En restaurant le corps et en améliorant le moral, cette prise en charge globale permet de se remettre sur pieds après l’épreuve de la maladie. À condition de le faire au bon moment et d’être bien encadrée.

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1. Sein, côlon, prostate… presque tous concernés

Une cure peut être utile dès lors que la maladie a nécessité des traitements lourds (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie…) et/ou causé une fatigue physique et émotionnelle. La majorité d’entre elles accueille cependant des patientes ayant eu un cancer du sein, et c’est le seul pour lequel les effets ont été évalués. « Mais il est naturel de penser qu’il pourrait y avoir les mêmes bénéfices pour tous les autres patients, hommes comme femmes, ayant souffert d’un cancer, notamment celui du côlon ou de la prostate, parmi les plus fréquents », estime le Pr Yves-Jean Bignon, oncologue médical et directeur du département d’oncogénétique au centre Jean-Perrin, à Clermont-Ferrand.

2. Peau, moral, diététique : des soins ultra-complets

Les protocoles à base d’eau thermale visent d’abord à soulager les effets indésirables des thérapies anticancéreuses, par exemple au niveau cutané : amélioration des cicatrices, des brûlures, de la sécheresse cutanée, apaisement des muqueuses… Des ateliers et des soins esthétiques (maquillage, peau et cheveux) s’y ajoutent pour revaloriser l’image de soi, qui peut avoir souffert en raison des transformations physiques liées à la maladie et à ses traitements. Le travail de rééducation avec un kinésithérapeute (y compris en bassin aquatique) permet de gagner en amplitude de mouvement, notamment en cas de douleur de l’épaule après un cancer du sein, donc de retrouver davantage d’autonomie au quotidien. Les cures post-cancer incluent également une reprise en douceur de l’activité physique. « C’est essentiel car la sédentarité est un facteur de risque de rechute », rappelle le Pr Yves-Jean Bignon. Des ateliers autour de l’hygiène de vie et de la diététique aident aussi à maîtriser le poids, un autre facteur de risque de récidive. Enfin, il ne faut pas négliger l’aspect psychologique et le soutien apporté par le groupe : on partage ce moment avec des personnes ayant traversé les mêmes épreuves, ce qui permet d’échanger et de se comprendre.

3. Des études en cours sur les bénéfices réels

L’étude Pacthe, menée sur un programme post-cancer du sein de 15 jours dans trois stations thermales (Châtel-Guyon, Le Mont-Dore et Vichy), est très encourageante. « Elle a montré une amélioration significative du score de qualité de vie des femmes (sommeil, dépression, activité physique…) après la cure par rapport à un groupe de femmes prises en charge à domicile. Et surtout, cette différence de qualité de vie se maintenait encore cinq ans après ! », s’enthousiasme le Pr Bignon. De petites études observationnelles sur les curistes à La Roche-Posay ou Avène notent également une diminution nette des douleurs dans la région du sein ou du bras, des cicatrices ou de la souplesse de la peau. Une nouvelle étude va prochainement démarrer sous l’égide de l’Assurance maladie dans vingt établissements thermaux, afin de confirmer ces résultats positifs.

4. La rémission : le timing idéal

Par précaution, la plupart des médecins recommandent de faire une cure uniquement lorsque les traitements sont terminés et qu’on est déclaré(e) en rémission complète (plus de signes détectables du cancer), car les soins peuvent être fatigants et il ne faut prendre aucun risque d’interagir avec le traitement. Il peut y avoir des exceptions si on suit des protocoles moins lourds, uniquement une hormonothérapie par exemple, mais il faut toujours obtenir le feu vert de son médecin traitant ou de son oncologue. « En revanche, je conseille de ne pas trop attendre non plus pour commencer la cure : c’est probablement dans l’année qui suit la fin des traitements qu’on en a le plus besoin et qu’elle sera le plus bénéfique », ajoute le Pr Bignon.

5. Une grande variété de formules

De nombreuses stations thermales ajoutent à des cures conventionnées sur trois semaines (en rhumatologie ou dermatologie par exemple) un module spécial cancer du sein. Par exemple, le module PACS (Programme d’éducation thérapeutique après cancer du sein) à La Bourboule, Néris-les-bains, Évaux-les-Bains, Vichy… et d’autres à Gréoux-les-Bains ou Aix-les-Bains. Des programmes d’éducation thérapeutique peuvent aussi compléter une cure en phlébologie pour traiter le lymphœdème (Luz-Saint-Sauveur, Argelès-Gazost, La Léchère-Les-Bains…). Certaines stations comme Challes-les-Eaux ou Capvern-les-Bains proposent des mini-cures de réhabilitation post-cancer du sein sur deux semaines, selon le protocole de l’étude Pacthe. La Roche-Posay, Avène, Uriage ou Vichy ont élaboré des cures dermatologiques post-cancer plus globales, pas ciblées uniquement sur le sein. Il existe également des versions d’une semaine en thalasso, mais il faut toujours s’assurer d’avoir le suivi d’un médecin sur place. Vous trouverez un dossier récapitulant les cures après cancer du sein sur le site medecinethermale.fr.

6. Un petit budget à prévoir

Les cures conventionnées de trois semaines sont prises en charge par la Sécurité sociale mais pas les modules post-cancer qui s’y ajoutent (200 à 300 € environ). Les mini-cures thermales ou les cures en thalasso ne sont pas remboursées du tout : comptez 700 à 1 300 € en moyenne.

Merci à notre expert, le Pr Yves-Jean Bignon, oncologue médical et directeur du département d’oncogénétique au centre Jean-Perrin, à Clermont-Ferrand.

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