Qu’est-ce que l’épilepsie ? Comment cette maladie se manifeste-t-elle chez l’enfant ? Les réponses de la neuropédiatre.

Avec le Pr. Sylvie Nguyen, neuropédiatre.

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Qu’est-ce que l’épilepsie ?

Quelques chiffres… L’épilepsie n’est pas une maladie rare : en France, environ 600 000 personnes sont atteintes par cette maladie neurologique cérébrale, dont environ 50 % de jeunes âgés de moins de 20 ans.

Premier truc à savoir : il n’existe pas une épilepsie, mais plusieurs. Le mot « épilepsie » désigne en effet un groupe de maladies neurologiques qui ont un point commun principal : elles se caractérisent par des crises résultant d’une activité électrique anormale au niveau du cerveau.

« Dans l’épilepsie, on observe une décharge synchronisée de certains neurones qui s’activent spontanément et de façon inappropriée : cette « activation cérébrale anormale » peut survenir dans une région spécifique du cerveau (on parle alors d’épilepsie focale) ou dans l’ensemble du cerveau (on parle alors d’épilepsie généralisée) » explique le Pr. Sylvie Nguyen, neuropédiatre.

« Toutefois, il existe de nombreuses formes d’épilepsie et des symptômes très différents d’un patient à l’autre : il est difficile de faire des généralités ! » précise la spécialiste.

Quelles sont les causes de l’épilepsie ?

À savoir. Si l’épilepsie peut survenir à tout âge, la maladie se manifeste plutôt au cours de la petite enfance (avant l’âge de 2 ans) ou, au contraire, chez la personne âgée.

Les causes de l’épilepsie sont nombreuses. Parmi les causes principales de cette maladie neurologique, on peut citer :

  • Les lésions cérébrales acquises, qui sont plus fréquentes chez l’adulte que chez l’enfant : « une épilepsie peut ainsi se développer après un accident vasculaire cérébral (AVC), après un traumatisme crânien ou une commotion cérébrale, ou encore dans un contexte de syndrome du bébé secoué » explique le Pr. Sylvie Nguyen.
  • Les causes génétiques : « l’enfant peut naître avec une anomalie génétique prédisposant au développement d’une épilepsie : cette mutation n’est pas forcément transmise par les parents, elle n’est pas forcément héréditaire, elle peut aussi survenir accidentellement pendant le développement embryonnaire« .

À savoir. L’enfant peut souffrir d’épilepsie dès la naissance (on parle alors d’épilepsie néonatale) ou la maladie peut se développer plus tardivement.

Et aussi… « Chez l’enfant spécifiquement, on peut également observer certains syndromes épileptiques : ces épilepsies particulières sont liées au développement et à la maturation du cerveau, remarque le Pr. N’Guyen. La maladie est alors « transitoire » et a tendance à disparaître avec l’âge.« 

Crise d’épilepsie chez bébé : les signes qui doivent alerter les parents

La crise d’épilepsie « classique » est qualifiée de « crise tonico-clonique généralisée » en langage médical. « Cette crise n’est pas la plus fréquente mais c’est sans doute la plus impressionnante : elle se caractérise par des secousses, des mouvements saccadés parfois brutaux, une perte de connaissance… » illustre le Pr. Nguyen.

Il existe toutefois d’autres crises d’épilepsie moins impressionnantes : « ce qui doit inquiéter les parents, c’est la répétition de mouvements inappropriés : l’enfant répète le même geste, de façon identique et sans raison particulière. On parle de mouvements stéréotypés« . Chez le nourrisson, on peut également observer des spasmes, c’est-à-dire des contractions musculaires anormales.

Le conseil de la neuropédiatre : « si vous observez des mouvements anormaux chez votre enfant, prenez votre téléphone et filmez ! L’objectif est de pouvoir montrer la crise au médecin, ce qui aidera au diagnostic d’une éventuelle épilepsie.« 

Attention ! « Chez certains enfants, par exemple après un traumatisme crânien ou une commotion cérébrale, on peut observer une crise symptomatique aiguë : celle-ci peut faire penser à une crise d’épilepsie (parce qu’il peut y avoir des convulsions, notamment) mais ça ne signifie pas que l’enfant est épileptique ! Ces crises symptomatiques aiguës correspondent simplement à une réaction du cerveau face à une agression. » Même chose pour les convulsions fébriles que l’on peut parfois observer chez les jeunes enfants atteints de fièvre : il ne s’agit pas d’une maladie neurologique chronique.

Épilepsie chez bébé : le diagnostic et les traitements

Chez l’enfant, le diagnostic de l’épilepsie est d’abord clinique : « c’est là que les vidéos filmées par les parents sont essentielles » appuie le Pr. Sylvie NGuyen. L’examen de référence permettant de diagnostiquer l’épilepsie (et de caractériser de quelle épilepsie il s’agit) est l’électroencéphalogramme (EEG) : celui-ci est souvent réalisé à l’hôpital pour les jeunes enfants « car il faut qu’ils dorment pendant l’examen« . En complément, il pourra y avoir des examens IRM et/ou des examens biologiques (prises de sang).

« L’enfant épileptique sera suivi par un médecin spécialiste de l’épilepsie chez l’enfant : un neuropédiatre. » Un traitement médicamenteux antiépileptique (médicaments antiépileptiques) sera également mis en place pour au moins plusieurs mois.

« L’objectif de la prise en charge, c’est que l’enfant épileptique puisse vivre la vie la plus normale possible : on recommande un bon sommeil, une activité physique régulière et une vigilance accrue lors des activités sportives (natation, escalade…). » La maladie peut néanmoins avoir des répercussions sur le développement psychomoteur et la scolarité.

Merci au Pr. Sylvie Nguyen, neuropédiatre à Lille.

Plus d’infos sur le site web de la Fédération Française de la Recherche pour l’Épilepsie (FFRE).

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