflé ses 16 bougies. Cette fois, il ne le lâchera plus et son seul objectif sera d’égaler Louison Bobet et Raphaël Géminiani, les deux stars des années 50. Ce qui devait arriver… Raymond Poulidor entre en 1959 chez Mercier, l’une des grandes équipes professionnelles du moment, qui fut aussi celle de Bobet. Le jeune coureur fait ses armes sur les classiques de l’époque quand, en 1962, le Tour de France signe la fin des équipes nationales et revient aux équipes sponsorisées par des marques. Mercier s’y précipite, le coureur à 26 ans. C’est le point de départ de la légende. Car, lors de son premier Tour, alors que son palmarès est balbutiant, Raymond Poulidor fait immédiatement parler de lui. Non pas pour souligner une échappée réussie dans la première étape, mais simplement parce que, suite à une blessure, il s’est présenté sur la ligne de départ une main dans le plâtre. L’admiration des foules est acquise et sa popularité grimpe en flèche quand, par dessus le marché, il monte sur la troisième marche du podium de cette 49e édition. Malgré sa main, mais heureusement avec des jambes en feu, le débutant sur la plus grande des courses à étapes a même remporté la 19e étape Alpine (Briançon – Aix-les-Bains).
Après Jacques Anquetil, Eddy Merckx déboule pour lui voler la vedette
Un bel exploit, mais sur la plus haute marche est installé un monstre, un certain Jacques Anquetil. À partir de cette date, le duel Anquetil-Poulidor va diviser la France en deux camps. Les Anquetilistes, amateurs de la force mécanique de leur champion, face aux Poulidoristes, plus proches de l’abnégation et l’obstination du leur. Et ce “Maître Jacques“ toujours devant, contre Poupou malchanceux et encore second, va durer jusqu’au retrait de la compétition d’Anquetil. Pourtant Raymond Poulidor, qui deviendra son ami une fois les vélo remisés, et qui dira du Normand “Jacques est ce qu’on a vu de mieux sur un vélo“, aura été le seul à l’avoir mis plusieurs fois en difficulté sur la Grande Boucle.
Alors que l’horizon se dégage, pour celui qui est désormais débarrassé du premier quintuple vainqueur du Tour, cette année 1969 voit arriver sur l’échiquier du cyclisme un autre carnassier. Mais cette fois, il a l’accent belge. Le cannibale alias Eddy Merckx va contrarier tous les espoirs de notre Raymond Poulidor sur la Grande Boucle. Au point que le champion le plus populaire qu’aura connu la France des années 60 et 70 ne gagnera jamais le Tour, terminant à trois reprises à la seconde place (1963, 64 et 74) et cinq fois à la troisième. Huit podiums donc, ce qui reste encore aujourd’hui le record. Plus cocasse, en 14 éditions courues de 1962 à 1976, notre éternel second ne réussira pas à porter, ne serait-ce qu’un seul jour, le maillot jaune. En revanche, le premier à l’applaudimètre, il l’était encore dans les coulisses du Tour 2019.
Pour finir, son palmarès a bien sûr souffert du manque de jaune, mais Poulidor aura remporté la Vuelta en 1964 et de grandes classiques comme Milan-San Remo, la Flèche wallonne, le Grand Prix des Nations, le Critérium national ou encore le Critérium du Dauphiné. Cependant, la disparition du plus populaire des coureurs n’éteint pas la dynastie Poulidor… même si le nom a changé. Car Raymond a deux petits fils qui brillent à vélo, David et Mathieu van der Poel. Pour la petite histoire, leur mère Corinne est la fille cadette de Raymond et Gisèle Poulidor, et leur père n’est autre que l’ancien champion hollandais Adrie van der Poel !
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